Le Pastoralisme et le patrimoine montagnard: Textes de Jean Besset pour Histariège



La transhumance dans le Haut-Vicdessos
Les orris : structure et fonctionnalités





Un « orri« ,du sentier des orris: Le Carla




Pour illustrer la vie pastorale dans la montagne Ariégeoise, nous avons choisi une région particulièrement réputée dans cette activité, qui se nomme le « Haut Vicdessos ». De plus dans cette vallée au dessus du barrage de Soulcem on peut y voir de nombreux orris, restaurés ou non.

Cette vallée se situe dans la haute vallée de la rivière Vicdessos au dessus des villages d’Auzat et Vicdessos, jusqu’à la frontière avec la principauté d’Andorre.


A) Les Orris du Haut Vicdessos et la transhumance

 La vie pastorale était organisée dans le HautVicdessos de façon à accorder le mieux possible les activités humaines avec les conditions d’accès et de vie en montagne, et principalement dans les estives. Il en résulte une répartition de l’habitat dans le temps et dans l’espace, une utilisation en fonction des saisons, ainsi que des formes architecturales différentes selon l’altitude.


 1 ) Les Villages et les hameaux, ou « écarts » : La maison familiale se trouve dans la vallée (Vicdessos, Auzat) ou sur les premières pentes de la montagne, vers 1000m. d’altitude, sur les soulanes (Lapège, Blier, Orus, Suc et Sentenac, Saleix …)

Dès que la vallée se resserre, les hameaux dans lesquels on vît aussi toute l’année, comprennent des granges étables, situées en bordure des prairies de fauche. Ces granges sont occupées par les bêtes qui ne sont pas parties dans la plaine, vers St Gaudens, Cazères, Aurignac, pour y passer l’hiver en « hivernage » chez des propriétaires terriens. Le foin, la « feuillée »*, le droit de, dépaissance en « forêt défensable* », l’herbe des prairies en automne et au début du printemps, avant la « repousse* » sont souvent à peine suffisants pour que l’ « escabot » le petit troupeau resté dans le hameau puisse survivre, surtout si l’hiver est rigoureux. La majorité des animaux a été vendue à la foire de la St Matthieu, le 19 Septembre, à Vicdessos.

Cette foire a été instituée par Roger-Bernard III, comte de Foix en 1313.

2 ) Au Printemps : Dès que le temps le permet, au début du mois de Juin, le berger est allé récupérer ses bêtes et celles des propriétaires de la plaine qui, eux manquent d’herbe fraîche en été. Ainsi se forment de grands troupeaux, « rarnadas » d’ovins ou « vacadas » de bovins qui prennent le chemin de la montagne : c’est la « transhumance montante ou estivale ». On met entre deux et cinq jours pour atteindre les estives, et c’est la fête dans les villages traversés par l’imposante cohorte, au tintement des sonnailles, aux cris des bergers , aux aboiements des chiens, avec les bêtes marquées avec les « pégats »*, au sigle de chaque propriétaire, et les « meneuses »* pomponnées et enrubannées comme des princesses. A l’aube du XXIème Siècle, cette tradition renaît et connaît, chaque année davantage de succès.

 La transhumance inverse (hiver) et la transhumance montante (été ) font l’objet de contrats passés entre les propriétaires de la plaine et les bergers usagers des estives : il s’agit des contrats de « gazailhe »* qui existent depuis le Moyen Age.

 3 ) Remarques : On dit que les troupeaux issus de la vallée « estivent » alors que les étrangers « transhument ». En Vicdessos, il y a un berger dans chaque famille possédant un troupeau. L’apprentissage débute très tôt, sous la férule du père ou du grand-père ; c’est une dure école où il faut, apprendre rapidement les nombreux savoir-faire, les règles, les comportements qui font la noblesse d’un métier difficile, qui est une vocation plus qu’un simple gagnepain. Le berger assume seul toutes les responsabilités inhérentes à la bonne conduite du troupeau, à sa valorisation, à son bien-être : il vit pour lui, et c’est à travers lui qu’il existe. Pierre Maury*, le berger Cathare le dit devant l’Inquisition, dont Jacques Fournier est le redoutable et cruel chef, et sera pape sous le nom de Benoît XII : « … Je ne pouvais pas faire autrement, car je ne pouvais pas vivre autrement que je n’avais été élevé … et que personne ne pouvait m’enlever mon destin… » Il préfère sa vie errante de berger hérétique à une existence tranquille « avec un petit travail » dans une contrée beaucoup plus accueillante, loin des inquisiteurs Français, à Beceite, en Espagne. Il sera pris et condamné au mur strict, au pain et à l’eau le l2 août 1324.

En Vicdessos, il y a surtout des moutons: les estives, à la fin du XIXème accueillaient plus de 40.000 ovins et presque toutes les familles avaient un troupeau et un berger, fils ou plus rarement fille de la maison qui assurait, seul toute la période de transhumance qui est ici individuelle et familiale. C’est le temps où, selon la formule consacrée, « on fait l’orri ».

Tout le cheptel de la ferme va « amontagner » avec les ovins, la vache pour le lait, les cochons, la volaille, l’âne pour les transports et la liaison avec la ferme d’en bas, le chat contre les mulots, et le chien, compagnon inséparable et précieux auxiliaire du berger. L’orri est alors une véritable ferme d’altitude, entièrement vouée à l’élevage. Ici,la transhumance a un caractère individuel et familial. Chaque berger a le plus souvent deux orris, un vers 1400 à 1700m d’altitude, l’autre plus haut et plus simple, vers 1800 à 2500m. Ainsi peutil diminuer ses temps de marche, avoir un abri supplémentaire et mieux surveiller ses bêtes qui ont toujours tendance à monter vers les crêtes ou vers les soulanes andorranes et espagnoles, car la « réglisse », le trèfle alpin qu’elles adorent y est beaucoup plus abondant… ce qui pose des problèmes frontaliers ! 

De toute façon, les bêtes sont séparées, sur les estives : bovins sur le plat et en bas, ovins selon l’âge, allaitantes près de l’orri, « vacives* » plus haut, ceci pour éviter la concurrence entre les espèces, les incompatibilités dues aux façons différentes de brouter, la surcharge des prés, ou le fait que les vaches ne supportent pas l’odeur des excréments frais des moutons. La non observation de cette règle était considérée comme une faute grave.

Il faut savoir aussi que le nombre de bêtes admises sur les parcours était limité en fonction de leur étendue et de leur richesse en herbe, de façon à éviter la surpaissance et la ruine des estives. Le nombre de bêtes amontagnées ( par espèces),le nom des bergers, les cantonnements alloués étaient notés sur un «rôle des bestiaux admis aux parcours» officiellement contrôlé par les autorités compétentes.

 La journée du berger est longue, et les tâches sont variées : traite du matin à terminer avant le lever du soleil à cause des mouches, « donner la direction* » aux bêtes qu l’on vient de traire, préparer le caillé qui servira à faire le fromage, le soir, en le mélangeant à celui de la veille, appelé « gandé », soigner les animaux blessés ou malades, aller à la recherche des égarés, changer régulièrement les bêtes d’estive pour ne pas épuiser l’herbe, ramasser le combustible pour le feu (bruyères et rhododendrons surtout, car il n’ a pas d’arbres sur les estives). Le berger fera souvent plus de 1000m de dénivelé dans sa journée en déplacements divers. En rentrant, il faudra faire la traite du soir, préparer le gandè et le fromage, le dîner toujours frugal, s’occuper des animaux, et enfin profiter d’un repos bien mérité.

 Les règles et les droits qui régissent entre autres choses l’utilisation des estives ont été fixées par les «chartes de droits d’usages* ». La plus ancienne connue (droit oral) a été ensuite transcrite (droit écrit) et octroyée aux habitants de la Vallée du Vicdessos en 1272 par Roger-Bernard, comte de Foix. Il y en eut ensuite de nombreuses en Ariège. Elles sont très détaillées et englobent tout ce qui touche à a vie humaine dans des limites géographiques très précises. Ces chartes ont été renouvelées à maintes reprises jusqu’à nos jours où certaines clauses sont encore plus où moins en vigueur. La majorité des orris se trouvent donc à l’heure actuelle sur des terrains communaux ou domaniaux: il s’agit donc de droits d’usage et non de droits de propriété.

 De la même manière, les « traités de lies et passeries » ont permis, depuis le XlVème  de régler de nombreux problèmes frontaliers et engendré des échanges très fructueux entre la France, l’Andorre et l’Espagne. Le plus connu est celui du « Plan d’Arrem » dans le Val d’Aran (en 1470 et 1513). Ils ‘sont aujourd’hui tombés en désuétude, surtout depuis la signature du traité de Bayonne en 1868 qui fixe définitivement la frontière.


Notes

Feuillée : branches de divers arbres, surtout frêne, coupées au début de l’automne et séchées pour servir de foin. Forêt défensable : capable de se régénérer ellemême, sans intervention de l’hoaune.

Repousse : moment où l’herbe renaît, au printemps. Il est alors interdit d’y amener les bêtes. Pierre Maury : voir T 3, « Registre de l’inquisition de Jacques Fournier » Jean Duvernoy. 

Pégats: fers pour marquer les transhumants, à la poix ou au fer rouge, afin de les identifier. Aujourd’hui, ils ont la marque de leur propriétaire, celle de la commune, et à l’oreille leur numéro d’identification. De plus, ils doivent justifier qu’ils ont reçu les vaccins obligatoires.

Meneuses : bêtes expérimentées qui mènent le troupeau : elles sont toujours en tête.

Gandè : ce caillé était obtenu grâce une présure faite avec de l’estomac de veau ( la caillette ) pilée et mélangée avec de l’eau. Aujourd’hui elle est fabriquée industriellement

Gazailhe: voir: « Ariège: code officiel des usages locaux. » Léonce Fournié. Ed. Lacour.  Ou le « dictionnaire des* institution, des coutumes et de la langue en usage dans quelques pays de Languedoc » de 1535 à 1648. Paul Cayla. 1964.

Amontagner: amener le troupeau sur les estives, au printemps à la miJuin. En automne, la descente est appelée « ramasse.».

Donner la direction: C’est un acte primordial que le berger fait quand c’est nécessaire. E s’apparente au système des « remues » Alpines ; on fait tourner régulièrement les animaux sur les diverses estives qui composent 1 e cantonnement alloué au berger. Ceci évite de les épuiser et permet à l’herbe de se régénérer entre deux passages.

Vacives : c’est la partie du troupeau qui ne produit pas encore: agneaux adultes, et jeunes brebis n’ayant jamais mis bas.

Chartes de droits d’usages : ou « azempriu » : voir « La vie humaine dans les Pyrénées ariégeoises. » M. Chevalier. p.327 à 462. Y figurent, par exemple les droits de ramasser la pierre ferme ( le minerai de fer ), de pêcher, de chasser, de ramasser le bois pour le feu et la construction, de se baigner, de saisir les animaux étrangers à la vallée surpris sur son territoire, de rendre la justice. La charte de 1305 précise même pour la première fois le droit d’orriage : « … et dépascendi et orriendi cum suis animalibus» ce qui introduit une différence entre le droit d’orrier et celui de faire paître les troupeaux. Il serait trop long, ici de rappeler toutes les péripéties et les nombreuses rééditions de ses chartes, l’importance dans ce contexte de la mission de De Froidour à partir de 1667 qui fit la Réformation des forêts, de Dralet et du Code Forestier en 1827, de la Guerre des Demoiselles au XIXème Siècle. Enfin, l’Office National des Forêts est créé en 1964.

Lies et passeries : voir « Genèse des lies et passeries et Pays d’États » Serge Brunet. p. 39 . Actes du 5lè` congrès de St Girons 1998.




B) L’Orri



 
Orri du plateau de    Beille, chemin du  « Dédor »


Orri type au dessus du barrage d’Izourt dans le Videssos

 

La spécificité du milieu montagnard, sa fragilité, ses caractéristiques ses exigences, les transformations que l’homme peut avoir entraînées au fil des siècles, son exploitation( mines, forêts, eaux, pastoralisme, tourisme … ) sont des « marqueurs » qu’ il faut analyser pour comprendre l’histoire du Vicdessos : c’est l’objet de ce chapitre, à travers les données architecturales dont l’impact est significatif d’une culture, sinon d’une civilisation pastorale pour le moins millénaire qui a failli disparaître à la fin du XXëme et qui renaît sous des formes nouvelles.


Orri type : schéma des installations.

  1) Source

 2) Bergerie

 3) Resserre

 4) Orri (cabane du berger)

 5) Enclos.

 6) Poulailler

 7) Couloir de traite

 8) Soues à cochons

  9) Caves à fromages

 

 

1 ) Essai de définition :

 C’est d’abord l’appellation locale, en Vicdessos, HauteAriège, Pyrénées Orientales, de cabanes construites exclusivement en pierres sèches, avec dans la plus grande majorité des cas une voûte en encorbellement donc sans clé de voûte et sans charpente. En montagne, sa fonction est pastorale. Mais l’orri existe aussi sur le piémont et en plaine, où il sert d’abri, de resserre, avec une vocation agricole. Ailleurs, il porte d’autres noms: capitelle, caselle, borde, borie, chibotte etc… Ce type de construction se retrouve partout en Europe et principalement sur tout le pourtour de la mer Méditerranée.

 L’étymologie la plus communément admise est Latine: horréum, le grenier. A.Garrigou*, pour sa part avance une origine Basque «larraorri», qui désigne l’endroit où paissent les troupeaux (en Pays Basque, il existe le Pic de l’Orri ). L’orthographe normale est orri mais on trouve aussi orry, horry, orrhy, ce qui est pour le moins fantaisiste.

 Les choses se compliquent dans la mesure où ce mot prend des sens différents selon les auteurs et lieux: lieu de traite, cabane où l’on fabrique le fromage, cabane où dorment les bergers, lieu où se trouvent ces cabanes, récipient pour le lait avec lequel on fait le fromage etc. En Vicdessos, l’ orri est à la fois l’ensemble des constructions qui composent la « ferme d’altitude », mais aussi la cabane où vit le berger. Il y fait le fromage et il y dort. On dit « faire l’orri » pour désigner la transhumance estivale. Au Moyen Age on disait «faire cabane». Or la cabane désignait à la fois l’habitation des pâtres, le nombre de bêtes qui se trouvaient là, et le nom du lieu où elle était implantée. On voit mal, par exemple, comment « mille bêtes à laine » auraient pu entrer dans deux cabanes (cf charte de 1272 : « … Nous réservant pour nous et les nôtres de pouvoir établir, sur les dites montagnes deux cabanes contenant 1000 bêtes à laine nous appartenant ou envoyées sur notre ordre… » dit le comte de Foix ). Les bergers, eux disent qu’ils dorment dans l’orri. Terme désignant un ensemble de constructions dans un lieu donné ? terme désignant une construction particulière ? sens changeant selon les régions ? nous ne trancherons pas.


 Notes

voir: A Garrigou : « Vallées ariégeoises.. avant l’occupation romaine » Foix. 1882 p. 17. C. Rendu: « La question des orris à partir des fouilles archéologiques de la montagne d’En Veig. » Presses Universitaires de Perpignan. 1998.


2 ) Essai de typologie simplifiée :

L’orri est conçu de façon strictement utilitaire en fonction des besoins liés à la transhumance. Ceci n’empêche en rien une diversité parfois surprenante et des caractères morphologiques qui sont entièrement liés à la nature des matériaux employés ( schistes, calcaires divers, granit, gneiss, grès ) et au site d’implantation. Tous les éléments qui caractérisent la ferme d’altitude ne sont n’y sont pas forcément tous présents: si on ne fabrique de fromage dans tel orri il n’y aura pas de masuc, par exemple. Il est certain que dans le Vicdessos, le nombre d’orris est beaucoup plus élevé que dans d’autres secteurs où la transhumance n’est pas individuelle et familiale, mais collective, (associative, communale, ou organisée par des entrepreneurs spécialisés sur des estives louées). Nous tiendrons surtout compte de l’utilisation et de l’architecture ; il s’agira donc d’ un classement et non d’une typologie proprement dite.

 Nous allons donc rencontrer:


L’orri d’habitation

vu de l’extérieur il une forme qui tend vers le cercle, l’entrée est le plus souvent dirigée vers le bas de la pente, avec un couloir qui peut mesurer jusqu’à 2m de long. Ainsi l’intérieur est protégé du vent, de la pluie, et de la neige en hiver. La porte, située au fond du sas, mesure en moyenne 1m70 x 0m75. La hauteur extérieure de l’orri atteint souvent 5m girbage compris. Il a l’aspect d’une coupole, accentuée par le fruit. Les  piedroits, les linteaux ( voir croquis ) encadrent l’entrée dont les chaînages d’angles sont d’habitude «en besace». Contre la façade, il y a souvent un banc et une petite terrasse.

Noter que la porte était le seul élément de bois autorisé dans la construction car le bois est rare, même dans la vallée. Un arrêté municipal du 15 Avril 1839, à Auzat, le rappelle. Tous les autres bâtiments sont fermés avec des lauzes. L’intérieur est entièrement dallé, et la salle mesure en son centre 2m à 2m50 de haut, pour une superficie de 6 à 1012 m2. On peut donc s’y tenir debout et s’y déplacer debout. La voûte en encorbellement commence à lm20, 1m50 de haut, et s’appuie sur le mur d’assise vertical qui fait toujours plus d’un mètre d’épaisseur, « fruit » non compris. Les blocs ou les lauzes qui la composent sont quelquefois très gros. Ils s’avancent strate après strate dans le vide intérieur de la salle, avec une inclinaison de 17 à 20° vers l’extérieur. Cette inclinaison facilite l’équilibre de l’ensemble et l’écoulement des eaux de pluie. La voûte n’est pas fermée à sa partie supérieure: ce sont les dalles de plafond qui le font. Elles sont ajustées avec soin, débordent sur les blocs de la voûte et sont souvent constituées de deux couches superposées et croisées. Ce plafond est stabilisé avec les pierres qui forment la coupole et le recouvrent entièrement (voir croquis ). L’orri est ensuite « girbé », c’est à dire recouvert avec de l’herbe vivante. Il est ainsi totalement protégé des intempéries et sa température interne est plus régulière. 

L’orri peut comporter plusieurs pièces, plus petites que la salle principale. Les aménagements intérieurs sont spartiates : niches, coinfeu avec un simple trou dans le mur en guise de cheminée, étagères, un banc de pierre , un espace délimité par des dalles posées «sur chant» et légèrement surélevé sert de lit. Le berger y dormait sur un matelas de paille, de fougères et de genêts, enroulé dans des couvertures.

Ajoutons que l’orri est très souvent construit dans la pente donc avec un terrassement important et à l’abri des avalanches et des inondations. Un rocher d’appui latéral ou arrière facilite la construction et la consolide. Pour éviter les « coups de sabre* », tous les murs étaient construits en posant les pierres`« sur lit* » et en les croisant continuellement dans les deux sens. On plaçait à intervalles réguliers des « boutisses et des panneresses* » et on calait les pierres pour éviter les porteàfaux.

 Toute construction d’orri est soumise à autorisation: on ne construit pas n’importe où , ni n’importe comment, surtout en montagne. Il faut protéger au maximum l’herbe, et les éboulis permettent d’avoir sur place tous les matériaux nécessaires et on ne se fatigue pas inutilement à les transporter.

Enfin, chaque année à la montée, il fallait assainir et assécher l’intérieur de l’orri en y faisant un grand feu pour chasser les indésirables (serpents, rats, insectes ). La porte était remise en place ( elle avait passé l’hiver à l’abri des intempéries )… Et le cycle estival pouvait recommencer !


L’enclos :


appelé « parre ou parec » il est très souvent circulaire et couronné de pierres posée « sur chant *» pour empêcher les brebis ou les vaches de sortir. Sa superficie varie avec l’importance du troupeau. Les animaux y sont parqués la nuit ou pour les rassembler en vue de la traite ou des soins.


  Le couloir de traite :


c’est la « marga » qui est d’habitude attenante à l’enclos avec lequel elle communique. Ses dimensions sont variables, (largeur: 1m20; hauteur: plus de 1m50 avec couronnement de pierres sur chant, comme l’enclos; longueur: de 8 à 40m pour les vaches. On y met les animaux à traire, le berger pouvant ainsi les libérer un à un sans avoir à les chercher.


La cave à fromage :


Le « masuc » est en principe totalement enterré. L’entrée est très basse et exiguë, le sas très long: on ne peut le parcourir qu ‘à quatre pattes et mesure parfois jusqu’à 6m. de profondeur. On peut le fermer aux deux extrémités et il se termine par une petite salle ronde de 1m, 20 de haut et de 2m de diamètre environ. Il est équipé d’étagères en pierre et sert à la maturation des fromages. Température et degré hygrométrique constants sont ainsi assurés. Il ne faut pas confondre le masuc avec la cave à lait, le « laïtié », dans laquelle passe un ru ou une source : on conserve le lait au frais, le temps que la crème se forme, pour faire le beurre.


 La soue à cochon :


C’est la « penh, ou porcatiéra » abri rudimentaire » mais solide, car le porc est un redoutable fouisseur. Il est nourri avec le petit lait parfois mélangé avec du son et cherche aussi sa pitance dehors.


 L’étable ou bergerie :


Le « cabanat » ressemble par sa taille à l’orri. Il est bâti en longueur, et se trouve parfois combiné avec l’enclos ou le couloir de traite. On y met la vache, ou l’âne et les bêtes malades ou blessées. Ce bâtiment n’existe pas systématiquement: il est souvent remplacé par un abri sous roche protégé par une murette. En effet, pendant la transhumance, les bêtes couchent dehors et ne rejoignent pas l’orri, sauf les allaitantes.


 Le canal d’amenée d’eau :


appelé « bésau ou canaleta » c’est la partie la plus importante: on ne peut concevoir un orri sans eau, tant elle est vitale. Quand il n’y en a pas à proximité immédiate, on creuse et on aménagé ce petit canal à partir d’une bonne source, parfois sur plusieurs centaines de mètres, et il advient qu’il desserve plusieurs orris.


 Poulailler et niche du chien :


petits abris édifiés dans des coins protégés et très accessibles, les poulaillers, munis de perchoirs, sont bien fermés la nuit et la niche du chien est toujours située à un point stratégique qui permet une surveillance efficace contre les prédateurs.