Qui sont les membres du maquis FTP de Roquefixade?

1) Le commandement:

                        est issu du P.C. C’est pourquoi l’on y retrouve des personnes engagées politiquement. CALVETTI, par ex., (responsable des maquis de l’Ariège), parti sur le front nord est fait prisonnier et s’évade. Il reconstitue la section communiste et les Jeunesses communistes de Séte. Interné dans plusieurs camps, puis libéré, il devient responsable de plusieurs maquis (Savoie, Bédarieux, Tarn, Aveyron, P.O., Haute Garonne) avant d’être envoyé en Ariège (avril 44).

                        Jean SANNAC (chef de la 3101 après les combats de Roquefixade) est de Pamiers. Membre des Jeunesses communistes, membre de l’organisation spéciale du P.C., menacé d’arrestation, il rejoint les FTP de Toulouse. Puis de retour à Pamiers, il mène des activités de résistance avec les cellules communistes (sabotages, tracts…) et cela en étroite collaboration avec l’ancien maire de Pamiers, et les instances régionales. Il est à noter que Jean SANNAC est un des rares ariégeois à occuper des responsabilités de premier plan dans les FTP (la grande majorité des chefs militaires sont « étrangers » au département).

                        Benito PEREZ, alias « Michel OSCAR »,  « Oscar FONTAINE » ou « Michel BATAILLE »,est  né le 3/2/1924 à Cenon (Gironde). Il est au maquis FTP du Lot et Garonne jusqu’au 24 /2 /44. La direction régionale des FTP l’envoie, fin février, en Ariège. Arrivé à Pamiers, il a pour mission d’aller à Antras-Croquié pour essayer de former un groupe de combat avec une dizaine d’hommes qui y vivaient (« DANIEL », François ANDREU …). CAVETTI le rejoint.

                        Le commandement n’est pas livré à lui-même: les relais politiques et stratégiques se font avec la direction régionale du P.C, puis avec le commandement FFI dont le délégué départemental est Camille SOUYRIS dit « AUBERT ». Tout en ayant une certaine autonomie, la stratégie s’inscrit dans un vaste mouvement en vue de la Libération..

2) Les militants communistes:

                        Déjà engagés dans l’action locale, comme par ex. à Pamiers, ils rejoignent le maquis essentiellement à partir du 6 juin pour prêter main forte à l’action  programmée: celle de maintenir et de harceler les forces ennemies. Ils déserteront, alors, leur lieu de travail pour la clandestinité. Par ex. Milou BUSTAMENTE, Sébastien MARIN, Aimé PAGES… ou encore Paul BALASC, de Croquié-Mercus qui sera tué à Vira.

3) Les réfractaires au STO:

                        Recherchés, ils sont confiés ou réfugiés au maquis où ils peuvent se cacher, toutes tendances politiques confondues… C’est le cas par ex. de François ANDREU, César TOMASINI, Daniel PUJUILA, Gilbert ALLEGRE, De BON Michel… D’autre part, le bruit à Pamiers ayant couru que les ouvriers de l’usine seraient envoyés en Allemagne décide quelques uns à rejoindre le maquis…

4) Des personnes recherchées:

                        Réfractaires au STO, évidemment, mais aussi pour bien d’autres raisons: par ex.ceux qui viennent du nord de la France. Citons Marcel BLUM (sous officier dans la DCA venant de Paris), Emile DUSSART (de Caen)…

5) Des engagés contre l’occupant:

                        sans motivations politiques partisanes, mais pour se « battre ». Ce sera le cas, par ex., de deux gendarmes: Gustave MEYER dit « VALMY », venu de Bélesta et de CAURET dit « ARMOR », de Pamiers. Certains jeunes rejoignent, aussi, le maquis pour « prouver » qu’ils sont des hommes d’action. Car les FTP sont à l’été 44 les seuls groupes armés agissant concrètement sur le terrain.

                        Ce sont ces personnes venues d’horizons divers (ariégeois, nordistes, de Bordeaux, du Roussillon…) qui sont les maîtres d’oeuvre, pour l’essentiel, de la libération de l’Ariège avec les guérilleros espagnols. Si le mouvement est issu du P.C. (ce qui explique son manque d’équipement en armes et en logistique dû à la méfiance envers ce parti) , l’on ne peut donc pas dire que les FTP étaient tous des communistes…   

                        Cependant, il fallut, en peu de temps, – du 6 Juin au 6 Juillet- organiser l’ensemble humain (ce qui implique une certaine discipline) et en même temps exécuter la mission assignée (harceler et maintenir en place les forces d’occupation). C’est pourquoi, CALVETTI, chef des maquis de l’Ariège, au caractère bien trempé, répétait souvent:  » vous êtes venus, ce n’est pas moi qui suis aller vous chercher. Alors: exécution!… » Des décisions capitales devaient être, parfois, prises sans faire de détails ou de misérabilisme. 

Comment sont-ils rentrés au maquis ? Plusieurs cas de figure ; citons à titre d’exemple:

                        Milou BUSTAMANTE de Pamiers avait un frère plus âgé: François (qui sera tué à Roquefixade). Ce dernier, dés l’été 43, se retrouvait avec d’autres du groupe de résistance de Pamiers qui était organisé… Des actions se faisaient. En Octobre 43, il se décide à lui poser des questions. C’est ainsi qu’avec son voisin, BELLECOSTE, il les rejoint .Il est alors apprenti mécano. Il part avec le groupe de sabotage de Pamiers (qui comprend François BUSTAMANTE, Roger RAUZY, Siméon SARDA) pour Vira, au Moulin d’Engraviés, chez Aimé GOS, le 8 juin, veille de la bataille sanglante entre FTP et  Allemands.

                        De même, Sébastien MARIN, qui travaille à l’usine de Pamiers, demande de rentrer dans le groupe qui avait saboté une voie ferrée, dans lequel se trouvaient CHEVALIER, Siméon SARDA, RAUZY (tué à Roquefixade).

                        Idem, René CASTEL, de Larroque d’Olmes, rejoint Vira avec deux autres.

                        François BUSTAMANTE (chef de groupe tué à Roquefixade) travaille à l’usine de Pamiers. Il conduisit le groupe FTP et les guérilleros pour saboter l’usine qui travaillait pour les allemands, tandis que d’autres ouvriers surveillaient les entrées…

                        César TOMASONI travaillait sur la commune de Freychenet, prés du Bénal, (au Peyret) pour faire du bois gazogène. Réfractaire au STO, il rejoint le maquis de Roquefixade la veille de l’attaque. Il s’occupera ensuite du ravitaillement avant de participer à la bataille de Prayols et Rimont.

                        Bernard GARCIA, originaire de Pamiers, travaillait comme mitron à la boulangerie DELRIEU de Saint-Paul. Il sera tué à Roquefixade…

                        Daniel PUJUILA, qui devient l’adjoint de CALVETTI, est envoyé en Allemagne. Profitant d’une permission, il redescend dans le sud. Il part à Croquié, chez sa tante, Marie PUJIELA, en compagnie de François ANDREU, qui est, aussi, recherché. Ils doivent passer en Espagne. L’opération est annulée, car les passeurs sont arrêtés. Albert CANAL de Croquié, en lien avec Philippe et Georges AMIEL, ainsi que Roger BUILES (tous militants de Mercus) leur donne les premières armes… Ils restent et s’engagent sur le terrain (sabotage de l’usine de Mercus, de la voie ferrée…)

                        Gilbert ALLEGRE doit partir au STO. Il en parle à son oncle, BARRE de Celles (autre fief communiste, à l’époque) qui l’introduit dans le groupe de Croquié. (Il sera blessé au Pont du Prince, à Bélesta).

                        Bref, si, à la base, les FTP sont issus du militantisme communiste, donc, engagé, ils se sont étoffés en recueillant autant les réfractaires au STO que des volontaires patriotes.

(Extrait du livre : « Le Maquis de Roquefixade », J.J. Pétris)