Divers

(Résistance et seconde guerre mondiale en Ariège)

 

 

Nous proposons quelques textes soit de documents généralement inconnus, soit de récits d’époque, ou de synthèse réalisée par Histariège…

 

Liens Hypertextes :

Arignac

Arvigna

Audinac (Enfants de Troupe)

Foix

Justiniac

Lettre de collaboration

Pamiers : Tribunal Populaire

Préfet Libération

Tendances politiques

 

          Bédeilhac

          Betchat

          Castelnau-Durban

          Libération Ariège

              Maquis

              Mas d’Azil

       Récit de déportation d’un responsable Guérilléro

Tribunal militaire permanent de l’Ariège

     Chant des maquisards FTP

Chantier de jeunesse (Bénac)

Comité Départemental de Libération

 

     Les Enfants du Château de La Hille

           Rieucros : Plamplemousse

           Rimont

        Tribunal Militaire spécial

        Tribunaux du Peuple

 

          Cour Martiale

          Déportés

          Douanes

 

   Occupation

    Epuration

          Saint-Girons (Tribunal Militaire)

          Saint-Girons : Comité local de Libération

          Troupes Allemandes

          Vernet (Le)

          Vira

               Zone réservée

 

 

 

Arignac

Rapport du lieutenant Lummert, fait à Pamiers le 4 septembre 1944, relatant la fin des combats de Prayols (20 août 1944) :

 

« Dans les hautes vallées de l’Ariège :

Le gros des Allemands se fait prendre du côté de Prayols. Une centaine a gagné la colline qui domine Arignac (Roc du Soudour).

Un pont saute ; derrière eux des volontaires sont aussitôt disposés de telle sorte que toutes les routes et tous les sentiers autour de la colline soient gardés.

Une voiture allemande Steyer est capturée. Butin inespéré : 15 mausers, une mitrailleuse spéciale, des munitions ad hoc et un mortier HS. Décidément, les maquisards deviennent redoutables. L’assaut de la colline est donné, la mitrailleuse, mise en batterie, tire plusieurs rafales, quelques grenades sont jetées, une fusillade éclate. De là-haut, les boches répondent par de timides salves. Le moral n’y est plus. Bientôt, ils agitent un grand drapeau blanc, un officier vient discuter des conditions de la reddition. Nos habits l’inquiètent. Il demande s’il a vraiment affaire à des français, et s’ils ne vont pas leur crever les yeux. « Maquis espagnol », balbutie-t-il ? « Vous avez à faire à l’armée française…»

 

Arvigna

Selon la commission des Crimes de guerre, la journée sanglante du 29 juin 1944 à Arvigna, est attribuée à des membres de la Gestapo :

 

Récit Maury  (en 1945) :

 « Il y avait là un château où pendant quelques temps avait cantonné un groupe de guérilleros. Quand les paysans se lèvent : des sentinelles gardaient toutes les issues. Presque aussitôt, le château est attaqué et la maison qu’occupaient les Espagnols dynamitée.

A 200 m de là : la ferme de Marti, exploitée par une famille d’espagnols. Le maquis s’y ravitaillait en lait et les camions qui ne pouvaient arriver au cantonnement dans la forêt s’y arrêtaient.

Cette famille avait été dénoncée. Les miliciens font irruption dans la ferme : le père est abattu d’un coup de crosse, les femmes et les enfants envoyés sous escorte au village, un des fils et les domestiques fusillés devant la porcherie. Ensuite, le feu est mis à l’étable et les corps jetés dans le brasier. La maison d’habitation fut pillée. Un taureau même fut abattu dans un pré à coups de mitraillette »

1 arrêté ; 4 tués dont deux jetés dans la maison en flammes.

 

Audinac les Bains

Cet ancien établissement thermal situé sur la commune de Montjoie en Couserans a été transformé en « Centre d’Education Bayard » (Enfants de Troupe devant s’engager dans l’armée) à la fin de l’année 1941. L’épopée de ce Centre est largement méconnue.

Nous proposons de consulter le site Internet des Anciens Enfants de Troupe qui y consacre quelques pages :

http://www.aet-association.org/aet/allocution_alain_boyer.pdf   et

http://www.aet-association.org/aet/ecoles/ecoles_disparues_france/7/aetecole_view

 

Voir aussi à

 http://www.histariege.com/montjoie_en_couserans.htm#Le_centre_des_Enfants_de_troupe_Bayard_dAudinac-les-Bains

Bédeilhac

Qu’en est-il de cette affaire d’avions dans la grotte de Bédeilhac? Histariège apporte ces précisions :

 

Il est vrai que dès l’année 1940 (mois de mai), l’entreprise Dewoitine (Société des Constructions Aéronautiques du Midi) envisage de mettre à  l’abri d’éventuels bombardements une partie de son activité aéronautique en utilisant des grottes (3000 ouvriers étaient prévus). Deux sites sont envisagés: Bédeilhac et Le Mas d’Azil. Le maire de Bédeilhac loue à cette époque (22 mai 1940) la grotte. Un tracé de route reliant le bourg et le site est étudié par les ingénieurs.

Les événements (arrêt des hostilités en juin 1940) interrompent le projet. Le représentant des Monuments Historiques avait émis des réserves mais avait consenti à cette utilisation en murant des salles d’intérêt préhistorique.

Fin 1943, les autorités allemandes demandent au préfet un inventaire de toutes les grottes de l’Ariège (la route de la grotte du Mas d’Azil, par exemple, était pressentie, aussi, pour être fermée de part et d’autre afin d’installer une usine souterraine pour les besoins de l’Armée allemande). C’est ainsi que la grotte de Bédeilhac devient une usine de réparation d’éléments aéronautiques (reprenant l’idée de Dewoitine).

Aussitôt après la Libération de l’Ariège, l’inventaire réalisé sur les biens laissés par les Allemands à l’intérieur de la grotte mentionne:

« 6 carlingues d’avion Junker 88; 4 ailes d’avion Junker 88 en très mauvais état; 21 chevrons 14/8; 520 briques creuses et 3000 briques barreau ». Ce qui se trouve à l’extérieur n’est que matériel divers (Rouleaux de ronce, bois, plus des baraquements).

S’il est exact qu’un avion a décollé depuis la grotte de Bédeilhac, ce n’est qu’en 1972… (le tout orchestré par notre Ariégeois, Christian Bernadac…

Betchat

1) Reproduisons ce qu’en disait (après la Libération) le « Rapport de la Commission de recherches des crimes de guerre » :

 

« Le 10 juin 1944, les Allemands ont attaqué le maquis de Betchat à la pointe du jour. Ils étaient commandés par un officier grand, blond, âgé de 45 ans. Ces Allemands étaient des SS cantonnés à Pinsaguel, ayant leurs blindés à Muret et venaient de la direction de Boussens. Ils étaient renforcés par des Allemands de St Girons et la Milice.

Le maquis de Betchat qui était prévenu de l’attaque s’était porté à Marsoulas (Hte Garonne) et lorsque les Allemands sont montés à l’attaque du village, ils ont été attaqués à coups de fusils et de grenades.

Surpris, les Allemands se sont repliés à une maison à mi-côte, utilisant ensuite leurs mortiers et leurs armes automatiques, ils sont repartis à l’attaque du village où ils ont massacré 25 personnes dont 4 enfants et pillé tout le village. Les maquisards purent s’enfuir dans les bois, à l’exception de 2 qui étaient montés sur le toit d’une église et qui furent tués au cours de l’attaque.

Les Allemands sont ensuite venus à Betchat, où ils aperçurent à la lisière le nommé Joube Jean-Marie qui essayait d’éteindre l’incendie allumé dans sa grange par une bombe incendiaire. Ils l’abattirent à coups de mitraillettes sans aucune explication.

Un peu plus loin, apercevant Mr Rives Jean-Marie rentrant chez lui, ils l’abattirent également à coups de mitrailleuses.

Mr Sajoux Philippe qui se trouvait devant sa porte, fut également blessé par le même tir. Les Allemands cernèrent, puis occupèrent le village.

Dans le village, se trouvaient 5 prisonniers allemands et 3 femmes capturées quelques jours avant par le maquis de Betchat. Ces prisonniers étaient gardés par le nommé Sirgant Pierre, maquisard qui avait mission de les abattre en cas de fuite ; mais l’attaque du village fut si brusque que Sirgant ne peut s’échapper ni remplir sa mission. Il fut pris par les Allemands, brutalisé, martyrisé, puis fusillé.

Les Allemands ont ensuite pillé toutes les maisons  incendiées : la grange de Mr Rivals, la maison de Mr Ducos Augustin et la grange de Mr Soula Bernard. Ils sont repartis le soir.

Ils sont revenus le 12 juin pour incendier la maison de Mr Ceres, prétextant qu’il y avait un dépôt de munitions.

Ils sont revenus quelques jours plus tard pour incendier la maison de Mr Galin, prétextant que c’était un refuge de maquisards, puis piller les maisons »

 

Précisions de la Cour de Justice (interrogatoires) :

 

Les miliciens X… et Y… disent qu’il n’y avait que des Allemands.

A Belloc, il y avait 10 camions (déposition Z…)

D’après le milicien X…, il y aurait eu 1200 Allemands. Ceci est confirmé par les autres miliciens Z… et Y…. Mais Marty, intendant régional de police et Pincemin, chef de la Milice, auraient été là.

Y… raconte que l’attaque fut déclenchée le matin à 6 heures ; le départ ayant eu lieu à minuit ; et Betchat, Salies, Ste Croix et Fabas devant être simultanément occupés. La poussée se fit dans la direction de St Girons et comme le maquis se repliait rapidement, le contact ne se fit pas.

D’après lui, les Allemands auraient tué une jeune fille à Fabas ; 2 hommes à Taurignan, l’ancien maire de Salies et 3 jeunes réfractaires.

 

2) Le rapport reproduit ci-dessus doit être précisé (rappelons qu’il est écrit par les instances ariégeoises)…

Il inclut, de façons sommaires, les événements de Marsoulas et de Betchat (qui sont intimement liés).  Si le carnage de Marsoulas a existé, c’est parce que le maquis de Betchat avait envoyé deux sentinelles sur Marsoulas. Lorsque le convoi arrive, ces dernières tentent l’interception… L’un d’eux est tué immédiatement ; le second (Jean-Marie Raymond Manens, dit « Espérance ») pourra en réchapper et poursuivra ses activités de résistance. Le maquis de Betchat sera, donc, alerté par la fusillade et se dispersera. Le sous-préfet de Saint-Gaudens, arrivé sur les lieux le soir même, le confirme dans son rapport du 12 juin 1944 « Marsoulas : incidents entre troupes d’occupation et terroristes. Représailles ».

 

Voir, aussi : http://aspetinf.chez.com/assoc/Marsoulas_ChapitreB1.htm

Castelnau-Durban

Après la prise de Foix (le 19 août 1944), la bataille de Prayols contre une colonne allemande venant de la Haute Ariège, le 20 ; la prise de St Girons, le même jour, et la reprise par une colonne allemande venant de Luchon ; et le 21 août, l’obstacle de Rimont qui vaut à ce bourg d’être incendié, l’Ariège se débarrasse de la présence armée allemande à Castelnau-Durban (22 août 1944).

 

Toutes les forces résistantes de l’Ariège, renforcées par celles de départements voisins, stoppent la marche forcée des Allemands ou Mongols vers Foix : l’Ariège est libérée… après de rudes combats qui firent des victimes civiles et « combattantes », sans armée régulière spécifique.

Nous proposons le vécu de celui qui « parlementa le premier » avec les forces allemandes ce jour-là : il s’agit de Bénito Pérez dit « Oscar » (nom de guerre pour tous les résistants de cette époque). Article paru dans le « Journal de l’Ariège » du 8 octobre 2004 :

….

« On roulait et on s’avançait sans le savoir sur Castelnau-Durban. Tout à coup, nous sommes pris sous le feu d’une mitrailleuse qui nous oblige à nous arrêter. Nous sautons tous du camion et nous nous mettons à couvert derrière des rochers. Avec Gos, on positionne notre mitrailleuse et on commence à riposter.

A un moment donné, on ne sait pourquoi, ni comment, mais leurs mitrailleuse se sont arrêtées. J’ai fait arrêter la mienne et c’était un bienfait car il ne nous restait presque plus de munitions. Je dis à mes hommes qui étaient disposés à une vingtaine de mètres les uns des autres : « Restez-là, et ne bouge pas ! Il y a quelque chose qui se passe ! ». Comme j’étais sur le bord de la route, je me mets en position sur le côté dans le fossé et attends cinq minutes.

Un instant après, qu’est ce que je vois ? Une jeep allemande qui arborait le drapeau blanc et qui arrivait sur moi. Dès que j’ai vu ça, j’ai redit à mes hommes de ne pas bouger, de rester là et surtout de ne pas tirer.

Lorsque je me suis retrouvé à une dizaine de mètres de la jeep, je suis sorti du fossé et j’ai pris deux gars avec moi. Nous nous sommes avancés et la jeep s’est arrêtée. Comme je ne parle pas allemand, ils nous ont amenés un soldat de chez nous, que j’avais envoyé comme éclaireur et qui avait été fait prisonnier. Il s’appelait Lenoir. Je le fais venir et je lui dis : « Dis moi ce qu’ils veulent ? ». Il me répond : « Ils veulent se rendre avec la colonne, mais pas à