Département de l’Ariège, Arrondissement de Saint-Girons, Chef-lieu du Canton de Saint-Lizier

Altitude : 368 / 578 m

Longitude : 1° 08’ 13’’ E

Latitude : 43° 00’ 07’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

Approches historiques

Patrimoine

Ancienne cathédrale

Fresques

Trésor

Cloître

ND de la Séde

Orgue

Palais des Evêques

Pont

Pharmacie

Remparts

Célébrités

Pour en savoir plus

Sur le patrimoine

Sur l’histoire

Divers

Superficie : 901 ha

Démographie :

1806 : 970

1851 : 1295

1856 : 1092

1901 : 1273

1921 : 1162

1946 : 1290

1968 : 1695

1982 : 1851

1999 : 1593

Nom des habitants :  Licérois et Licéroises

 

Approches historiques :

Saint Lizier, ville épiscopale et politique, est, à coup sûr, l’une des communes de l’Ariège les plus chargées d’histoire et de patrimoine s’y rattachant. Nous retrouverons, donc, dans la partie « Patrimoine » des indications non fournies dans « l’Approche historique »

Certains historiens pensent que la ville de Saint Lizier a été fondée en 72 av. J.C. par Pompée de retour d’Espagne. D’autres disent que la Cité a été construite dans l’enceinte d’un Oppidum romain du IIIème siècle avant J.C.  Cependant, il semble établi que vers 120 avant J.C., les Consorani peuplent le secteur (d’où le nom de Couserans).

Le Couserans demeura soumis à l’autorité romaine jusqu’au commencement du cinquième siècle, et Saint Lizier a conservé les plus importants vestiges de fortifications gallo-romaines de la région, aux côtés de Saint Bertrand de Comminges

En 507, la « Civitas Consoranorum » après avoir appartenu aux Visigoths, passa sous la domination des Francs, et en 587, elle fut acquise par le traité d’Andelot au royaume d’Austrasie sous Chilibert II.

Les historiens sont d’accord pour reconnaître saint-Valère (ou saint Valier) comme premier évêque du Couserans, au cours du Véme siècle. Son successeur fut Glycerius ou Lycerius, qui prit part au concile d’Agde, en 506, où le siège épiscopal est mentionné pour la première fois : c’est donc, le plus ancien siège épiscopal de l’actuelle Ariège. Au moins 77 évêques se sont succédés à Saint Lizier jusqu’à la Révolution (avec une vacance du siège de 1574 à 1581)

Les sarrasins, chassés par Charles Martel auraient, dans leur fuite, brûlé Saint Lizier en 736, puis, encore en 793…

« Le Couserans, érigé en comté par Charlemagne, appartint à ses évêques, concurremment avec le comte de Comminges. » (BSA 1886)

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La ville de Saint Lizier est avant tout l’épopée de ses évêques qui en feront l’histoire et apporteront le patrimoine que l’on connaît aujourd’hui.

XIème : début de la construction de la cathédrale ND de la Séde et église saint Lizier

Sa cathédrale est consacrée en 1117 par Raimond de Durban, évêque de Barbastro, et par Jourdain, évêque du Couserans

Vers 1120, Bernard 1er, comte de Comminges, s’empare de Saint Lizier, la brûle et emprisonne son évêque, Pierre 1er, avant de la rendre vers 1150. S’ensuit, plus tard, une lutte pour posséder les deux quartiers de la ville par les comtes de Comminges et la seigneurie de Montégut… jusqu’à ce qu’une sentence confirme la souveraineté de l’évêque sur la ville épiscopale : le comte de Comminges devant rendre hommage à l’évêque (jusqu’en 1540, date de la réunion du Comminges et du Couserans à la couronne).

A ce sujet, C. Bourret dans son livre « Les Pyrénées centrales du IXème au XIXème siècle » (P. 50) écrit : « L’église romaine dût affronter les convoitises et les ambitions des puissants féodaux pyrénéens. Une « guerre de cent ans » opposa de 1130 à 1230 les comtes de Comminges et les évêques de Couserans pour la cité épiscopale de Saint-Lizier. Vers 1130, le comte Bernard 1er s’empara de la ville, la pilla, la livra aux flammes, en faisant l’évêque prisonnier. Ces destructions permirent l’essor du bourg voisin et rival, Saint-Girons, favorisé par le comte. Après un répit, le conflit se ralluma en 1177. Pendant plus de trente ans, Bernard IV, appuyé par la puissante famille  locale des sires de Montégut, s’en prit à l’évêque et au chapitre. Les sires de Montégut pillèrent également Saint-Lizier pour leur propre compte en utilisant, selon les sources épiscopales, des bandes d’hérétiques ».

L’Histoire du Languedoc (rédigé par les moines Vaissete et Vic) font allusion à l’arbitrage de Simon de Montfort : « Simon de Montfort et son frère vont assiéger le château de Lourdes. Après le siège, ils se rendent à Saint-Lizier, capitale du Couserans, où il termina le jeudi avant Noël de l’an 1216 un différend qu’il avait avec l’évêque de Couserans (qui avait cette ville) ».

L’intervention de Simon de Monfort, puis celle de l’archevêque d’Auch, Amanieu de Grésignac, en 1230, aboutit à une co-seigneurie : comte de Comminges et évêque de Saint Lizier, mettant fin aux prétentions des comtes de Comminges et aux exactions de la famille de Montégut.

Novembre 1230 : sentence arbitrale rendue par Amaniane de Grisinhac, archevêque d’Auch, entre l’évêque de Couserans et Bernard V, comte de Comminges :

1) L’évêque conserve la suzeraineté de Saint-Lizier avec la justice seigneuriale

2) L’évêque concède au comte plusieurs droits seigneuriaux : droit de chevauchée dû par les habitants deux fois l’an, dans les limites du diocèse de Couserans, à la condition d’un avertissement trois jours auparavant et à peine d’une amende de 20 deniers ; le tiers des péages et des droits sur les foires qui se tiennent quatre fois l’an à Saint-Lizier….

3) Le comte paiera à l’évêque 3,700 sous de Morlaas à titre d’indemnité…

16 octobre 1360 : Réunion en un seul chapitre des chanoines des cathédrales Saint-Lizier et ND de la Séde.  (ADA, G 41 (1-4)

Un autre texte mentionné dans l’histoire du Languedoc porte sur le traité du 6 juin 1443, fait à Toulouse entre le roi Charles VII et Mathieu de Foix, comte de Comminges, touchant le comté et la comtesse de Comminges : Le comte de Comminges aura les terres, châtellenies… de Castillon (« Chastillon »), la terre de Taurignan et de Saint « Lezer »…

Parmi les seigneurs qui ont possédé la vicomté du Couserans, nous trouvons les comtes de Foix et ceux de Comminges, les seigneurs de Lomagne, d’Espagne, de Narbonne, de Foix-Rabat, de Saint Jean de Pointis… Cependant, les évêques du Couserans furent toujours seigneurs suzerains de Saint Lizier (qu’ils tenaient directement du roi) : le comte de Comminges et même le comte de Foix leur rendaient hommage de fidélité

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Saint Lizier se composait de deux villes juxtaposées ayant chacune jusqu’au XVIIème, sa cathédrale, avec un seul évêque. Celui-ci était seigneur direct d’une des deux moitiés de la ville sous la mouvance du comte de Toulouse, et pour l’autre moitié seigneur dominant du comte de Comminges auquel elle appartenait.

A partir de Bernard de Marmiesse, l’église inférieure, celle de Saint-Lizier, est abandonnée comme cathédrale, et l’église ND est seule en possession de titre

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Étape sur le chemin de saint Jacques de Compostelle.

Une confrérie de saint Jacques le Majeur est créée en 1533

XVIème : construction de l’hôpital par l’évêque Hector d’Ossun (reconstruit avec la pharmacie par de Vercel)

XVIIème : palais des évêques par l’évêque Bernard Coignet

Séminaire fondé en 1665

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En 1560, les Huguenots qui venaient de prendre Camarade tentent de prendre Saint Lizier, mais reculent devant l’armée levée par l’évêque

Le siège de l’évêché de Saint Lizier qui comprenait toutes les paroisses de l’arrondissement de Saint Girons, moins celles du canton de Sainte Croix qui relevait du diocèse de Rieux, étant dissous en 1801, dépendra de celui de Pamiers dont l’évêque prend le nom « d’évêque du Couserans, Mirepoix et Pamiers » en 1910

A la Révolution, la vicomté de Couserans était incorporée dans le nouveau département de l’Ariège. Les conventionnels l’appellent « Austrie-la-Montagne ». Cette appellation, selon S. Henry, serait due au fait que le Couserans, par le traité d’Andelot, le 28 nov. 587, fut dévolu au roi d’Austrasie. Une proposition (le 25 novembre 1789) d’un département de Comminges et Couserans prévoyait pour chef-lieu, en alternance, Saint Gaudens et Saint Girons-Saint Lizier « ne formant que la même ville ». Mais…, lors de la création du département de l’Ariège, Saint Lizier dû s’incliner devant St Girons…

Au XIXème siècle, Saint Lizier reste le centre d’un canton essentiellement agricole ; Sous le 1er Empire, les foires du 4 février, du 3ème lundi de juin, du 25 novembre pour bestiaux pour la boucherie, cochons, volailles, fruits. En 1839, le Journal d’agriculture écrit : « C’est une fabrique de sucre indigène qui vient de commencer sa campagne dans le canton de Saint Lizier… plus de 2 millions de Kg de betteraves, dès son début, dans la production locale »

La voie ferrée reliant Boussens à Saint-Girons desservait pour la partie ariégeoise les stations de Saint Girons, Saint Lizier, Caumont, Prat-Bonrepaux et Lacave

1969 : l’asile d’aliénés quitte le palais des évêques de Saint Lizier où il avait été installé après la suppression de l’évêché de Couserans. Un projet de phonothèque de la Bibliothèque Nationale avait été envisagé en 1980…

Festival de musique : créé en 1971

Noël 2004 : Une sépulture néolithique (- 5000  à 3500 ans avant J.C.) découverte par Catherine et J.Louis Orengo au lieu-dit la Ferme de Miguet, dans deux abris sous roches: restes humains, fragments de poteries, perles de coquillages, objets en os… et un harpon de 18 cm de long, avec un double rangée de dentelures dissymétrique

La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises

Anecdote:

 Louis Coulon, écrit en 1644, dans « Les Rivières de Frances, ov Description Géographique & Historique du cours et débordement des Fleuues, Riuières… »:

« La riuiere de Salat naift en la montagne de Salant paffage d’Efpagne. La riuiere & la montagne prennent leur nom des puits falez, & de l’eau mefine dont on fait du fel.

Coferans, par où elle paffe, Vicomté ancienne, eft compofée de la cité & de la ville, féparéees par vn corps de garde.On y paffe la riuiere fur vn pont de pierre, au milieu duquel eft vne forte tour, qui eft gardée. Le pont fe ferme la nuict, & au bout eft vne Chapelle appelée par les François, Noftre-Dame du bout du Pont, & par les Efpagnols, Notre Seignore del Cap del Pon. »


Patrimoine :

L’ancienne cathédrale et son cloître, la cathédrale ND de la Sède, l’ancien palais épiscopal et les remparts sont classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, dans le cadre des chemins de Compostelle.

Le site du Palais des Évêques avec son ancienne cathédrale ND de la Séde appartient au Conseil Général de l’Ariège.

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SAINT-LIZIER

« La ville de Saint-Lizier a remplacé l’ancienne Civitas Consoranorum, chef-lieu du petit peuple désigné sous le nom de Consorani. A l’origine, cette ville antique se serait appelée Austria, nom qui s’appliquait plus précisément à la cité. En 507, la Civitas Consoranorum, après avoir appartenu aux Wisigoths, passa sous la domination des Francs. De l’ancienne ville gallo-romaine il reste des vestiges nombreux sous forme de pierres taillées ou éléments de marbres incorporés dans les murs des églises, et surtout les murailles de l’enceinte romaine de la cité de plus de 700 m de pourtour, flanquée de six tours semi-circulaires au sud et de six tours carrées au nord. Cette enceinte délimitait une cité fermée, réduite au moment des invasions barbares à la partie haute de la ville existante dont certains quartiers et les monuments qu’ils contenaient furent ainsi laissés hors les murs. Comme ce fut le cas en d’autres villes, les monuments romains furent abattus et leurs matériaux incorporés dans les maçonneries de l’enceinte.

De cette disposition de la ville est issue une situation curieuse, celle de l’existence de deux concathédrales. L’une, l’ancienne cathédrale Saint-Lizier est située au bas du mamelon sur les pentes duquel s’étage la ville ; l’autre, Notre-Dame de la Sède dont le nom indique bien qu’elle était le siège épiscopal, est construite à l’intérieur de la cité, au centre de cette partie de ville que les Gallo-romains entreprirent de protéger.

Ainsi Saint Lizier est une des rares villes qui eurent le privilège de posséder deux églises concathédrales, sans cependant qu’il soit possible de déterminer l’origine de cette double dignité. Peut-être est-elle la conséquence de cette enceinte qui fit deux villes de la Civitas. En effet, le siège épiscopal du Couserans remonte au V° siècle et Saint VALÈRE en fut le premier évêque. Il est admis que le deuxième évêque fut GLYCÉRIUS qui prit part au Concile d’Agde de 506 et le troisième THÉODORE, mort en 549, qui fit transformer en église le modeste oratoire élevé sur le lieu où avait été miraculeusement retrouvé le corps de Saint Valère ou Valier, à l’emplacement de l’actuelle église de Saint-Valier dans la ville de Saint Girons. Cette importance accordée à la trouvaille inespérée du corps de Saint Valère confirme les désordres que connut la région du fait des invasions barbares et l’existence de petits sanctuaires chrétiens sous l’administration gallo­-romaine. Ce serait le cinquième évêque, LYCÉRIUS, mort en 747, qui, devenu Saint Lizier, donna son nom à la ville. Quelques historiens ont identifié GLYCÉRIUS et LYCÉRIUS, en alléguant que RICOSINDE, roi des Goths de 619 à 672 qui assiégea la capitale du Couserans, n’a pas per­sécuté les chrétiens. Ce serait le roi des Wisigoths ALARIC II (484/507) qui aurait laissé piller la ville épiscopale où vivait le vieux pontife LYCÉRIUS ; le chef de ces pillards, nommé RICOSINDE, subjugué par l’ascendant du saint évêque, aurait levé le siège. Le règne d’ALARIC placerait de 484 à 507 l’épiscopat de LYCÉRIUS ou LIZIER né à Lérida (Espagne) ou au Portugal. Cependant la version selon laquelle LYCÉRIUS a tenu le siège au VIII° siècle et a défendu la ville non contre les Goths, mais contre les Sarrasins, reste solide.   

Quoi qu’il en soit de la vie de Saint Lizier, l’existence des concathédrales est confirmée par les auteurs de la Gallia Christiana et l’office est célébré par un double chapitre qui sera maintenu jusqu’à l’épiscopat de Bernard de MARMIESSE (évêque de 1654 à 1680) qui en 1655, réunit les deux chapitres en un seul et conserva l’église Notre-Dame de la Sède comme cathédrale contiguë au palais épiscopal ; elle le demeura jusqu’à la Révolution qui fit disparaître le diocèse.

Gravure de Melling, 1826-1830 (ADA) : Saint Lizier vu de Saint Girons

(Ancienne cathédrale Saint Lizier)
Sise à l’est de la ville basse, elle est formée d’une nef sans chapelles, d’un transept et de trois absides. Les trois travées de la nef présentent une déviation de l’axe très apparente due aux remaniements et à l’origine des absidioles. Si l’abside centrale, précédée d’une travée voûtée en berceau, fut construite dans les dernière années du XI° siècle, les deux petites absides latérales inégales en profondeur comme en largeur, grossièrement construites en matériaux de moyenne taille en murs de 2 m d’épaisseur, n’auraient été que les tours d’une ancienne porte de la ville basse, tours flanquantes d’une porte wisigothique ou franque. Cette origine a été contestée à cause des baies en forme de meurtrières, peu propres à la défense puisqu’elles ont une visée qui s’écarte de l’axe de l’abside centrale. Il se peut que l’abside centrale ait fait disparaître d’autres baies disposées vers le centre ; il se peut aussi que ces absidioles aient une tout autre origine. Les fenêtres centrales, à double ébrasement, ont été percées après la construction du mur arrondi qui existait donc déjà. La maçonnerie de ces tours qui paraît dater seulement du X° siècle. suggère les éléments d’un château fort ou d’un sanctuaire.   

Les murs de l’abside centrale sont percés de trois fenêtres agrandies au XIV° siècle. L’abside est décorée d’arcatures appliquées et portées par des colonnettes à chapiteaux datant de la fin du XI°, certaines colonnettes ayant été détruites pour loger les stalles. Cette abside voûtée en cul-de-four est couverte de peintures à la voûte et aux murs du chœur.  Les plus anciens chapiteaux sont ceux des piédroits des absidioles et de la ­fenêtre sculptés d’entrelacs, enroulements, palmettes et fers de lance. Les colonnes de l’arc triomphal ont leurs bases ornées d’une griffe qui est un pied en pantoufle. Extérieurement, les absidioles ne sont pas ornées ; l’abside présente trois faces planes exécutées avec des pierres de grand appareil romain, marbres antiques à cannelures, fragments de frise à rosaces et à rinceaux, comme il en existe à un angle du chœur de l’église de la ville haute. Mais au-dessus des panneaux, la double cor­niche à modillons est restée circulaire, séparée par une moulure carrée creusée d’une gorge ornée de boutons.

La nef, à trois travées, est construite en moellons grossiers jusqu’aux deux tiers de la hauteur, les murs ont été continués au XIII° siècle mais la partie supérieure percée de fenêtres ogivales et les contreforts ont été construits vers la fin du XV°, de même que la voûte. L’arc du transept ne s’ouvre pas sur le milieu de la nef, le mur méridional étant reculé de 2 m. Le transept sud, voûté en berceau comme son vis-à-vis, a dû être pro­longé ce qui a entraîné un recul du cloître.

Sur l’alignement du transept et sur l’axe de l’abside s’élève une tour octogone dont chaque face est percée de deux fenêtres à sommet triangulaire. Ce clocher, amorcé au XII° siècle n’a été terminé ou reconstruit qu’au XIV° sur le modèle des clochers de brique languedociens. Il présente une silhouette lourde, à deux étages rendus épais par l’absence de flèche ou de galeries, sans autre couronnement qu’une dentelure simulant des créneaux.

Cette église fut consacrée en 1117 sous l’épiscopat de l’évêque JORDAN (1094-1155), tout au moins pour la partie romane des absides, du chœur et des transepts. Les remaniements de la croisée et de la tour centrale datent de la fin du XII° siècle mais la nef, la voûte et le clocher sont du XIV°. Une porte ouverte au nord donne accès sur la place. Son ouverture ogivale, sans tympan, est cernée de vous­sures en briques à nervures arrondies d’un beau travail avec colonnes en marbre du pays et chapiteaux à deux rangs de feuilles caractéristiques du XIV° siècle. Du côté sud, à la dernière travée, s’ouvre l’accès au cloître, le seul encore debout en Ariège.

NB : A remarquer, sur le porche, la pierre avec une inscription et coquille sur le mur de droite, ainsi que la croix de Malte sur le pavage en galets.

NB: Les pierres rectangulaires de l’abside proviennent des murs gallo-romains. Remarquer les croix gravées (par les pèlerins de Saint-Jacques de Compostelle): un abri semble s’y être trouvé

LES FRESQUES.

L’existence d’une peinture à l’intrados de l’abside était connue au siècle dernier ; de même, une peinture  représentant Marie allaitant l’Enfant Jésus, accompagnée de deux anges porteurs de flambeaux avait été remarquée, à la voûte de l’abside méridionale. Ces décors étaient attribués à la munificence d’Auger de MONTFAUCON, évêque de 1276 à 1303.  Mais ce n’est qu’en 1961 que furent mises à jour par le Service des Monuments Historiques les fresques romanes du chœur et de l’abside ainsi que celles de l’intrados, plus tardives et d’un intérêt moindre. Les fresques formaient un vaste ensemble qui décorait tout le chœur.  Elles sont disposées en deux registres séparés, horizontalement, par un bandeau peint orné de bustes. Il est probable que la voûte était décorée du Pantocrator et du Tétramorphe car il serait étrange que la peinture du cul-de-four n’ait pas été ter­minée au moment de la consécration de 1117. La voûte s’est-elle rompue ou a-t-elle été refaite près d’un siècle plus tard ? Toujours est-il que la peinture que nous y voyons maintenant, lourde et empâtée ne soutient pas la comparaison avec les oeuvres admirables qu’elle domine. Elle représente le Christ assis dans un quadri­lobe rougeâtre, entouré des animaux symboliques, dont un bœuf démesurément allongé et des anges nimbés en contradiction avec la tradition. Le blason d’Auger de MONTFAUCON est peint à trois reprises sous le quadrilobe et indique l’origine d’une oeuvre qu’il faut situer tout à la fin de l’épiscopat et que des raisons iconographiques et techniques font placer presque au XIV° siècle.

Sous ce Christ glorieux s’aligne une théorie de grandes figures en pied réparties par paires sous les arca­tures du chœur. Le registre inférieur présente l’Annonciation, suivie de la Visitation et d’une Nativité très effacée. Les vestiges de l’Adoration des Mages se devinent. Les apôtres, qui garnissent le registre supérieur, ont la main droite bénissant et la gauche, voilée sous un linge fin par respect, tient le livre. A gauche de la fenêtre centrale se reconnaît saint Pierre démuni des clefs et à droite saint Paul. Les douze apôtres étaient accompagnés d’autres saints, peut-être locaux. La Vierge de l’Annonciation, tenant son fuseau, occupe le registre inférieur au côté droit et se place du côté noble, proche de l’autel, ayant ainsi l’ange à sa gauche. Comme à Vals, les fonds sont différents pour la Vierge et pour l’ange Gabriel et accusent le symbolisme. La Visitation répond à un thème iconographique fréquent mais prend ici une grâce exquise ; les vêtements de couleur différente s’opposent au fond sombre de l’arcade de la maison d’Élisabeth. La scène de la Nativité est très endommagée, Madame Annie CAZENAVE y voit le Bain de l’Enfant, ce qui nous rapprocherait des thèmes de Vals. De même que les Rois Mages qui, au lieu de couronne, ont le bonnet adopté par les peintres catalans.

Ces fresques d’une qualité rare sont un des chefs-d’œuvre de la peinture romane catalane. MM. DURLIAT et AINAUD de LASARTE les attribuent au maître de Pedret qui a exécuté des peintures en Catalogne et dans le Val d’Aran et dont l’atelier vint travailler dans la région. Ici, comme à Vals, cet artiste n’a pas peint la totalité de ce bel ensemble, mais s’il a confié certaines décorations et quelques personnages à ses aides, il est hors de doute que les meilleures figures sont dues à son intervention personnelle. La cathédrale fut consacrée en 1117 par Saint Raymond de DURBAN, évêque de Bar­bastro, le même qui consacra le 10 décembre 1123 l’église à fresques de Saint-Clément de Taüll et le 11 celle de Sainte-Marie. Cet ancien prieur de Toulouse, né au château de Durban à quelques lieues de Saint Lizier, avait une grande autorité des deux côtés des Pyrénées et il se peut que des artistes, connus de lui, soient venus de Catalogne dans les églises des terres vassales fixer des fresques dont beaucoup ont disparu.

LE TRÉSOR.

Conservé à la sacristie, il comprend des pièces rares : crosse en ivoire du XI° siècle en forme de ser­pent lové, mitre en soie blanche à fils d’or du XII°, chape en soie blanche recouverte de brocart, buste reli­quaire de saint Lizier en argent doré du XVI°, petite croix d’offrande en argent et émaux du XV°, coffret reliquaire en bois peint du XII°, burettes en argent massif ciselées d’un précieux dessin par Guillaume Loir datable de 1760, crosse d’évêque en cuivre émaillé du XIII°, croix de chemin en pierre et Christ en bois sculpté du XV°.

Buste reliquaire de saint Lizier

Œuvre d’Antoine Favier (Toulouse 1531)

LE CLOÎTRE.

Au sud de la nef, il possède encore ses quatre galeries complètes. Il comprend un premier étage sans colonnade recouvert d’un toit à une seule pente qui ne date que du XVI° siècle. La galerie du rez-de-chaussée est formée d’arcades en plein cintre qui retombent sur des colonnes de marbre alternativement simples et doubles dont les trente-huit chapiteaux s’ornent de sculptures, vingt-trois d’entre eux étant géminés. Le cloître a été remanié, c’est ainsi que les galeries sud et ouest ont leurs angles ornés d’un tore découpé dans une moulure creuse tandis que les galeries nord et est sont à arêtes vives, les types d’épannelage sont également différents. Les galeries nord et est ont été construites postérieurement aux deux autres comme le montre la déformation de la dernière arcade à l’angle nord-ouest qui a amorcé le remanie­ment. Les angles sont faits de gros piliers carrés dans lesquels s’engagent des colonnes géminées, aux côtés sud et nord la ligne des colonnettes est interrompue par un pilier semblable à ceux des angles. Un second remanie­ment a raccourci les galeries nord et sud du côté du tran­sept, au moment de l’allongement de celui-ci qui a obligé à reconstruire entièrement la galerie est. Ces divers remaniements font dater les chapiteaux des gale­ries nord et est de la fin du XII° siècle, alors que ceux des gale­ries sud et ouest dateraient de la consécration de l’église.

Les motifs ornementaux se ramènent à quatre types, réseaux géométriques : tresses, vannerie, adoptés sur sept chapiteaux; décor végétal stylisé : palmettes, pal­mier, feuilles d’acanthe et autres, sur dix-sept chapi­teaux; style figuratif ornemental : masques, têtes d’hommes, animaux fantastiques, sur quatre chapi­teaux; enfin compositions narratives : animaux et per­sonnages animés, mêlés aux rinceaux, à des bêtes mons­trueuses, scènes de chasse, mondes infernaux, visions de tentation se relèvent sur dix chapiteaux. Seuls trois chapiteaux portent des motifs inspirés de l’Écriture Sainte dont un qui décrit l’histoire d’Adam et d’Ève. Seulement huit tailloirs sont sculptés de motifs simples ; certains sont garnis de boules comme les premiers types toulousains, la décoration des bases est variée ; certaines colonnes ont des tores déprimés, d’autres s’ornent aux quatre angles de têtes humaines, certaines portent des boules ou griffes et cette décoration indique la deuxième moitié du XII° siècle. Si certaines de ces bases se rencontrent dans les galeries les plus anciennes, le fait n’est dû qu’aux remaniements que le cloître a subis. Au regard des cloîtres de Moissac ou de Saint Sernin, celui de Saint-Lizier apparaît bien modeste. Il est intéressant cependant parce que ses chapiteaux reproduisent les motifs les plus caractéristiques des ateliers toulousains adaptés par des copistes habiles.

NB: A l’étage qui entoure le cloître, des peintures du 14ème siècle ont été mises à jour (elles sont en cours d’étude…)

(Ancienne cathédrale Notre-Dame de la Sède)

La partie de la ville de Saint-Lizier qui consti­tue la cité, enclose dans l’enceinte gallo-romaine, était occupée par un hôpital psychiatrique dont Notre-Dame de la Sède était la chapelle. Il ne subsiste aucune trace de l’église primi­tive ni du sanctuaire qui a succédé à l’occupation wisigothe et qui a dû être res­tauré au XIII° siècle après que l’évêque Navarre eut recouvré son siège grâce à l’appui de Simon de Montfort qu’il avait suivi dans la croisade anti-albigeoise. Il est pos­sible que l’abside de l’église actuelle soit celle de l’église romane qui a précédé la construction du XIV° siècle.

L’église gothique a dû conserver le plan de la précédente puis­qu’elle s’appuie, au sud contre le rempart romain et, qu’au nord, sont encore visibles l’enclos du cloître et la salle capitulaire romane. L’édifice orienté est à abside ronde percée de trois fenêtres visiblement agrandies postérieurement, et à une seule nef légèrement inclinée par rapport au chœur plus ancien. Le chœur est lié à l’enceinte romaine par une construction en forme de demi-tour établie sur les sou­bassements de la tour romaine. Au XV° siècle un escalier a été installé dans une tourelle polygonale en saillie à l’extrémité du mur nord de la nef, afin de conduire au clocher, de date plus récente encore. Ce clocher ren­ferme une sorte de salle ovale établie au-dessus des voûtes du chœur et son mur ouest repose sur l’arc dou­bleau de l’entrée du chœur.

Les voûtes divisées en trois travées par des arcs aigus sont ogivales et les colonnes appliquées qui les sup­portent ne datent que de l’épiscopat de Jean d’Aula (1500). Trois chapelles furent construites vers le milieu du XVI° siècle sur le flanc sud contre la muraille du rempart, une d’elles sert de sacristie.

Le chœur est garni de belles boiseries. Les stalles en noyer clair datent de la fin du XVII° siècle et les panneaux qui les surmontent sont un peu plus anciens. La stalle épiscopale d’un style moins pur, soutenue par deux cariatides ajourées, affecte les formes contournées du XVIII°. Les murs de la première travée du chœur sont garnis de panneaux de la même époque mais d’un tra­vail plus remarquable.

Dans le mur du chœur de l’église, à gauche de la tour de l’escalier, sont encastrés des débris antiques en marbre blanc ornés de rinceaux et rosaces d’un très bon style et provenant d’une frise de la ville romaine. Dans ce mur fut percé un enfeu surmonté d’une arcature fleuronnée qui conte­nait le sarcophage disparu d’un évêque que devait être Sicard de Burgairol mort en 1412 et enterré dans le cloître. Au fond de l’enfeu est placé un petit bas-relief représentant le Christ debout orné du limbe crucifère apparaissant derrière un sarcophage avec un soldat endormi et un autre personnage en prière.

NB: Des travaux de restauration en 1992 ont révélé des peintures exceptionnelles datées pour l’essentiel de la Renaissance (sous les couches d’enduit et de peinture qui les recouvraient). Le plafond de la nef, dont les voûtes réparties en trois travées, montrent un décor très riche présentant un exceptionnel ensemble iconographique de 12 sibylles associées aux  patriarches, les douze fils de Jacob dont sont issues les douze tribus d’Israël ; chaque personnage tient une banderole ou phylactère, ancêtre de la bulle de nos actuelles bandes dessinées.

LA SALLE CAPITULAIRE.

Cette cathédrale avait aussi son cloître dont il ne reste que l’espace vide entouré de bâtiments mais sur le côté subsiste la belle salle capitulaire du XII° siècle, remaniée légèrement au XIII°.

Celle-ci est ouverte par une porte et deux fenêtres romanes à deux colonnes de grès avec chapi­teaux ornés de palmes unies et feuilles de fougères. La voussure en boudin a disparu aux trois arcades. Le tailloir se prolonge en courte corniche ornée de billes. La voûte est en croisées d’ogives de section carrée construites en briques, habilement disposées. A la rencontre de ces six croisées, les six clefs de voûte sont ornées d’une étoile à cinq branches, d’un carré d’amandes et d’une corolle à six pétales ; ces décorations à quatre, cinq et six se répètent deux fois.

Les voûtes sont soutenues par des piliers de pierre de style roman. Cette petite salle capi­tulaire, a été récemment remise en état, après avoir servi de salle d’autopsie ».

(Cl. Aliquot, Conservateur des objets d’art de l’Ariège)

L’orgue historique de Saint Lizier :

« L’orgue de l’église dite cathédrale Saint Lizier est un instrument des XVIIème et XVIIIème siècles. Classé monument historique, il est singulier par son buffet et ses jeux.

Ses dimensions relativement modestes s’expliquent du fait que jusqu’à la révolution il se trouvait dans la cathédrale ND de la Sède où Mgr Bernard de Marmiesse avait réuni le chapitre cathédral en 1657. Il fut l’objet de plusieurs restaurations, mais le résultat ne fut pas toujours heureux.

En 1972, à l’initiative des Amis de Saint Lizier et du Couserans, il fut décidé d’entreprendre sa restauration. Celle-ci fut confiée à Alain Sals, facteur d’orgue à Malaucène.

Ayant retrouvé son tempérament qui en fait son originalité, l’orgue historique de Saint Lizier était inauguré le 26 juin 1983 avec l’organiste André Isoir qui assura le concert.

Ces dernières années, les facteurs d’orgue, Alain Sals et Charles Henry, ne manquaient pas d’attirer l’attention sur l’état défectueux dans lequel se trouvait le soufflet. Notre organiste, Jean Peyras, les relayait, ayant dû actionner le soufflet manuellement pour le récital de Michel Colin, le 17 août 2002.

Ainsi, une demande de réfection du soufflet fut adressée à la DRAC. Celle-ci fut acceptée et c’est la SARL Alain Sals qui fut engagée pour mener à bien, dans la continuité, cette opération.

Au cours du démontage du soufflet, en trop mauvais état pour être restauré, on a pu noter qu’il avait été installé en 1861 (facteur Gaetner) pour le 24 décembre. Ce soufflet avait été conçu pour donner une grande réserve de vent au préjudice de sa vivacité.

Il a été proposé de reconstruire un type d soufflerie dans l’esprit du XVIIème siècle, c’est à dire deux soufflets cunéiformes (à l’image des soufflets de forge). Une charpente de pin soutient les soufflets et leurs mouvements. Fabriqués à Entrechaux dans les ateliers de la SARL Alain Sals durant trois mois environ, ils ont été installés par Charles Henry et Philippe Alexandre dans la semaine du 13 au 17 octobre 2003. » (Communication de la municipalité de Saint Lizier)

L’inauguration de cette nouvelle soufflerie a eu lieu le 9 novembre 2003″.

(Claude Aliquot, conservateur de l’Ariège)

Palais des évêques :

Le Palais des Evêques domine la Cité médiévale et a été construit de 1655 à 1680 par l’évêque Bernard de Marniesse (1654-1680) et s’appuie sur le rempart romain

Siège des évêques jusqu’à la Révolution, il a été durant quelques mois le siège d’un tribunal bientôt transféré à St Girons ; puis Dépôt de Mendicité ; enfin hôpital psychiatrique.

Désaffecté en 1969, il devient Musée départemental de l’Ariège : objets ethnographiques, dont la collection du comte Begouen (acquise en 1992) provenant de la vallée de Bethmale, Musée d’archéologie gallo-romaine et de numismatique

Menuiserie, ferronnerie ; façades du 18ème. M.H. : 13/01/1993

  (Photo: Laurent Crassous)


Le pont :  M.H. : 26/03/1927

« Autrefois, le pont avait cinq arches. La cinquième, du côté de la ville, a disparu sous la construction d’une nouvelle route. La troisième pile se trouve interrompue un peu au dessus du parapet, ce qui provient de la démolition d’une tour placée autrefois sur le pont et sur laquelle se trouvait un passage voûté armé d’une herse. » (BSA 1886): La destruction de la cinquième arche date de 1858; le dos d’âne a été supprimé en 1888-1889

Description du pont : copie du Congrès archéologique de Pamiers, Foix, Saint-Girons de 1884 paru dans le « Bulletin Monumental » de 1884, n° 6,7,8 : BSA 1886 P. 56, 57

Plaque commémorative du pont sur le Salat en marbre : « Minervae Belisamae sacrum Q valeriv montan E V »

Au sujet d’une vue  du pont (1826-1830), dans BSA 1929 P. 235 :  « Existait des vues des Pyrénées de Melling, avec texte de Cervini de Macerata (Paris, « Treuttel et Wurtz, 1826-1830 »), avec vue de Saint Lizier prise du vieux pont de St Girons. Au premier plan, se voit le pont qui venait d’être construit, mais les quais n’existaient pas encore ; il y avait des moulins sur les berges »

Élargi en 1893 par 2 trottoirs suspendus, le pont a été refait et inauguré le 3 mai 2003 (à la commune)

 

Légende du Pont de Saint-Lizier:

« Le maître-ouvrier chargé de l’entreprise conclut un pacte avec Lucifer : le pont serait construit dans une nuit, avant le chant du coq, et l’entrepreneur livrerait à Satan une âme de chrétien. Était-ce la sienne ? Était-ce celle de quelqu’un des siens ? Je ne sais.

Le cornu aux pieds fourchus n’eut garde de refuser, et, cette nuit-là, il y eut grand remue-ménage dans l’enfer, et, dans le Couserans, grand branle-bas. Les diables faisaient la chaîne, les blocs de pierre arrivaient avec la rapidité de l’éclair. Et les flots étonnés du Salat voyaient quatre piliers monter avec une vitesse vertigineuse, et les arches relier ces piliers : le travail touchait à sa fin.

Cependant, revenu à lui, l’imprudent ouvrier se lamentait de son pari, et, angoissé, cherchait le moyen d’éluder sa criminelle promesse. Il a allumé sa lanterne… Est-ce le hasard ? Est-ce la Providence ?… Il projette sa lumière sur le poulailler. C’est le salut : réveillé en sursaut, le coq ne doute pas qu’il ne soit en retard pour le réveil, et vite, très vite, il y va de son cocorico le plus sonore. Lucifer avait perdu sa gageure : il avait presque achevé l’œuvre, et il n’aurait pas l’âme convoitée ! Dépité, il s’enfuit avec tous ses diables. Mais il manquait une pierre au pont : jamais on ne peut l’y consolider, même avec des tenons de fer. » (Ch. Gros en 1912)

Une variante existe encore: « Les habitants de Saint-Lizier, désireux de ne plus franchir le Salat à gué, décidèrent autrefois de construire un pont au pied de leur ville. Malgré plusieurs tentatives, un orage ou une crue détruisait chaque fois leur ouvrage. Ils étaient sur le point d’abandonner quand le Diable se représenta à eux pour leur proposer un marché : « Votre pont sera construit en une nuit, leur dit-il, si je peux emporter l’âme du premier passant sur l’édifice. » Marché conclu, le Malin se mit au travail et il l’acheva en effet durant la nuit. C’est alors qu’un chien emprunta, le premier, le nouveau pont. Le Diable, furieux, décida de détruire son ouvrage. En voyant le profit qu’ils pourraient tirer de cette collaboration sans se compromettre les villageois lancèrent un défi à Satan : reconstruire le pont avant l’aube et avant que le coq ne chante. Aussitôt dit, aussitôt fait, mais les Couseranais, ne voulant pas avoir partie liée avec l’Enfer, firent réveiller un coq en lui trempant les pattes dans l’eau, juste avant l’aube. Et l’animal chanta alors que le Diable allait poser la dernière pierre du pont. Il la jeta dans le Salat et disparut, mais cette ultime pierre manque toujours à l’édifice… »

Pharmacie du XVIIIème, située dans l’Hôtel-Dieu.

Construit en 1764 par l’évêque de Marnays de Verceil, l’Hôtel-Dieu possède la célèbre pharmacie du 18ème (classée) : 69 bouteilles et 40 bocaux en verre soufflé du 17ème ; une vingtaine d’ouvrages concernant la médecine, la pharmacie, l’herboristerie et la « pharmacopée universelle » de Le Mery (1761) et divers manuscrits ; 113 pots à pharmacie en faïence du 18ème

Boiseries, pots en faïence avec décors polychromes ou bleu ; bouteilles peintes dont le « vinaigre des 4 voleurs »…

Remparts gallo-romains du 3ème siècle formant une enceinte de 740 m, possédant 12 tours et 2 portes (épaisseur de la base : 2 m 60).

Duclos dans son « Histoire des Ariégeois » écrit: « Saint Lizier a eu plusieurs enceintes de murailles ; on peut distinguer encore une première ligne de remparts ; puis une seconde, puis une troisième, comme si la ville s’était successivement agrandie. »

Description à la fin du XIXème, inscriptions… : Voir BSA 1886


Divers :

ND du Marsan :

Chapelle restaurée en 1853, puis en 1985 et 1986 (bénédiction par Léon Soulier le 19 mai 1986, évêque de Pamiers, Mirepoix et Couserans). Lieu de pèlerinage avec sa célèbre procession le lundi de Pentecôte. (M.H. : 01/03/1973). Connue par la visite de saint Benoît Joseph Labre (venu du pays d’Artois) le 16 mars 1773. La chapelle est vendue comme bien national à la Révolution à la famille Duprè qui la revend à la paroisse (1854), puis devient propriété de la commune en 1904…



Ancienne maison canoniale du 18ème (rue des Nobles)

Presbytère, décor. (M.H. : 11/02/1991)

Arcades et porte fortifiée « Porto Det Cassé » (près de la cathédrale)

Maison sur arcades

Modillon à l’angle d’une rue de la Cité

Tour de l’Horloge (anciennement porte de Fer)

Coquille sculptée et inscription en clé de voûte (Carré de Bourassou)

Autre coquille sculptée et bâton de pèlerin, avec une date : 1655

Maison à pans de bois du 16ème (place de l’église) : M.H. : 30/11/1929 (façade)

Bourdon de pèlerin et coquille Saint Jacques, sculptés sur la façade d’une maison de Saint Lizier : 1655

Château de Rozès

Détail d’une porte

Le monument aux morts: Érigé par les paroissiens en 1919 après un appel aux dons…

Sur « La revitalisation du Palais des évêques de Saint-Lizier:

(Extrait de la « Lettre du président » d’octobre 2006, N° 23, du Conseil Général)

« Rénovation de la Cathédrale de ND de la Séde:

La découverte en 1992 de fragments de peintures murales sous un badigeon datant du XIXème siècle a conduit l’État, maître d’ouvrage, et le Conseil Général, propriétaire du lieu, à s’associer pour lancer les études de rénovation de l’édifice classé et de restauration des peintures.

Le coût global de l’opération s’élève à 1,6 million d’euros (dont 1,3 pour la restauration financés à hauteur de 40% par l’État, 45% par le Conseil général et 15% par le Conseil régional  de Midi-Pyrénées.

La première tranche de travaux réalisée en 2004-2005 a révélé de longues séquences de personnages bibliques, Patriarches et Sibylles, des textes, ainsi qu’une vaste évocation de l’histoire de saint Jacques et son arrivée à Compostelle. Les sondages pour la seconde tranche laissent augurer des découvertes aussi importantes de peintures datées de la même période. Les travaux seront effectués en 2007-2008…

La Résidence de Tourisme:

Le programme global de la Résidence de Tourisme s’élève à 6,9 millions d’euros…

Une première tranche de travaux de réhabilitation a débuté en juin 2006 pour la livraison de 30 appartements courants 2007. Pendant 3 ans, les autres tranches de travaux se déroulement sur le site en même temps que les travaux de rénovation de ND de la Séde et restructuration du Musée…

La présence de 400 résidents par semaine sur le site va constituer un formidable apport de population et de vie… »


Célébrités :

– Fanny Reich :

De nationalité polonaise, née le 21 février 1940 à Liège (Belgique). Arrêtée le 26 août 1942 par les gendarmes et la police française, à St Girons (48 rue saint Vallier). Déportée  avec son frère, Joseph (10 ans) et ses parents, parmi 32 enfants: Le Vernet, puis Drancy (1er septembre) ; gazés le matin du 4 septembre 1942 à Auschwitz. Plaque de l’école de Saint-Lizier inaugurée le jeudi 21 mai 1998

– Évêques devenus cardinal : Jean le Jeune, évêque en 1439 et Amelius de Lautrech (1371) ; + un neveu du pape Clément V, Antoine d’Aspel

Parmi les, au moins, 77 évêques de Couserans, citons :

– Navarre : légat du pape Innocent III dans la croisade contre les Albigeois.

Cerebrun de Gotbez : assiste en 1229 à l’assemblée de Saint Jean de Verges où les comtes de Foix et de Comminges furent absous des excommunications dont ils avaient été frappés.

– Bruno Ruade : chartreux, sacré à Paris en 1624 ; en conflit avec son clergé, il se retire à Tourtouse.

– Pierre de Marca : né à Pau ; avocat, puis membre du Conseil souverain de Navarre ; président du Parlement de Navarre en 1622 ; conseiller du Roi en 1639. Veuf, il entre dans les ordres ; Publie une « Histoire du Béarn » en 1640, « Concorde du sacerdoce et de l’empire » en 1641 (très gallican). Fin 1642, Louis XIII remplace B. Ruade par de Marca à l’évêché de Couserans. Mazarin l’envoie en Catalogne en 1644. ; quitte Barcelone en juillet 1651 ; Sacré évêque seulement en 1648, à Narbonne ; Marca arrive à St Lizier le 3 août 1651 ; promut archevêque de Toulouse en 1652 ; voulait incorporer la Cerdagne, l’Urgellet et la vicomté de Castelbon (possession des comtes de Foix jusqu’en 1512) au royaume de France (mais pas le Val d’Aran…) ; archevêque de Paris nommé par Louis XIV ; meurt en juin 1662. => négociateur du Traité des Pyrénées qui définit les frontières… Parution d’une histoire de la Catalogne après sa mort (1688)

– Bernard de Marmiesse : succède à Pierre de Marca le 19 octobre 1654 ; fit rebâtir le palais épiscopal, réunit les deux Chapitres; meurt le 22 janvier 1680

– Dominique de Lastic : né dans le Gévaudan ; le clergé de Couserans l’élut député à l ‘Assemblée nationale le 29 mai 1789. Il siégea à Versailles, mais s’enfuit en Allemagne où il meurt à Munster en 1798.

 

Pour en savoir plus…

Sur le patrimoine :

Dans les BSA:

Description du XIXème ; inscriptions de ND : dans BSA 1886, P. 56 à 58

J. BOULHAUT, « Les églises du Couserans au XVIIIéme siècle d’après les ordonnances de Monseigneur de Verceil », BSA 1972

S. HENRY, « De quelques retables en Couserans », BSA 1996 : P. 95,97,108

Inscription à Saint Lizier : BSA 1974 (P. 291)

Abbé J.B. GROS : « Saint Lizier : ses monuments, ses cathédrales, ses saints, ses évêques ; le Marsan », 1912

Francine DEDIEU,  « La vénération de Saint Lizier de part et d’autres des Pyrénées », dans « D’un versant à l’autre », T. 2 (FD des S. Ac. et Sav. Languedoc-Pyrénées-Gascogne), 1998

Abbé SAMIAC, « Les concathédrales de la ville de Saint Lizier » , in Bull. hist. Du Dioc. De Pamiers, 1914

A. CAZENAVE : « Découverte d’un ensemble de fresques romanes et de peintures gothiques de la cathédrale de Saint Lizier », Actes du 89ème congrès des Sociétés académiques et savantes, Lyon, 1964, section archéologie

DELABON Marie-Pierre, « L’hôtel-Dieu de Saint Lizier de 1789 à la première guerre mondiale », 1994

CENAC-MONTAUT dans « Histoire des peuples pyrénéens » (T. III, P. 509) : essai d’éclaircissement de «  l’inscription romaine qui porte une pierre de l’une des piles du pont de Saint Lizier, relative à la déesse des Consorani, Minerva Belisama (Quintus Valérius Montanus a consacré cet autel à Minerve Bélisama en accomplissement de son vœu) » : Duclos, T. V, XL

FETE (L.), Inventaire archéologique des villages castraux dans le Couserans, (Cantons d’Oust, de Saint-Girons, de Saint-Lizier), mémoire de maîtrise dactylographié, UTM, 1990

LAGASQUIE (M-T.), Le Couserans gallo-romain,  supplément à Athéna, 1984, p. 1-30.

SACAZE (J.), Epigraphie de la Civitas Consoranorum, 1883, Paris

S. HENRY, « La pharmacie de l’hôtel Dieu de St Lizier », 1980

S. HENRY, « Les chapiteaux du cloître de Saint Lizier », 1945

Archives:

Ordonnance de l’évêque de Couserans prescrivant la démolition de la chapelle de St Jean, sise au milieu du cloître de Saint Lizier et transportant le service de la dite chapelle dans l’église de l’Hôtel-Dieu actuellement en construction, 1764 : ADA, G 47

Adjudication des travaux des anciens évêchés de Saint Lizier, 1809 ADA, 145 EDT, M2

Eglise ND de Séde : Réparations : 1075 livres, 1781 : ADA, G 13

Cathédrale Saint Lizier : Réparations et travaux divers, 1761 : ADA, G 46 et Réparations : 1887 livres 1 sol 10 deniers, 1781 : ADA, G 13

Sur son histoire :

Archives:

Saint Lizier (1935-1961) : AN 154 AQ 12

ADA PER 8 : Journal d’agriculture de 1839

Réparations à la ville : pont de sur le Salat, porte de Nargat, porte du faubourg, porte du Cassé, maison de ville pour la somme de 779 L. 10 s : ADA, G. 13 (P. 153)

1652 : Transfert des archives du chapitre à la chambre capitulaire dans l’église ND de la Séde, et aménagement dans cette salle de la bibliothèque léguée au chapitre par Me Duranly : ADA, G 43 (1)

Ordonnance de l’évêque de Couserans prescrivant la démolition de la chapelle Saint-Jean, sise ai milieu du cloître de saint-Lizier, et transportant le service de ladite chapelle dans l’église de l’Hôtel-Dieu, actuellement en construction (1764) : ADA, G 47 (22)

 

Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 1438 à 1448 (réédification de la fontaine monumentale de 1895, eau, écoles, église, …)

Dans les BSA:

Dénombrement des biens (1728) : BSA 1914, P. 254…

CAU-DURBAN et LAFFUSTE, « La peste à Saint Lizier (sept. 1631 à mars 1632) », BSA 1909

G. ARNAUD, « Les troubles de Saint-Lizier en 1791, d’après un texte inédit », BSA 1897

« Rapports féodaux des évêques de Couserans et des comtes de Comminges (XIIème-XVIème siècles) », BSA 1910

Questions-réponses sur la vie à Saint Lizier (1729), BSA 1914

Duclos:

DUCLOS, dans « Histoire des Ariégeois » : Liste des évêques de Saint Lizier : T. IV ( P. 59 et suiv. )

DUCLOS, dans « Histoire des Ariégeois » : Sur Benoit Labre : Duclos, T. V ( P. 391)

DUCLOS, dans « Histoire des Ariégeois » : Inscriptions latines trouvées à Saint Lizier : T. VII (P. 248 et 249)

Sur la statue tombale d’Auger de Montfaucon : Duclos, T. 13, P. 179 (exhumation…)

Autres:

« Patriarches et sibylles à Saint-Lizier », Ph. de Robert dans « Archives ariégeoises » de 2011 (Amis des archives de l’Ariège)

Ch. BOURRET : « L’Eglise en Couserans à la fin du Moyen Age. Ses rapports avec le pouvoir temporel », mémoire de maîtrise, Université Paris 7, 1983

CAU-DURBAN : « La Révolution à Saint-Lizier »,Saint Gaudens, 1895, 172 pages

Moniteur de l’Ariège de 1886 : « Panorama historique du Couserans et de l’antique ville de Saint Lizier »

DESTEL (Louis-Henry) : « Saint Girons, Saint Lizier, le Couserans », 1945

OTTAWAY John. : « Entre Adriatique et Atlantique. Saint Lizier au premier âge féodal ». Saint Lizier, O.T ., 1994, 346 P.

« Le diocèse de Saint Lizier en Couserans sous l’épiscopat de Joseph de Saint André de Marnays de Vercel, 1752-1779 », mémoire de maîtrise de André SOUSQUET, 1973

BAREILLE (J.-P.), SABLAYROLLES (R.), « Saint-Lizier en Couserans », dans Villes et agglomérations urbaines antiques du sud-ouest de la Gaule, histoire et archéologie (Bordeaux, 1990); Actes du deuxième colloque Aquitania (Supplément à Aquitania), Bordeaux, 1992, p. 149-151.

BAREILLE (J.-P.), « Fondation et rôle de la cité gallo-romaine », dans Entre Adriatique et Atlantique, Saint-Lizier au premier âge féodal, catalogue d’exposition, Saint-Lizier, 1994, p. 35-39.

CAUJOLLE (M.), Saint-Lizier en Couserans dans l’Antiquité romaine, diplôme de maîtrise dactylographié, Toulouse, 1970.

LIZOP (R.), Les Convenae et les Consoranni, Toulouse, 1931.

« Un asile d’aliénés, Saint-Lizier, 1811-1969 », André Ortet

« Saint Lizier en Couserans dans l’Antiquité Romaine », M. Caujolle (Maîtrise, Mirail, 1970)

« Le trésor de Saint Lizier », G. Costa, 1976

« Une visite de Saint Lizier », S. Henry, Imp. Maury, 1984

« La pharmacie de l’Hôtel-Dieu », S. Henry (Revue du Comminges, 1980)

« Le diocèse du Couserans sous l’épiscopat de Joseph de Saint André de Marnays de Vercel », A Souquet (Maîtrise, Mirail, 1973)

« Saint-Lizier en Couserans » : J.P. Bareille, M. Caujolle, E. Dedieu, S. Henry, A. Morère, J. Pince ; Photos : J. Fauroux (Syndicat d’initiative de Saint-Lizier)

 

 

Armorial (1697) :

Ville : D’azur, à une cloche d’argent, bataillé de sable

     ou       (Réalisation: Y.A. Cros)

Évêché du Couserans : De sinople, à trois mitres d’or

Livre terrier : 1772

Registres paroissiaux : ND de Séde (1627-1791) et Saint Lizier (1698-1792)



Étude: J.J. Pétris et Cl. Aliquot; participation d’Y.A. Cros