Département de l’Ariège, Arrondissement de Pamiers, Chef-lieu du Canton du Mas d’Azil

Altitude : 275 / 580 m

Longitude : 1° 21’ 38’’ E

Latitude : 43° 04’ 50’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

 

Démographie

Approches historiques

Patrimoine

Pour en savoir plus…

Célébrités

Superficie: 3839 ha

Démographie :

1806 : 2664

1851 : 2816

1856 : 2619

1901 : 2139

1921 : 1712

1946 : 1589

1968 : 1682

1982 : 1401

1999 : 1114

2006: 1111

Nom des habitants : Aziliens et Aziliennes


Approches historiques :

De renommée mondiale par son site préhistorique qui a donné naissance à une civilisation qui porte le nom de ce village ariégeois : « l’azilien »

Les Bénédictins y fondent l’un des premiers monastères du Midi. Le premier document qui le concerne est daté de l’an 817 lorsque Louis le Débonnaire fait dresser un état des monastères (Cartulaire du Mas d’Azil).

La paroisse sous le nom de « Mansus azilius »  dépendra pour le temporel de Foix, mais est sous le patronage de l’abbé du Mas d’Azil.

Alliée à l’abbaye de saint Volusien de Foix, pour se protéger, l’abbaye conclut un paréage avec le comte de Foix en 1246, Roger IV qui accorde une charte de coutumes à la communauté.

Enfin, une bastide fut fondée en 1286 par l’abbaye Saint Etienne. Des remparts sont édifiés par les bénédictins en 1303

Le chemin de Saint Jacques de Compostelle venant de Fanjeaux faisait étape au Mas d’Azil après Pailhès avant de rejoindre Lescure

Chef lieu de châtellenie, le protestantisme y fit son apparition dès 1540 et s’y implanta pour en devenir un haut lieu et appelé « La Genève du comté de Foix ». Le premier pasteur de l’actuelle Ariège semble être Bernard Perrin (novembre1561)

Rapidement majoritaires, les protestants, durant le siège tenté en 1568 par Bellegarde, sénéchal de Toulouse, rasent l’abbaye Saint Etienne : Les moines quittent le lieu pour Montbrun (ils ne se réinstalleront que vers 1649).

1569: Le culte catholique est provisoirement interdit au Mas d’Azil

Claude de Castet, qui commandait les troupes du roi de Navarre dans le comté de Foix est nommé gouverneur du château du Mas d’Azil par lettre du 9 février 1570

Selon Castillon d’Aspet « la reine Jeanne d’Albret fit ajouter à la fortification naturelle du lieu  (la grotte du Mas d’Azil) une muraille avec une porte bardée et chevillée qu’on fermait à clef… plusieurs familles des villages voisins (protestants) s’étaient réfugiées dans cette grotte ». Deux fois la grotte fut attaquée sans succès

Mais le haut fait historique du Mas d’Azil est son siège, commencé le 15 septembre 1625 et qui dura plus d’un mois : 1000 protestants, encerclés derrière les remparts, font face à l’armée royale du maréchal de Thémines, composée de 14 000 hommes, avant de capituler. Anecdotes concernant ce fait: après chaque canonnade, les femmes, en particuliers, reconstruisaient les murs; on a mis le feu aux queues des chèvres qui sont envoyées sur le camp des ennemis qui est ainsi incendié…

En 1629, le château est démantelé et les fortifications seront rasées en 1636.

Les moines reviennent au Mas d’Azil vers 1649 et édifient une église en 1673 sur les fondements de l’ancienne abbatiale. L’abbaye saint Etienne sera supprimée par la commission des Réguliers en 1774

Deux synodes provinciaux se seraient réunis au Mas pour délibérer sur les intérêts religieux des églises réformées du Haut Languedoc et de la Haute Guyenne

NB: En 1683, la population du Mas d’Azil se composait de 1608 protestants et de 508 catholiques

Sous le 1er Empire, le Mas d’Azil est une centre commercial avec ses foires : le 1er vendredi du Carême, mercredi après le 2éme lundi de la mi-Carême, le 1er mercredi de juillet, 12 septembre, le 8 novembre, le 28 décembre

1855 : le chanoine J.J. Pouech y met à jour les premiers restes de dinosaures et des coquilles d’œufs en 1859

Au début du XXème siècle, sept instituteurs, trois curés et un pasteur sont présent sur la commune pour le Mas d’Azil et ses hameaux : Maury, Rieubach, Raynaude, Saret, Balança, Causseraing, Baluet, Plagne, Lapeyrère, Gouzy, Lacoite, Lasserre

A cette période, un four à chaux et des filatures de laines sont les principales activités industrielles.

1935 : démolition des « murailles restantes »

1940 : Découverte du fameux « faon à l’oiseau » (propulseur en bois de renne)

20 avril 2006 : naissance à Toulouse, entre la Cité de l’Espace et la Vallée de l’Arize, d’un partenariat historique : la vallée des Sciences

La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises


Patrimoine :

Église paroissiale dédiée à saint Ferréol et à saint Etienne (18ème): servait autant aux bénédictins (jusqu’en 1774) qu’à la paroisse. M.H. : 17/04/1950 (tour octogonale à bulbe)

Église ND de la Raynaude et son chemin de croix: une église, d’abord dédiée à saint Lizier (« Saint Lizier d’Estilled » dans le cartulaire du Mas d’Azil, 1100) se trouvait non loin du lieu: endommagée durant les guerres de religion ; restaurée et consacrée en 1777. Elle fut démolie en 1860 ; une nouvelle église fut construite (première pierre posée le 2 octobre 1863) à Portetény (dédiée à l’Immaculée Conception) sans le concours de l’État. L’histoire retient l’anecdote suivante: En 1892, l’édifice n’est pas fini par manque de finances. Rockefeller passant dans le secteur laisse au curé bâtisseur, Rousse, l’argent nécessaire à sa finition… Elle sera bénie par Mgr Rougerie le 4 mai 1895. A côté de l’édifice religieux, un orphelinat et une école (pour éviter que les enfants n’aillent chez les protestants!) y avaient été construits par le curé.

La plupart des tableaux qui ornaient les chapelles du chemin de croix ayant été détériorés ou volés, l’évêché fit don, dans les années cinquante, de motifs décoratifs en métal repoussé récupérés lors de la destruction du monastère du Carol (commune de Boulou). Restauration du chemin de croix extérieur en 2005. (NB: le dernier curé en titre était l’abbé Auguste Mouchard, décédé en 2006)

Temple du Mas d’Azil: L’actuel serait le 5ème qu’ait connu le Mas d’Azil. Le premier se trouvait dans l’église qui avait été récupérée (l’abbaye bénédictine avait été détruite par les protestants); le second (le plus grand du Sud-Ouest), construit en 1610, a été démoli après la révocation de l’Edit de Nantes; Le troisième avait été clandestin (dans un immeuble), appelé « Maison d’Oraison »; le quatrième n’a été que provisoire, dans l’hôpital de l’ancienne abbaye bénédictine; enfin, l’actuel datant de 1821 (inauguration). A noter: la chaire serait l’ancienne de la Maison d’Oraison; On remarquera les bancs, offerts par les familles, qui ont été allongés en fonction de l’agrandissement de ces mêmes familles… L’orgue a été offert par une paroisse hollandaise

                          

Non loin du temple, se trouve la chapelle protestante: plus petite, elle sert aux offices durant la période hivernale (construite en 1901)

Tracé de route romaine

Maisons à colombages

Esplanade du « Champ de Bellone » (SI)

Ruines de châteaux à Plagne et Castel-Mirou

La fontaine des moines (à la ferme Peyboué) : vestige des bénédictins.

Lac de Filheit : 63 ha

Fontaine dans la ville qui date de l’époque de Louis XVI.

Musée de la préhistoire : avec « Le faon aux oiseaux » et « le Protome de Cheval » ;

Le temple de Rieubach (construit en 1848)

                  

Dolmen du « Cap del Pouech » : formé de 5 pierres (dont 4 verticales). Fouillé par l’abbé Pouech, des ossements humains y ont été trouvés.

Dolmen de Seignas dit « Pierre St Martin » au lieu-dit La Lauzette (néolithique), privé. M.H. : 1889

Dolmen de Bidot (au lieu « La Caire »), néolithique, privé. M.H. : 1889

« La forêt aux dinosaures » (espace muséographique) : ouverture le samedi 13 août 2005

NB : Le cartulaire du Mas d’Azil mentionne : l’église de Reynaude, de Roquebrune, St Julia et la chapelle de Belestar ; La carte de Cassini, quant à elle mentionne uniquement « l’église du Couvent » et celle de Reynaude

Grotte ornée (paléolithique supérieur). M.H. : 09/08/1942 ; 26/10/1942

Appelée « caverne de Roland », d’après la chronique de Squerrer

«  La route de la grotte » date de la fin du XIXème siècle et remplace celle de 1859, que la crue de 1875 avait emportée. Auparavant les piétons seuls traversaient le tunnel

Porche amont de la grotte : 65 m de haut et 50 de large ;  410 m de long, traversée par l’Arize et la route nationale qui longe la rivière ; 4 étages de galeries visitables ; gravures ; peintures (non visibles); Salle du Temple (refuge des protestants lors du siège de 1625); salle Édouard Piette (découvreur du crâne azilien et à qui l’on doit l’appellation de civilisation azilienne)

                                    

Les vers marquant l’entrée de la grotte du Mas d’Azil sont du poète Fernand Icres (1856-1888):

« En vain le souvenir meurt dans le cœur des hommes ;

Sur le roc, par ces vers, je veux éterniser

Malgré le temps qui fuit et le peu que nous sommes,

Le parfum d’une fleur et l’émoi d’un baiser »

Anecdote : Les fiancés allaient chercher une cruche d’eau de la grotte du mas d’Azil et en aspergeaient le lit et la chambre

Projet d’usine d’aviation dans la grotte du Mas d’Azil:

Avec la seconde guerre mondiale, la Société des Constructions Aéronautiques du Midi (pour le compte de Dewoitine) pense utiliser des grottes pour des usines souterraines à l’abri d’éventuels bombardements (mai 1940). Deux projets sont retenus: Bédeilhac et Le Mas d’Azil. Le représentant des Monuments Historiques semble prêt à accepter moyennant quelques restrictions (pas d’utilisation de la rive gauche, et fermeture des galeries, et, donc, fermeture des entrées et sorties de la route). Les circonstances historiques (fin des hostilités en juin 1940) interrompent le projet.

Mais, fin 1943, les autorités allemandes demandent au préfet un inventaire de toutes les grottes de l’Ariège. La route de la grotte du Mas d’Azil est pressentie pour être fermée de part et d’autre afin d’installer une usine souterraine pour les besoins de l’Armée allemande. Décembre 1943 : Les autorités allemandes demandent au préfet de l’Ariège l’interruption de la circulation par la grotte du Mas d’Azil et de prévoir des déviations: Deux  sont prévues pour la circulation des automobiles et des poids lourds; mais le Ministère de la Production Industrielle et des Communications, s’il est d’accord pour ces déviations, demandent aux autorités allemandes de les financer… Et cela traînera… pour ne pas être utilisé, au contraire de la grotte de Bédeilhac qui posait moins de problèmes et fut utilisée pour les besoins de l’aéronautique allemande…


Pour en savoir plus…

Dans les BSA:

« Abbaye du Mas d’Azil, monographie et cartulaire, 817-1774 », D. Cau-Durban, 1896 et BSA 1896

« Journal du siège du Mas d’Azil en 1625, écrit par J. de St Blancard, défenseur de la place contre le maréchal de Thémines », Barrière-Flavy, 1894 et BSA 1894

« L’Ariège de l’Empire à la République, comportement spécifique de la commune du Mas d’Azil durant cette période », F. Sans, BSA 1986

« Les fouilles de m. E. Piette dans la grotte du Mas d’Azil », Emile Cartailhac, BSA 1893

Wemyss : « Les protestants du Mas d’Azil. Histoire d’une résistance. 1680-1830 », 1961

« Le Mas d’Azil depuis le siège de 1625 jusqu’à la Révocation », Napoléon Peyrat, 1878

« Le Mas d’Azil depuis la Révocation de l’édit de Nantes jusqu’à la fin du règne de Louis XIV (1685-1715) », Napoléon Peyrat, 1878 (BSHPF)

Cau-Durban (D) : « État du Mas d’Azil après les guerres de religion », Revue des Pyrénées, 1897

« Le capitaine Dusson, ou le siège du Mas d’Azil », Napoléon Peyrat, 1857 (BSHPF)

« La communauté protestante du Mas d’Azil de 1680 à 1848 », doctorat de Mme Cunnack-Wemyss, 1959, Tse

« Mémoire historique sur le Mas d’Azil », Saint-Paul, 1843

«L’église abbatiale et paroissiale du Mas d’Azil », L. Blazy  (Bull. hist. Du diocèse de Pamiers, 1896)

« Histoire des Albigeois, les Albigeois et l’inquisition », 1870 (réédition Lacour, 1996)

« Groupe de dolmens et demi-dolmens des environs du Mas d’Azil », Abbé Pouech, Bull. archéo. Du Tarn et Garonne, 1904

« La grotte d’Azil, précédée d’une notice sur Siméon Pécontal », Napoléon Peyrat, 1874, Paris, Grassart

« La communauté protestante du Mas d’Azil de 1680 à 1848 », doctorat de Mme Cunnack-Wemyss, 1959, Tse

« Histoire des Albigeois, les Albigeois et l’inquisition », Napoléon Peyrat, 1870

« Les dolmens du Mas d’Azil », M. Alteirac (Actes du collouque : J.J.Pouech, Pamiers, 16-17 octobre 1992 (Société historique et archéologique de Pamiers et de la Basse Ariège)

Aux ADA:

Abbaye du Mas d’Azil : ADA H 14-43 + BN Collection Doat : 93-102

Collection Doat (Biblio. Nat. De France) : Abbaye du Mas d’Azil (1075-1372) : vol 97 (consultable aux ADA)

Reconnaissances de Pierre Desserres (1668-1671): ADA, 45 J 138

Plans divers et dossiers: ADA 2 O 894 à 908 (écoles, églises, temples,  construction du temple de Rieubach en 1842,…)


Célébrités

La famille Du Gabé: dont Charles-Casimir, né au Mas d’Azil le 27 février 1799 (DCD le 14 avril 1874) : avocat (entre autres dans la révolte des « Demoiselles »), député de l’Ariège de 1834 à 1848

Amédée Roujas : maire du Mas d’Azil et conseiller général du Mas d’Azil (le 28 juillet 1895, le 21 juillet 1901, le 28 juillet 1907), né au Mas le 28 juillet 1849

André Saint-Paul : Médecin, résistant, maire du Mas d’Azil, conseiller général du canton, président du conseil général de l’Ariège de 1965 à 1985; député de 1968 à 1981 (Décédé le 9 septembre 2000)

Pierre Lazerges : né à la Raynaude le 10 février 1838 : ingénieur et météorologiste (travaux essentiellement sur l’ozone et la prévision du temps) ; de nombreux écrits

Naissance de Paul Laffont le 25 avril 1885, avocat et homme politique ; sous secrétaire d’Etat au ministère des Postes dans les cabinets Briand et Poincaré ; sénateur le 20 octobre1929 ; assassiné le 13 juillet 1944

Antoinette Montaudry : poétesse et romancière (19 et 20èmes), née près le Mas d’Azil

Rémy Matossi : Poète qui se maria et mourut au Mas d’Azil (Voir « Œuvres du poète patois Rémy Matossi », par F. Pasquier, BSA 1890)

J. Decap : érudit qui a écrit dans le BHDP, l’Annuaire de 09, la Sem. Cath. De Pamiers.

Agnès Parmentier, née de Lingua de Saint-Blanquat:

Hommage à Mme Agnès Parmentier de Mme Claudine Pailhès, Directrice des Archives départementales de l’Ariège (Samedi 18 mars 2006, au temple de Sabarat):

 

« Je viens apporter un témoignage personnel, bien sûr, et je suis très touchée de pouvoir le faire ici ce soir en ce lieu de communion ; Mais je représente aussi la communauté des archivistes de France à laquelle Agnès appartenait, ce qui n’est pas un vain mot ; c’est une communauté forte, qui connaît chacun de ses membres et qui sait s’associer dans les joies et dans les peines. De nombreux collègues m’ont contactée ces jours-ci et je peux dire ainsi que je parle en leur nom, et tout particulièrement au nom de l’Association des Archivistes Français et au nom des collègues d’Agnès aux Archives Nationales. Et que les mots que je vais dire ne sont pas des paroles de circonstance mais des mots qui viennent du cœur de ses collègues.

 

Je suis arrivée aux Archives de l’Ariège six ans après qu’Agnès les eût quittées. C’est dire qu’elle était encore très présente dans le service et que, sans la connaître, j’entendais bien souvent parler d’elle, de sa gentillesse, de sa bonne humeur, de son humanité autant que de son professionnalisme. Aux Archives bien sûr, mais aussi dans toutes les instances culturelles du département. Elle avait en effet largement débordé sa fonction. Elle s’investit de façon très active dans la Société Ariégeoise des Sciences, Lettres et Arts dont elle était la secrétaire et donc la cheville ouvrière de la publication annuelle ; elle anima l’Association des Amis de Pierre Bayle, chargée entre autres de sauver sa maison natale. Elle fut au premier plan aussi de l’installation du Musée de l’Ariège dans le château de Foix, où elle créa une section ethnographique.

 

Puis elle partit vers d’autres cieux pour mener une carrière diverse et variée aux Archives départementales du Calvados, aux Archives municipales de Créteil, aux Archives départementales de Seine-Saint-Denis et puis à la tête des Archives départementales de l’Hérault et de la région Languedoc-Roussillon, enfin aux Archives Nationales.

Dans chacun de ces postes, elle a mené une action très scientifique qui lui amené une profonde reconnaissance professionnelle, dans la collecte et le traitement des archives, archives de préfecture et archives privés –dont celles de sa propre famille- en Ariège, archives privées dans le Calvados et bien d’autres bien sûr.

Elle a eu à assurer l’adaptation des services qu’elle a dirigés aux grandes mutations de notre métier : les problèmes de bâtiments (c’est elle qui a initié le projet de construction en Ariège), la décentralisation quand elle était à Montpellier, l’informatisation…

Mais, ce qui caractérise, professionnellement, c’est l’importance qu’elle a donnée à l’animation culturelle, au rayonnement des services d’archives dans les départements. Réalisation d’expositions –elle a présenté la première exposition des Archives de l’Ariège en 1968 (c’était sur l’Ariège du XIX° siècle), implication dans le service éducatif, publications… C’est aujourd’hui chose commune mais c’était nouveau lorsqu’elle a commencé le métier.

J’accorderai une mention particulière à l’action qu’elle a menée aux Archives Nationales dans la préparation de la commémoration de la création du corps préfectoral, en 2000, et dans l’exposition et la belle publication qui en sont issues et qui lui ont valu de recevoir en 2001, dans les locaux de l’Institut de France, la Médaille de ce même Institut. Une grande importance aussi donnée à la participation aux activités associatives, je l’ai dit pour l’Ariège, et ce fut vrai partout où elle est passée. Agnès a encore beaucoup œuvré dans le cadre de la formation professionnelle, notamment quand elle était en région parisienne puis dans l’Hérault, s’attachant à transmettre le savoir et une riche expérience aux générations futures.

 

Je lui ai succédé moi-même dans un de ces postes et je puis témoigner en connaissance de cause de ses qualités professionnelles d’archiviste. Je puis témoigner aussi, comme d’autres l’ont fait ailleurs, des qualités humaines –gentillesse, respect, compréhension…- dont elle témoignait dans l’exercice de ses fonctions, fonctions pas toujours facile à assumer…

Mais j’ai surtout connu Agnès comme historienne et c’est l’image que, personnellement, je retiens comme la plus forte. Nous avons un métier qui offre la possibilité, quand évidemment le reste nous le permet et sans négliger ce reste, d’allier obligations professionnelles et passions. Et Agnès a su se donner ce bonheur-là. Tout au long de sa carrière, et au-delà, jusqu’à ses derniers jours, elle a consacré cette partie « passionnelle » de son métier à travailler sur ce qui représentait certainement deux points forts de sa personnalité : sa foi religieuse avec l’étude de la communauté protestante, son enracinement dans la terre natale avec l’histoire ariégeoise. Et avec le plus grand plaisir, j’imagine, quand les deux se croisaient.

En Ariège, elle a amené le dépôt aux Archives départementales des archives de l’Eglise Réformée du Mas d’Azil et elle a classée elle-même ce fonds. Dans le Calvados, elle s’est attachée au traitement des archives des communautés protestantes d’Ancien régime et aux archives du consistoire de Caen et elle a été le maître d’œuvre d’une grande exposition sur le protestantisme de Basse Normandie. Quant aux Ariégeois, elle les a « traqués » partout où elle est passée, retrouvant les archives des vicomtes de Couserans à Caen ou s’attachant, en région parisienne, au pasteur de Saint-Germain-en-Laye, Napoléon Peyrat. Toujours enthousiaste à dire oui, elle a participé à presque tous les colloques organisés en Ariège, et c’est là que, personnellement, je l’ai connue.

 

Agnès était une archiviste et une historienne reconnue parmi ses pairs et cela, les échanges que j’ai eus ces jours-ci me l’ont confirmé, s’il en était besoin. Mais là où ces témoignages sortent vraiment du commun, c’est lorsqu’ils évoquent son attitude dans l’épreuve.

Les dernières années de sa vie professionnelle, vous le savez tous, ont été marquées par la maladie. Les responsables de l’Association des Archivistes français ont souligné la fidélité à son métier, manifestée jusqu’au bout et dans les conditions les plus difficiles. Ses collègues des Archives Nationales, surtout, eux qui la côtoyaient chaque jour, m’ont dit qu’elle fut alors et quelle est toujours leur admiration pour son courage, son égalité d’humeur, sa hauteur de vue, sa sagesse, sa façon de « faire la part des choses ». Tout devenait de plus en plus difficile pour elle mais, chaque fois qu’un nouvel écueil apparaissait, elle réorganisait son travail pour faire face, avec force d’âme et avec simplicité. On a employé le mot d’  « élégance ». On m’a dit que jamais on n’avait l’impression que les choses lui étaient difficiles ; et de cela, je témoigne moi aussi : ces dernières années, je ne l’ai jamais vue que le visage gai ; je pense notamment au jour de l’inauguration de notre exposition sur le protestantisme ariégeois : elle était « rayonnante » au sens profond du terme. Ceux qui la connaissaient bien m’ont dit aussi qu’ils savaient à quel point son entourage personnel lui donnait force.

 

Solide et assurée dans son métier, investie passionnellement dans son travail scientifique, profondément humaine dans ses rapports avec les autres, Agnès a traversé les mauvais jours avec dignité et « élégance », assumant les problèmes quand ils venaient et au mieux de ce qu’elle pouvait faire, sans plainte, sans acrimonie. Selon la belle expression d’une de ses collègues parisiennes, elle avançait dans la vie « les yeux ouverts ».

Armorial (1697) :

Ville : De gueules, à un château d’argent, la porte ouverte du champ

(Réalisation: Y.A. Cros)

Chapitre de l’église abbatiale : d’Azur, à un agneau pascal d’argent

Terrier : Livre de reconnaissances du Mas d’Azil (1761) : E 51

Registre paroissial le plus ancien : 1681


(Étude : J.J. Pétris; participation d’Y.A. Cros)