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Situation des mouvements de résistance en juin 44 Il est évident que les options politiques sont au coeur des mouvements de la Résistance. Cette dernière prendra donc des formes diverses. Les réseaux et groupes clandestins ont eu des fortunes différentes (scissions ou fusions, représailles ou trahisons, déportations ou assassinats…). Leur présence ou leur absence dans l’action à la veille des combats de Roquefixade et de la Libération est le résultat de plusieurs années de lutte. Au 6 Juin, ne restent que 2 mouvements vraiment organisés: les guérilleros et les FTP. L’explication de ce fait pourrait résider dans les faits suivants: -1) L’expérience de la clandestinité: ces deux structures, d’obédience communiste, ont, par le passé, été pourchassées: elles ont ainsi pris, depuis longtemps, des mesures structurelles pour éviter les « fuites » ou les pièges. C’est, par ex., la pratique du « Triangle » (groupes de 3 personnes indépendants des autres). La clandestinité est un vécu quotidien… – 2) Il est à remarquer que les responsables de ces mouvements ne sont pas – en général – issus de la terre ariégeoise. On y trouve des personnes du Languedoc (Séte, Narbonne…), des Pyrénées Centrales (Tarbes, par ex.) etc. sans compter les espagnols… Celles-ci sont donc inconnues au niveau local et cela réduit les chances de repérages de liens avec la population. De plus, l’esprit de solidarité pour la « lutte finale » joue à plein chez les communistes. Les responsables locaux travaillent en profondeur sur le terrain (BUILLES et AMIEL dans la région de Mercus, SANNAC sur Pamiers etc.) et se mettent en retrait tout en étant au coeur du dispositif. – 3) L’amateurisme du départ – qui engendre des déboires (lot de tout mouvement naissant), est très vite transformé en organisation chez les communistes. Si les FTP et les Guérilleros ont été les premiers touchés, ils sauront jusqu’à la Libération se maintenir opérationnels malgré les actions successives d’anéantissement dont ils ont été l’objet. Leur survie s’explique donc par une habitude intrinsèque de la clandestinité qui implique une organisation particulière. Enfin, étant les premières cibles, l’obédience communiste tire très vite les leçons. Les autres structures ne sont démantelées qu’à la veille du débarquement du 6 Juin et n’auront pas le temps de se recomposer… Cependant, la résistance en Ariège n’est pas seulement faite du courant communiste… La résistance socialiste se crée très tôt autour de François CAMEL (seul parlementaire ariégeois sur les 5 n’ayant pas voté la confiance à PETAIN: il sera assassiné le 1er Mai 41);puis de COSTEDOAT, PEYREVIDAL (fusillé à la veille de la Libération de l’Ariège)…:c’est le Comité d’ Action Socialiste. Un officier, FROMENT, constitue une Armée Secrète: le « Groupe Froment ». En Octobre 41, ceux d’entre eux qui reconnaissent DE GAULLE créent « Franc-Tireur »: Jules AMOUROUX, Georges DURIN, Henri CAZALE, Ernest GIRET….Deux terrains de parachutage sont opérationnels (Rieucros et Saverdun). Dans la même mouvance, apparaît le mouvement « Combat », en Octobre 42, alors que les forces allemandes investissent l’Ariège: parmi ceux-ci Irénée CROS, Marcel DUPUY, GOUAZE… Nombre d’évadés sont partis à travers ce réseau. En Mars 43, sous l’impulsion de Jean MOULIN, « Franc-Tireur » et « Combat » fusionnent et forment les M.U.R. Le 27 Mai 1943, une fusion des divers mouvements de résistance se réalise : le CNR (Centre National de la résistance). Un premier parachutage d’armes s’effectue à Rieucros. Mais, en Décembre 43, à la suite d’une trahison, les responsables sont arrêtés (GOUAZE, AMOUROUX…) ou doivent fuir. Irénéé CROS est tué dans la nuit du 13 au 14 Décembre. Ainsi donc, en juin 44, ne restent que des bribes de cette mouvance en tant qu’organisation (ce qui n’exclut pas une poursuite, même réduite, des actions). Des groupes armés existent pourtant et rejoindront, souvent, les FTP, comme une partie du maquis de Picaussel. Le CDM et l’ ORA: Au lendemain de la capitulation, des officiers de l’armée créent le CDM (camouflage du matériel): véhicules, armes, etc. sont cachés en vue d’une lutte armée. Ce mouvement, en Novembre 42, se transforme en ORA (Organisation de la Résistance Armée) dont le patron est POMMIES (d’où le Corps Franc Pommies: section armée). Citons J. BRICE de BARY, René PUYO, Jacques REMAURY (du mouvement national des prisonniers de guerre et déportés). Une nouvelle trahison anéantira ce mouvement en Mai 44 et le rendra inopérant à la veille du débarquement. (Extrait du livre : « Le Maquis de Roquefixade », J.J. Pétris) |