Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix ; Canton de Montgailhard

Altitude : 425 / 1773 m

Longitude : 1° 39’ 38’’ E

Latitude : 42° 54’ 49’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

– Approches historiques

– Patrimoine

Labat

Célébrités

– Pour en savoir plus…

Superficie : 2251 ha

Démographie :

1390: 460 habitants environ
1765 : 1155 habitants

1806 : 1148

1851 : 1549

1856 : 1351
1872 :

Saint-Antoine : 11 habitants
Antras :            244 habitants
Labat :             146 habitants
Saint-Paulet :   166 habitants
Saint-Paul :      760 habitants

1901 : 1094 habitants

1921 :  996 habitants

1946 :  754 habitants
1968 : 1103 habitants
1975 : 1068 habitants

1982 : 1100 habitants
1999 : 1222 habitants

2006: 1233 habitants


Étymologie :
Vocable  » Saint-Paul  » : village fondé par l’abbaye Saint-Sernin de Toulouse, installée dans un de leurs fiefs, Celles, qui l’appela ainsi.

 » Jarrat  » : lieu de fabrication de poteries.

Dans les textes anciens, nous trouvons plusieurs appellations différentes pour nommer Saint-Paul : Sant Paulo de Gerets, de Gerrac, de Garrat, Garriat, Gerrat.

« Sant Paul » en forme romane (Esquerrier)

En novembre 1793, Saint-Paul de Jarrat est devenu momentanément  » Paul de Jarrat « .

Nom des habitants : Saint-Paulois et Saint-Pauloises


Approches historiques :

Une récente exploration d’archéologues a révélé des matériaux datant d’un siècle avant J.C sur son territoire.

Saint-Paul est cité dès la fondation du Comté de Foix (1036) avec ses dépendances. C’est, donc, la confirmation que Saint-Paul existait bien avant. D’autres textes (cartulaire de l’abbaye Saint-Sernin de Toulouse et bulle de papes) mentionne la paroisse de Saint-Paul (parfois sous le nom de Saint-Paul de Saint-Michel de Celles) comme dépendant, dans un premier temps de cette abbaye de Toulouse qui avait une « antenne » à Celles.

Avant la Révolution, l’actuelle commune de Saint-Paul comprenait deux seigneuries : Saint-Paul et Labat.

Cependant, la seigneurie de Saint-Paul englobait, aussi, l’actuelle commune de Freychenet. Selon les périodes, la seigneurie ou baronnie de Saint-Paul possédait des lieux fort éloignés de son siège (Urs, Montaut, etc… même Saverdun… a appartenu à Saint-Paul!)

Dans le texte délimitant le Comté de Foix, avec ses seigneuries  » Descripto del Comtat de Foix « , nous trouvons :

 » Seignoria de Sant Paul : Saint Paul, Saint Paulet, Alabat, Langlada, Lo Carpedor, Entras, Belmonto, Fraxeneto, Cayrolgasc « 

 » Alabat  » est Labat ;  » Langlada « , Langlade ;  » Lo Carpedor  » semble être, si l’on se réfère au livre de Reconnaissance de 1771, le quartier de l’ancien château (place Bigeyre) à « La Cascade);  » Entras « , Antras ;  » Belmonto  » se trouvait entre Celles et le hameau actuel du Sourt (commune de Freychenet) ;  » Fraxeneto  » est Freychenet ; Cayrolgasc serait le Roc de Carol (entre Saint-Paul et Antras).

En 1277, sous le règne de Philippe III, la possession du baron de Saint-Paul nous dit le Cartulaire de Boulbonne est alors :

 » Château de Saint-Paul et lieux d’Anglada, Saint Germier (sic), Castel Courneille dans la vallée de Saint-Paul, Labat, Entras, Fraissinet, Belmont, Boislo, Lierbeli, Marquefave, Villemur et ce qu’il possédait depuis le ruisseau d’Estrol qui séparait le domaine de Saint-Paul de celui de Montgailhard jusqu’à Montferrier, Lordat, Roquefixade, Arnave et ailleurs dans le Lordalais « 

NB: Après l’épisode cathare, du 5 juillet 1318 au 9 octobre 1325, le tribunal d’Inquisition siégea 370 jours dont 3 fois à Saint-Paul de Jarrat

Un dénombrement du Comté de Foix, réalisé en 1390, nous donne quelques indications sur la population de la seigneurie de Saint-Paul.

Selon le critère de Voltaire, un feu correspondrait à environ 4,5 personnes.

Nous aurions donc :

Saint-Paulet : 27 hab.

Saint-Paul : 140 hab.

Langlade : 32 hab.

Labat : 50 hab.

Antras: 99 hab.

Carolgast (Roc de Carol) est un hôpital

A cela s’ajoutent :

Belmont (entre Celles et Le Sourt): 54 hab.

Freychenet : 40 hab.

De célèbres familles seigneuriales régnèrent sur ce territoire, seconde baronnie du Comté de Foix : les Villemur, de Béon, de Bermon, de Montgazin pour Saint-Paul ; les de Montaut, de Gabec pour Labat. A ceux-là, il convient de mentionner la famille Lamarque qui régna comme si elle était de puissance seigneuriale sur Saint-Paulet.

 

 L’emplacement actuel de Saint-Paul
(Cet article n’engage que son auteur : le recoupement de plusieurs documents l’emmène à cette conclusion) :

Le village primitif de Saint-Paul (avant 1500) se trouvait sur la rive droite du Scios (le château du seigneur et second baron du Comté de Foix étant situé au sommet du Castelet, au dessus du cimetière actuel).

La vie économique (village de Saint-Paul, métairies dépendant des seigneurs du lieu) se trouvait, alors, entre le Castelet, Fourtic, Cathala, La Plaine et le Cor ; plus les hameaux de Saint-Paulet, Antras, Langlade et Carol Cast (Roc de Carol). Labat, après avoir appartenu à Saint-Paul, est devenu seigneurie indépendante.

Le chemin du Languedoc, arrivant de Montgailhard à Saint-Paulet et longeant l’actuelle route menant à Caraybat rejoignait Celles (situé en Languedoc et non dans le Comté de Foix) en passant non loin du Cor.

La route La Charmille (RN 20) à Saint-Paul-Celles (RN 117), telle que nous la connaissons, n’a qu’un peu plus de 200 ans… puisque réalisée avant la Révolution.

C’est à partir de 1486 que le bourg de Saint-Paul changea de place… Pourquoi ? Gaspard de Villemur, seigneur et baron de Saint-Paul, très puissant dans le Comté de Foix, choisit le camp de Jean de Foix pour la succession de Fançois Phoebus. Ceci mit Catherine de Navarre en furie : elle envoya ses hommes incendier et raser le château et le village de Saint-Paul.


Lettre de Catherine de Foix sur l’incendie du château de Saint-Paul (Archives de Pamiers)

Elle confisqua les terres du seigneur et en fera don, le 18 décembre 1486 à un nommé Johan d’Andonhs, dit Doason. Cela sera, encore, confirmé le 7 octobre 1488, à Pau. Mais un accord intervient le 12 octobre 1491 pour régler le litige et dédommager le seigneur des lieux : Gaspard de Villemur s’engage vis à vis du sire d’Albret et de Jean de Foix à servir le roi de Navarre.

L’accord est tel que Louis XII fait de Gaspard de Villemur, par lettres patentes du 20 janvier 1509, sénéchal et gouverneur du Pays de Foix. Sa fille Catherine de Villemur, épouse même, le 14 novembre 1509, Jean de Foix. Ce compromis, moyennant finances, permit de reconstruire le siège de la baronnie, bien que Jean de Lévis, seigneur de Mirepoix, tenta à la mort de Gaspard de Villemur de prendre possession de Saint-Paul (1535).

Une nouvelle distribution des terres se réalisa alors sous Jean de Villemur : une reconnaissance durant l’année 1543 devant le notaire Maysonnade est signée avec tous les propriétaires (impôts en avoine, blé, poulets et même champignons obligent …) : le village s’établit au Carpidou (quartier rappelant le nom du ruisseau de Langlade alors nommé Carpidou).

C’est aussi à la même époque que fut construite l’église du bourg, à partir de 1546 (et non en 1763, comme on pourrait le penser en lisant la date mentionnée au dessus de son porche : cette dernière indique la fin de grandes restaurations de l’édifice, payées sur le testament de Mgr de Verthamon, évêque de Pamiers, dont l’état des travaux à effectuer date de 1745. De plus, un accès nouveau venait d’être créé jusqu’à cette porte).

L’église de la communauté de Saint-Paul se trouvait à Saint-Paulet et s’appelait Saint-Martial (construite vers 1200) Le bourg de Saint-Paul sur l’emplacement que nous lui connaissons est donc récent (500 ans à peine !).

Les maisons les plus anciennes se trouvent autour de la place Elie Bigeyre où résidaient tous les notables (auprès du château, appelée il y a peu encore, Place  » Bellecour  » et plus anciennement  » de la Técounière  » (lieu où l’on jouait aux quilles…).

A la Révolution, Saint-Paul, dans un premier temps,  refuse la réunion de ses hameaux pour créer une municipalité : il y aurait eu alors trois communes sur le territoire actuel !

Le décret du 4 mars 1790 fait de Saint-Paul l’un des 28 cantons du nouveau département pour être supprimé le 15 octobre 1801.

Saint-Paul comprend (depuis la Révolution), outre le bourg et des appellations d’anciennes métairies, quelques hameaux : Antras, Labat, Langlade et Saint-Paulet . Freychenet devient commune indépendante ; alors que le domaine de Belmont dépendra de Celles.

Répartition de la superficie de Saint-Paul en 1847:

Terres labourables: 790 ha 86, 94

Vignes: 39 ha 61, 82

Jardins: 9 ha 08, 99

Prés: 179 ha, 39, 12

Pâtures: 318 ha 26, 55

Bois: 895 ha 86, 43

Vergers: 27 ca, 98

Châtaigneraie: 59 ca, 04

229 maisons; 1 forge; 3 moulins à eau; 1 martinet à fer

1854: année du choléra.

Industries anciennes :

Le travail du fer par sa première forge déjà mentionnée dans le dénombrement de 1390 et qui se trouvait près de Langlade, au lieu dit Le Martinet (situation mentionnée dans un livre de Reconnaissances),

L’emplacement de la première forge serait au « Martinet » (terrain labouré)

puis par sa forge à la catalane (derrière l’église), alliée à des mines de fer (Saint-Antoine et Freychenet) et sa fabrique à clous de Langlade et Martinet, ainsi que la convergence de plusieurs ruisseaux assurèrent à Saint-Paul un essor économique reconnu.

La production des fours à plâtre de la commune se vendait essentiellement dans la région toulousaine (Vestiges au chemin de la Cascade).

A la fin du XIXème siècle, les hauts-fourneaux (construits par les Lamarque de Saint-Paulet) au lieu dit Saint-Antoine (près du Pont du Diable) furent des plus importants du département : ils furent remplacés au début du XXème par des papeteries.

Vestiges des usines Saint-Antoine

Un projet de filature près de l’ancienne forge n’a pas pu voir le jour.

Plus près de nous: des carrières de quartz et de kaolin… (en particuliers près du Col de Rouy, sur la commune de Mercus)

Carrière de Rouy vers 1955

Industrie actuelle :

Depuis la seconde guerre mondiale, la production essentielle de la commune est concentrée autour du bois : scierie, menuiseries et forêts.

« Les Bois Ariégeois »


Patrimoine :

– Le second château féodal (privé), avec une tour estimée au XIIème siècle, serait du XVIème siècle.

– Du château primitif, ne restent que les fondations.

   Relevé des restes du château féodal de Saint-Paul (J.J. Pétris)

– Le château de Labat, incendié et partiellement détruit lors des guerres de religions ; puis reconstruit (privé).



Labat

Ce fief, bien que limité en surface, appartiendra à des seigneurs non négligeables, et qui, pour certains, joueront un rôle important dans le Comté de Foix, d’autant plus que d’autres fiefs leur appartiennent, comme celui de Miglos.

Les premiers textes relatant clairement la présence d’une seigneurie indépendante, appartenant à la famille de Montaut, semble remonter à 1396.

Un acte du 5 mai 1518 y mentionne une  » tour « 

Samson de Montaut, qui fut gouverneur d’Ax et du château de Mérens, est nommé dans le  » Mémorial  » de Delescaze à propos des guerres de religion: Les consuls de Foix délibèrent de  » prier le sieur de Labat de ramasser et d’emmener avec lui 100 soldats de la Barguillére pour la garde de la ville : ce qu’il fit aussitôt « .

Dans son testament, le 9 mars 1580, Samson de Montaut dit que le château de Labat   » a été ravagé et détruit en partie par les religionnaires « .

C’est par son fils, François, que s’est formée la branche des seigneurs de Miglos et Labat par son mariage avec Miramonde de Miglos.

La famille de Montaut possédera le fief de Labat jusqu’au début du XVIIIème : viennent ensuite Claude de Méric, Paul et Jean Martin de Gardebosc (trésorier de la Province), et enfin Jean Estébe de Gabec en 1782.

Une chapelle fut aménagée dans l’enceinte du château au XVIIème siècle et fonctionna jusqu’à la mi XVIIIème.

Le château de Labat, rebâti après les guerres de religions restera, sera encore remanié au début du XXème siècle.

Labat en 1950

Le 1er février 1963, la famille Passera en fera don, avec ses domaines, à la Fondation Lamon de Tarbes qui le mit à disposition de l’Institut Médico-Pédagogique Saint-Jean de Plaisance du Touch : il devint lieu de colonies de vacances.

En 1990, de grands travaux étant nécessaires pour mettre les locaux en conformité avec la législation, le domaine fut mis en vente.

Une société suisse se porta acquéreurs ; mais des journalistes annoncent que parmi ses actionnaires, celle-ci comporterait d’actifs militants d’extrême droite.

Les habitants de Saint-Paul, des élus et diverses associations se rassemblent pour leur dire leur refus de cette éventualité : la vente sera cassée.

Il fut, alors, décidé de faire deux lots. C’est ainsi que la partie boisée du domaine fut cédée à la commune de Saint-Paul, le 27 mai 1992, avec transfert à la commune du contrat liant l’œuvre Lamon au Fonds Forestier National.

Quant au château et aux terrains restants, ils furent vendus à des privés.

A noter : les constructions montrent deux parties distinctes, non visibles de l’extérieur.  L’une, à l’est, a des murs entre 1m 20 et 1m 50 d’épaisseur ; l’autre, ayant des murs extérieurs d’environ 0m 80 d’épaisseur.


Canal de la forge : pris sur le Scios, puis complété par une dérivation du Labat. Servait à alimenter la forge à la catalane (construite au début du 18ème siècle, derrière le monument aux morts) et le moulin des seigneurs de St Paul. A sa place, se trouvait, auparavant, la rue principale du bourg.

 

La Croix vuidée de la place du Coq
(une des plus belles de France dans ce genre): La place du Coq s’appelait à la fin du XIXème siècle la Place Saint-Pierre.

En ce lieu se trouve une croix en fer forgé dite de la Passion et, pour les amateurs d’art, celle-ci est dite vuidée en lance et éponge en  » V « .

C’est l’une des plus belles qui existent encore dans ce style, mais, aussi, l’une des plus anciennes ; elle a la particularité d’avoir gardé pratiquement tous ses éléments d’origine.

Son érection date de 1781 (c’est à dire juste avant la Révolution). Saint-Paul avait alors une des forges à la catalane des plus performantes de la région.

Le maître de forge, alors, est Gabriel Bauzil, père d’Hippolyte-Thomas né à Saint-Paul le 28 mai 1778 et auteur de la célèbre phrase  » L’Ariège produit du fer et des soldats « .

Le 3 avril 1781, naît Rose-Marie Bauzil… et la même année, la famille Bauzil part pour Léran.

A cette époque, la croix ne se trouvait pas à la place qu’elle occupe de nos jours : c’est en 1869 qu’on la déplaça avec son socle du XVIIIème siècle.

Quelques éléments d’origine manquent, mais elle garde toute sa valeur ; il serait dommage de la négliger : elle mérite que l’on s’y attarde.

Le socle en pierre de taille comporte une niche destinée à fleurir le monument.

De là, part le fût de la croix : il est orné de spirales en fer forgé.

De nombreux symboles rappellent la crucifixion.

Au sommet, un gros coq ; il n’est pas le symbole gaulois : il exprime le reniement de saint-Pierre, mais aussi symbolise la résurrection.

Sous lui, reste un titulus (il y en aurait eu un de chaque côté de la croix) avec l’inscription INRI (initiales des mots latins de Iesus Nazarenus Rex Iudaeorum : Jésus nazaréen, roi des juifs).

Puis, vient le soleil : un de chaque côté. Sur l’élément horizontal, plusieurs éléments font face à la place :

-une étoile de chaque côté sur les croisillons ;

– sur la branche de droite se trouve un marteau rappelant que l’on cloua le Christ sur la croix ; sur celle de gauche, se trouvait une paire de tenailles : son emplacement est vide.

Elle suggérait l’enlèvement du corps pour le mettre au tombeau ;

– des rayons de gloire orne la croisée. Sous le bras horizontal se trouve de chaque côté de la croix le symbole de la lune. Au-dessus des spirales, se croisent le glaive et une verge de flagellation.

Du fût à chaque branche partent, à gauche, le porte-éponge (pour tendre l’eau vinaigrée) ; à droite, la lance qui transperça le cœur du Christ.

L’extrémité d’un des bras de la croix a été détériorée en 1995, lors de travaux ; elle n’a toujours pas été réparée…



La Borne Languedocienne, à la limite de Saint-Paul et de Celles : servait de délimitation entre le Comté de Foix et la Province du Languedoc (16ème siècle):  Inscrite sur l’inventaire supplémentaire des monuments historiques du 15 janvier 1997, cette borne en grès de Celles a une hauteur de 85 cm pour une largeur de 25 cm (face regardant la route) et de 22 cm pour les faces latérales.

Sur la face côté Celles, l’inscription est : «  Diocèse de Mirepoix Province de Languedoc « 

Sur la face côté Saint-Paul, l’inscription est :  » Province Comté de Foix « 


Le lavoir de Saint-Paul (pour célébrer l’adduction d’eau à Saint Paul qui se fait à partir de 1914 par l’achat de la source du Fountanal en février : réalisé seulement en 1921 pour cause de guerre). L’architecte en est Émile Sauret dont le collaborateur et successeur sera Irénée Cros. L’actuelle statue, refaite après le vol de l’originale en 1990, est l’oeuvre de Nicolas Kessler; fondue à la fonderie Art Style à l’Isle Jourdain (Maison Steiss)

NB: Auparavant, « Le seul point potable de la commune jusqu’en 1919 était le bassin de la boulangerie Delrieu » (remarque dans une délibération du Conseil Municipal)

Plans initiaux:  

                                   
 En 2000 (après un « tustet »…)


– Place de la salle des fêtes : ancien champ de foire (l’une des plus importantes de la région), d’où son ancien nom: Le Foirail.

– Place du Coq : y passait le chemin Saint Paul-Tarascon, à partir de la forge. Autour, il n’y avait pas de maisons avant la Révolution.

– Roquepio : Dans la zone (du Roc de Carol au Pont du Diable jusqu’à l’actuel giratoire de St Paulet) donnée par le seigneur de St Paul à l’abbaye de Lézat (d’où le nom de St Antoine) le 6 août 1308, au retour d’une croisade. S’y trouvaient des mines de fer que le seigneur se garde l’exploitation pour sa forge de Langlade. Au cours du XXème, une carrière de quartz y est exploitée (transport par câbles)

– La RN 117 : réalisée entre 1786 et 1788

– Viaduc de Saint-Antoine: construction de 1991 à 1993 (longueur: 312 m; 43 m de haut)

Anecdote: Selon F. Baby, le nom du ruisseau des Mascasses viendrait de l’occ. « masc »: « enchanteur, sorcier », venu de l’iranien par le grec « magos » et le latin « magnus »

NB: Le quartier dit de nos jours « Saint-Antoine » est récent. Son appellation vient du nom donné à la gare « Saint-Paul-Saint-Antoine ». L’ajout de « Saint-Antoine » provient du fait que des usines (hauts-fourneaux) se trouvaient sur la zone entre ce qui est convenu d’appeler La Charmille et le Pont du Diable, alors appelée Saint-Antoine (lien avec une donation faite en 1308 à l’abbaye de Lézat par le seigneur de Saint-Paul, placée sous ce patronage). L’un de ses fondateurs, Adolphe Garrigou, a beaucoup fait pour que le train, alors, ne s’arrête pas à Foix, mais se poursuive jusqu’à Ax. Cette gare Saint-Paul-Saint-Antoine était essentielle pour ses usines… appelées « Usines Saint-Antoine »: sans elles, la gare se serait simplement nommée « gare de Saint-Paul »… L’appellation actuelle du quartier « Saint-Antoine » n’a aucun fondement historique si ce n’est celle expliquée ci-dessus…

– Le mont Fourcat

– La place Élie Bigeyre (seul lieu public sur la commune au nom d’une personne): nom donné à l’ancienne place de la Técounière (ou Bellecour) aussitôt après les élections de mars 1977 par la nouvelle municipalité Canal (Élie Bigeyre ayant été maire de Saint-Paul auparavant et décédé avant la fin de son dernier mandat) afin d’apaiser les tensions de l’époque…

– Antras et ses cinq fontaines

La route qui traverse le village date de 1854; avant elle, on longeait le hameau par le chemin de La Coste

 

L’église :

Église sous le vocable de Saint-Germier (XVIème siècle et remaniée à différentes époques).

Auparavant, l’église paroissiale se trouvait depuis les années 1200 à Saint-Paulet (sous le vocable de Saint Martial).

Visite de l’évêque aux églises de Saint-Germier de Saint-Paul et à Saint-Martial de Saint-Paulet en 1636

Les stalles de l’église Saint-Germier proviennent de l’église Saint-Sernin de Toulouse (Fabrication en 1690) : elles faisaient partie d’un ensemble acquis en 1775 (les 28 autres stalles se trouvent à Saint-Volusien de Foix)

Les stalles                                                                           Détail

La fresque  » monument aux morts  » au fond de l’église Saint-Germier dont l’auteur est Charles Steelandt (1894-1994)

D’autres églises ou chapelles ont disparues : Saint-Martial, à Saint-Paulet : église primitive de Saint-Paul, détruite à la fin du XVIIème siècle; la chapelle Saint-Antoine, près du Pont du Diable (endommagée durant les guerres de religion); la chapelle de Labat, dans l’enceinte du château ; et une chapelle privée (ND des prairies) à La Plaine.


Célébrités :

Michel De Bernis: Serait originaire de Saint-Paul de Jarrat. Notaire, chargé par la comtesse Eléonore et par le comte Gaston IV (1445 et 1446) de classer et inventorier les documents conservés au château de Foix afin de rédiger un mémoire établissant les titres, les droits et possessions des comtes de Foix (face au roi de France). Cet inventaire, document essentiel de la connaissance du Comté de Foix, se trouve aux Archives des Pyrénées Atlantiques sous la cote E 392.

Hippolyte-Thomas Bauzil, auteur de la phrase :  » L’Ariège produit du fer et des soldats « 

Hippolyte-Thomas est né à Saint-Paul le 26 mai 1778 où son père était maître de forge, et mort à Toulouse le 8 septembre 1833. Officier de Napoléon, c’est lui qui répondit un jour à l’empereur que l’Ariège produisait  » du fer et des soldats « , et non  » des hommes et du fer « .

En 1808, à Elbing, notre officier, au nom de cinq de ses frères, demanda à l’Empereur une place d’élève du gouvernement dans un lycée pour le plus jeune d’entre les huit frères, Philippe-Auguste.

Après une foule de questions auxquelles il répondit de la manière la plus catégorique, Napoléon s’informa auprès de lui des productions de l’Ariège.

 » Du fer et des soldats « , répondit Bauzil. Enchanté de ce laconisme, Napoléon accorda sur le champ ce qui lui était demandé. « .

Henri Derramond, poète, avocat et maire de Foix ; Écrit sous le nom de Jules Talery « Vois perdues », « Les Malices »

Né à Saint-Paul de Jarrat le 10 août 1823; son frère, Casimir, sera maire de Saint-Paul.

Avocat au barreau de Paris, il sera maire de Foix de 1876 à 1879. Il meurt à Saint-Paul le 24 novembre 1880 et y est enterré le 26.

Poète républicain, il est considéré comme avoir le même talent que Lamartine, avec « Les voies perdues », publié en 1873, 182 pages, 4500 vers et un ouvrage posthume « les Malices » .

Voir: Extrait des « Voix perdues » alors qu’il est loin de Saint Paul

Koska Lamarque : militaire (Avait donné sa maison, dans la rue centrale pour en faire le presbytère et la mairie de Saint-Paul: devenu HLM…). Tué en Crimée, à Sébastopol (voir le BSA de 1913)

Léo Lamarque: né le 30 août 1808 à Saint-Paul (Saint-Paulet), mort à Alger le 29 juillet 1849. Polytechnicien. Un scoop: C’est lui qui a fait construire le Pont Saint-Antoine dit le Pont du Diable en 1834 (ce n’est donc pas un pont médiéval comme dit généralement). Voir étude inédite: Pont du Diable

– Monseigneur Léon Laffitte: Né à Saint-Paul de Jarrat le 6 juin 1885 d’un père tailleur d’habits. Élevé chez les jésuites ; ordonné prêtre à Rome le 1er juin 1912, professeur de langues vivantes au collège – faculté de Sarria-Barcelone ; Aumônier militaire volontaire entre 1914 et 1919  (en particuliers à Aubigny, Pas de Calais); Nommé Camérier secret du pape Pie XI en 1923. Nommé « prélat de Sa Sainteté » à la cathédrale de Monaco le 25 novembre 1942 sous le prince Louis II ayant rang de Vicaire Général;  Pronotaire apostolique (c’est-à-dire prélat de la cour pontificale romaine, du rang le plus élevé parmi ceux qui n’ont pas le caractère épiscopal) le 30 mars 1943. Décédé à Paris le 5 mars 1968, il est enterré à Saint-Paul le 8 mars.

Adèle Micholet : félibresse née à Saint-Paul de Jarrat le 18 février 1889 ;  auteur du célèbre « Milhas », écrit en 1912, qui lui valut l’amitié de Frédéric Mistral; fondatrice avec sa fille Yvonne du groupe folklorique de Saint-Paul :  » La poulidetto  » (Voir Le Milhas)

Justin Doumenjou, curé de Saint-Paul, auteur de plusieurs livres : « Notre Dame de Celles », « L’éducation virile et la régénération sociale », « Manuel du bon patriote », « L’Europe et le pape », « Jeanne d’Arc populaire », Patriotisme », « Notre Dame du Val d’Amour »…

– Elisabeth Resclauze de Bermon: De Cathala. Auteur de 6 romans dont « Le Comte de Pérazan »

Franck Beranger: avocat, maire de Saint-Paul, écrit en 1913  « La mine de Rancié depuis la Révolution jusqu’à nos jours ». Décédé le 9 août 1943 à 63 ans. Décide la construction du lavoir-fontaine de Saint-Paul

Gaston Rivière: Né le 24 avril 1917 à la métairie de La Serre (décédé le 16 juillet 1980): instituteur (révoqué par Vichy), résistant sous le nom de « Vincent », s’occupe des parachutages à Rieucros (terrain dit « Pamplemousse »), entre au maquis (3101ème Cie FTPF)

Jean Dubié: restaurateur-hôtelier à « La Charmille » (1896-1967), résistant. Contacté dès le début de la seconde guerre mondiale par l’IS (Intelligence Service, services secrets anglais), son établissement a servi de relais pour plusieurs filières de passage en Espagne. Arrêté par la Gestapo le 27 avril 1944, il est déporté le 2 juillet à Dachau.

Gérard Denjean: né en mars 1946; chef d’entreprise aux multiples sociétés (logistique, transports…)

Pierre-Yves Jourda, né en 1931, décédé le 20 mai 2007: professeur de dessin, peintre (1387 toiles). Voir http://pierrejourda.fr

     

(voir aussi « Les quatre saisons » à la salle de fêtes de Saint-Paul)

Louis Marty : né le 5 août 1904 à Ax, installé à Laures par son mariage à Hortense Déramond ; célèbre berger de Lanoux, il aidera la Résistance (ravitaillement, passages et liaisons) ; Décédé le 25 août 1996. (Mobilisé le 8 septembre 1939, fait prisonnier, il s’évade, mais est repris. Il sera interné au camp de Rawa-Ruska. Il est rapatrié en 1943, pour reprendre son métier de berger)


Pour en savoir plus…

Cartulaire de Saint-Sernin de Toulouse

« Saint-Paul de Jarrat : la vallée des sources », J.J.Pétris, ADA 4° 602

« Saint-Paul en 1771 », J.J.Pétris, ADA 4°771

« Le chemin de fer en Vallée de Lesponne », J.J.Pétris, ADA Zo 244

« L’église Saint-Germier de Saint-Paul », J.J.Pétris, ADA Zo 2462

« Un officier ariégeois à Sébastopol : correspondance du commandant Lamarque » : BSA 1913

« Les voies perdues », signé Jules Taléry (Henri Déramond)

« Les Malices », signé Jules Taléry (Henri Déramond)

« Les vieux costumes ariégeois », Adèle Micholet (Congrès du costume, Nice, 1936)

« De l’aube au crépuscule : famille Lamarque de Saint Paul de Jarrat dans le Comté de Foix », Ch. Remaury, 1996

« Le pont du Diable: mythe et réalité », J.J. Pétris dans « Archives ariégeoises » de 2011 (Amis des Archives de l’Ariège)

Nombreux poèmes d’Adèle Micholet dans « L’Avenir », « Fleurs ariégeoises », « Annales de l’Ariège », « Ariège pittoresque »… Connue pour son poème « Le milhas »… A publié un recueil en 1965: « Chante, mon âme Chante! »

Alfred Esquirol, frère d’Adèle Micholet; félibre

Sur les Villemur : Étude de André Navelle, BSA 1981

Martinet à fer de Saint-Paul, 1843-1864 : ADA, 1 J 108

Usine à fer (Victor Lamarque et Adolphe Garrigou). Plans 1838-1839: AN F/14/4303 (dossier 35)

Martinet à fer (François Escaich). Plans 1839-1846: AN F/14/4304

ADA,1 Q 770 : Maisons des employés de la marque des fers à St Paulet, 1791-an IV

Chemin de Lavelanet au grand chemin de Tarascon à Pamiers, 1777-1789 : ADA, 1 C 290

Plans divers et dossiers: ADA 2 O 1461 à 1474 (écoles, restaurations à l’église, adductions d’eau…)

Terrier ou livre de reconnaissances :

Un terrier de 1683 était signalé à la fin du XIXème siècle par l’archiviste F. Pasquier et se trouvant alors à la mairie de Saint-Paul : celui-ci semble perdu…

Existent un terrier (ainsi que la liève) et un livre de reconnaissances de 1771 : ceux-ci appartiennent à des privés…

Date du registre paroissial le plus ancien : 1610


(Etude: J.J. Pétris)

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En complément:

La fête du village est à Pentecôte: Pourquoi?

L’eau dans la vie de Saint-Paul

Extrait des « Voies perdues » d’Henri Deramond

Le Milhas (d’A. Micholet)

=

 La fête du village est à Pentecôte : pourquoi ?

Le saint patron de la communauté de Saint-Paul (et de son église qui est placée sous son vocable) est Saint-Germier, or sa fête était célébrée le 16 mai.

A Saint-Paul, ce jour-là était chômé et payé. Le lendemain, une grande foire (l’une des plus importantes en Ariège jusqu’au début du XX° siècle) avait lieu sur les différentes places du bourg.

L’anticléricalisme de la fin du XIX° et la séparation de l’église et de l’Etat firent que cet avantage pour la population fut aboli.

On décida, alors, de placer la fête traditionnelle au jour férié (consenti par l’Etat, bien qu’officiellement laïque !) le plus proche de l’ancienne célébration : ce fut Pentecôte. Mais la fête locale a failli se retrouver à l’automne : une demande en ce sens a été faite.

En 1875, le maire de Saint-Paul, Mr Durosey, écrit à l’évêque de Pamiers, Belaval, pour lui demander de changer le calendrier des saints et de placer la saint-Germier vers fin octobre ou novembre : rien que ça ! Pour quel motif ? Simplement parce que la commune étant essentiellement agricole, les habitants ont peu d’argent au mois de mai, car ils ont dépensé leurs deniers en achat de semences, et qu’ils seront plus riches à l’automne après avoir vendu leurs récoltes ou leurs animaux après la transhumance.

En conséquence, les aubergistes et les cafetiers s’y retrouveront mieux ! L’évêque ayant répondu qu’il n’était pas de son ressort de changer le calendrier, on maintint la fête locale à Pentecôte. Mais pour marquer leur mécontentement, les élus de la commune décident, contrairement aux habitudes, d’offrir du vin aux différents villages pour la fête nationale, mais en aucun cas, pour la fête locale.

Cette habitude durera jusqu’en 1927, provoquant l’année suivante la colère des habitants d’Antras lorsqu’elle fut définitivement supprimée…

En 2005, la fête locale sera amputée de son lundi de Pentecôte : il n’est pas férié pour cause de solidarité envers les personnes âgées (suite à la canicule de 2003…)

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L’eau dans la vie de Saint-Paul de Jarrat (aperçu)

Remarquer que l’implantation, à l’origine, des lieux de vie (bourg, villages) se fait toujours en bordure ou proche de rivières ou de points d’eau…

Antras veut dire « entre deux eaux » (les ruisseaux de Mascasses et du Labat)

L’eau, élément essentiel, de la vie économique…

L’eau des ruisseaux a servi à faire fonctionner

des moulins à farine :

– à Labat (1ère mention en 1390), entre ce village et celui d’Antras

– à Saint-Paul (en bordure du Scios, entre le Castelet et le château Dedieu, avant le XVIIème siècle ; puis au château Dedieu, alors château féodal, avec les eaux du Labat et à l’aide d’un canal construit à partir du Scios à la hauteur de Bordeneuve) ;

– à Saint-Paulet au XIXème siècle (les moulins n’appartiennent plus aux seigneurs…)

des moulins  à plâtre

– Entre Langlade et le lieu-dit Le Martinet

– à Saint-Paul (lieu-dit La Cascade) où un canal d’amenée est pris sur le ruisseau du Labat.

Il s’agissait de faire cuire les cailloux, puis de les broyer à l’aide d’un moulin…

– des moulins à huile de noix

– A Langlade

– Saint-Paul

L’eau, élément essentiel pour faire fonctionner les forges, les martinets, les hauts fourneaux :

– Une première forge (extraction du fer à partir du minerai) est signalée en 1390 à Langlade (lieu-dit aujourd’hui :Le Martinet), en utilisant les eaux du Labat : c’était alors l’une des rares du Comté de Foix. Sur cet emplacement va s’établir une importante fabrique à clous au XVIIIème siècle, puis d’instruments agricoles (bêches, charrues…) : un canal d’amenée est construit à partir des eaux du Labat…

– Une forge à la catalane s’installe près de l’église à partir de 1725 : un canal est construit à partir des eaux du Scios et du Labat en prenant alors la place de la rue principale de Saint-Paul pour remplir un grand bassin (près de la place du Coq).

– Dans la moitié du XIXème siècle, des Hauts Fourneaux s’installent sur le lieu-dit Saint-Antoine (entre La Charmille et le Pont du Diable), avec un canal d’amenée pris sur l’Ariège. On y a fabriqué des armes, des ressorts pour les trains, des fers cémentés… Ensuite, des papeteries (consommatrices d’eaux) s’y installent ; enfin, des usines électriques…

– Des scies hydrauliques ont utilisé les eaux du Labat, du Scios ou du canal de la forge…

L’eau, source du bien-être… L’électricité :

A partir de l’ancienne forge, une production d’électricité est mise en place par son propriétaire : c’est ainsi que Saint-Paul a été électrifié avant Foix… !

A noter que sur ce lieu, un projet textile (utilisant ces eaux), au début du XXème siècle, n’a pas pu voir le jour…

Les lavoirs et les fontaines…

L’installation des points d’eau et des lavoirs ne date que de la fin du XIXème et du début du XXème siècles… Quelques puits ou captages sommaires complétaient l’usage de l’eau pris directement dans les ruisseaux…

C’est ainsi que des captages et des conduites sont installés à partir des sources de montagne. L’eau arrive à Saint-Paul en 1914 avec le « lavoir » (symbole de la commune) qui verra le jour…

Anecdotes :

– A Saint-Paul, entre l’église et Saint-Paulet a été réalisée une irrigation de toute la plaine au XIXème siècle (une première en Ariège sur une aussi grande surface : 10 ha)

– Dans les hameaux (plus agricoles qu’au bourg), le nombre d’animaux devant venir  boire dans les bassins est l’élément essentiel pour leur implantation et leur débit… Les animaux sont prioritaires sur le lavage du linge…

– A Antras, la 1ère personne ayant fait emmener l’eau dans une maison (en 1952) était considérée comme « faignante », car elle n’allait plus chercher l’eau à la fontaine…

– Le lavoir était un lieu de rencontres avec potins, informations ou crêpage de chignons… !

– Symboliquement, l’eau d’Antras a servi aux baptêmes de certains de ses enfants (préférée à celle de Saint-Paul… !)

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Henri Deramond.  Extrait des « Voix perdues » alors qu’il est loin de Saint Paul :

« Chez soi » :

 « Ici je ne sais pas, quand le soleil se couche,

Le nom des collines qu’il touche,

Ni des villages qu’il fait d’or ;

Ici, mon œil se perd sur une plaine immense ;

Son disque est loin, le soir ; et, quand le jour commence,

Il se lève plus loin encor.

 D’ici je vois dans l’air mille vapeurs errantes,

Découper vivement leurs franges transparentes ;

C’est l’heure où les rayons s’effacent dans les champs

Mais ces nuages d’or, de duvet, de lumière,

Ne laisseront jamais glisser sur ma paupière

Des reflets aussi doux que tes soleils couchants.

 

Ici plus de bergers dont la voix m’accompagne ;

Plus de sentiers sur la montagne

Où je m’isolais tout un jour,

A cet âge où le cœur ne doute pas encore.

Ici, pas un regard, pour moi, ne fit éclore

Le premier rêve de l’amour.

 

Ici, plus de grands monts pour mes courses lointaines ;

Plus de sombres forêts, plus de claires fontaines ;

Plus de taillis à jour, aux bords de l’horizon ;

Plus d’arbres d’où l’on voit, par leur vert feuillage,

Les vitres s’allumer, le soir, dans mon village,

Ou bleuir la fumée, au toit de ma maison.

 

Pas une bouche ici ne sait les noms que j’aime ;

Ici, quand un printemps lui-même

Pare les aubes de ses fleurs,

Pas un oiseau ne chante, heureux, sous ma fenêtre ;

Le passant me regarde, hélas ! sans me connaître,

Et nul ne pleure de mes pleurs ! »

 

Quelques vers pour espérer revenir à Saint Paul :

« Mais on revient toujours au nid de sa montagne,

Dans la fraîche vallée, où, riante compagne,

L’enfance, en nous berçant, dorait notre avenir ;

Où, partout, de ses pas on retrouve la trace ;

Où l’amour emportait notre âme dans l’espace ;

Où, le soir, la brise qui passe

Murmure à notre cœur son plus doux souvenir !

 ….

 A chaque brise qui m’effleure,

Aussi je crois entendre l’heure

Où, vers toi je dois m’envoler ;

Toi seul as fêté ma jeunesse ;

D’un souvenir plein de tendresse,

Toi seul pourras me consoler !

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Le Milhas

Écrit en 1912 par Adèle Micholet, née à Saint-Paul de Jarrat, alors qu’elle a 23 ans, le Milhas en langue d’Oc a été récompensé au concours des jeux floraux de l’Escolo Moundino. C’est ainsi que Frédéric Mistral se lia d’amitié pour elle.

Le Milhas:

Le pairol rits, le foc fa cluca la perpèlho,

Le joun nou punto pos encaro, mès deja

La balento Marioun despenjo la toudèlho

Que pel milhas poulit sat ta pla maneja.

Miet ple d’aigo ount a mes de sal uno punhado,

Lusis le pairol clar sul negre paradou.

E dabant el, Marioun, aprèts s’estre sinhao,

Adobo coumo cal un ferme sietadou.

Pauc à pauc, douçoment, en plèjo de nèu fino,

Toumbo la flou del mil sense l’mendre couquèl.

E dirion que remeno, an acatchan l’esquino,

Quicom de pu laujè que plumetos d’ausèl !

Mès joul sucre e la leit uno flaino embalmado

Deforo s’espandis de l’oustal alandat,

Barrejant à l’audou del bosc e de la prado

L’amo del caut milha, daurat e boudouflat !

Flic ! Floc ! S’es pos prou coit s’en manco pos de gaire ;

Darrè cop de toudèlho, e gaujouso al trabalh,

En tastan le milhas se dits, la bouno maire :

« Bau aussi de maiti la festo del brespalh ! »

Car Janot e Pierrou, la Mario e la Polo,

Qu’aimon mès le milhas qu’un dina de filhol,

Pel rascladis, abant de s’enfuge à l’escolo,

S’enroundaran countents à l’entour del pairol !

Traduction :

Le Millas

Le chaudron rit, le feu fait cligner la paupière ;

Le jour ne pointe pas encore, mais déjà,

La vaillante Marion décroche la « toudeille »,

Qu’elle sait si bien manier pour faire un joli millas.

A moitié plein d’eau où elle a mis une poignée de sel,

Il luit le chaudron clair sur la noire plaque du foyer,

Et devant lui, Marion, après s’être signée,

Dispose et assujettit un solide siège.

Peu à peu, doucement, en pluie de neige fine,

Tombe la fleur u mil sans faire le moindre grumeau,

Et l’on dirait que Marion en baissant l’échine

Remue quelque chose plus léger que plumettes d’oiseau.

Mais avec le sucre et le lait, une haleine embaumée

S’épand au dehors de la maison grande ouverte,

Mêlant à l’odeur du bois et de la prairie

L’âme du chaud Millas aux boursouflures dorées !

Flic ! Flac ! S’il n’est pas assez cuit il ne s’en manque guère ;

Un dernier coup de « toudeille » et, joyeuse au travail,

En goûtant le Millas elle se dit, la bonne mère :

« Je vais entendre, de grand matin, la fête du régal ! »

Car Jeannot et petit Pierre, la Marie et la Paule,

Qui aiment mieux le millas qu’un dîner de baptême,

Pour le « raclage » avant de s’enfuir à l’école,

Se mettront en rond, contents, autour du chaudron !