Le quotidien des FTP

                        Les maquis sont, par essence, relativement clandestins. Leur vécu quotidien doit répondre à plusieurs exigences.

1) Leur ravitaillement

                        . Celui-ci se fait à partir de personnes concernées par cette mouvance: à Mercus, Philippe AMIEL, Albert CANAL, Roger BUILES, par ex. tout à fait au départ…;par des agriculteurs contactés; par les maquisards eux-mêmes, moyennant finances d’une caisse commune ou par bons de réquisitions dérobés ou qui vont « se servir » directement chez l’opposant, soit par des opérations dans des structures bien établies (école des chantiers de jeunesse, dépôts de tabac…), soit en interceptant les agents qui font les réquisitions ou les « affameurs » (marché noir), soit encore en dérobant les « bons » de ravitaillement qu’ils échangent ensuite (souvent avec la complicité des buralistes ou des secrétaires de mairie). La « complicité » peut, aussi, se faire sous la menace…

Lorsque l’on est en patrouille, l’on connaît toujours quelques adresses, au cas où…

C’est donc un réseau complexe qui assure la survie des maquis.

2) Leur armement.

                         Le réseau du P.C. clandestin ne put fournir que peu d’armes, qui plus est sans grande efficacité… Il fallut s’en procurer: c’est ainsi que des gendarmeries furent délestées de leurs mousquetons, revolvers et munitions. Parfois, l’on faisait un « coup » pour faire vider les casernes de leurs occupants afin de mieux les investir… ou bien l’on désarmait les forces de police lors d’un barrage.

                        Il y eut même – à l’approche du débarquement – un parachutage détourné par les guérilleros et les FTP, prés de RIEUCROS. Il fallut, par la suite, une rencontre avec « RICHARD » (Abel ROUS) de Verniolle (représentant de DE GAULLE en Ariège, en lien avec Londres) pour que des ravitaillements en armes puissent se faire, à l’approche de la Libération.

                        L’on a même échangé des armes contre des vivres avec un maquis de l’AS. Quant aux explosifs, il était relativement facile de s’en procurer par l’intermédiaire des guérilleros travaillant dans les mines. C’est le cas de celle de Péreille, par exemple, dont le directeur (Victor MOURAREAU, 53 ans) était le maire de la commune. Il sera, d’ailleurs, révoqué par le gouvernement de Vichy le 21 Mars 44 pour « avoir commis de graves irrégularités dans l’exercice de ses fonctions ». Le 19 Juin, il sera inculpé de « fabrication et usage de fausses pièces d’identité, de délivrance et obtention de cartes d’alimentation ». Il sera, enfin, remis en fonction le 12 septembre 44.

3) La surveillance.

Les mouvements (convois, déplacements…) des opposants faisaient l’objet d’attentions. Un réseau de « services des renseignements » interne était en place, au maquis lui-même, mais surtout au sein de la population (avec les risques de délations infondées et des règlements de comptes personnels). Mais aussi des patrouilles sillonnaient, en général à pied – le carré Pamiers-Mirepoix-Lavelanet-Saint Paul-Foix.

4) Des actions programmées ou spontanées.

Les premières se faisaient au niveau de l’Etat Major, en lien avec la région : d’où des rendez-vous clandestins (à Pamiers ou à Toulouse). Parfois, les chefs guérilleros y participaient. Des agents de liaison (appelées « estafettes ») portaient des messages d’un lieu à l’autre (et cela jusque dans le Saint Gironnais où un groupe FTP existe autour de René PLAISANT). Des réunions d’Etat Major ont lieu toutes les semaines où toutes les questions concernant la Cie sont discutées.

                        Des missions étaient assignées soit à un groupe soit à un détachement…Des actions spontanées (donc pas prévues) pouvaient se réaliser, sous la responsabilité de leur(s) chef(s). C’est l’exemple de l’attaque d’une voiture allemande entre Garrabet et « La charmille » (Saint-Paul).

                        Cependant, il faut noter 2 phases dans les actions. La première se situe avant l’installation au Merviel-Vira. Elle est faite de sabotages, d’actions menées par petits groupes (comme celui de Croquié ou celui des « légaux » de Pamiers). La seconde, à partir du 1er Juin, qui montera en puissance. Elle est du fait de 3 facteurs:

                        – l’effet du débarquement

                        – l’afflux de volontaires et la mobilisation avec une nouvelle organisation

                        – les actions menées en commun: FTP et guérilleros.

                        Durant un mois (du 6 juin au 6 juillet), la région de Pamiers, Mirepoix, Lavelanet, Saint-Paul va connaître une période d’actions de guérilla, organisées par les FTP, mais aussi par les guérilleros espagnols (attentats sur les personnes et les biens, sabotages…) et donc d’insécurité qui va exaspérer allemands et miliciens. Pour tenter d’y mettre fin, une vaste opération sera programmée: ce sera l’attaque du maquis, à Roquefixade.

(Extrait du livre : « Le Maquis de Roquefixade », J.J. Pétris)