Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix, Canton de Montgailhard

Altitude : 480 / 1011 m

Longitude : 1° 41’ 40’’ E

Latitude : 42° 56’ 36’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

– Approches historiques

– Patrimoine

Pour en savoir plus…

– Célébrités

Surface : 1116 ha

Démographie :

1806 : 570

1851 : 625

1856 : 577

1901 : 372

1921 : 251

1946 : 206

1968 : 100

1975 : 96

1982 : 100

1999 : 159

Étymologie : exposé au soleil

Caraybat : « Crebat » en 1372 ; « Crasvat », « Carasbat, « Crayrat », « Caraibat », « Caraybat » à la fin du 17ème


Approches historiques :

L’actuelle commune de Soula (en Ariège) formée à la Révolution a la particularité de comprendre plusieurs villages n’ayant pas la même histoire : Saint Cirac, Soula et En rivière étaient en Languedoc, alors que Caraybat était une seigneurie dépendant du Comté de Foix.

Le texte le plus ancien concerne Saint Cirac : Roger et sa femme donnèrent en 998 à l’église de Saint Volusien les bourgs de Saunhac, Perles, Saint Irac, Verdun, Praiols, Plausolles et Ferrières (Bibl. Nat, MS, coll. Doat, T1, P. 85)

En 1104, l’abbaye de Saint-Volusien fut soumise à la règle de Saint-Augustin et 21 paroisses, érigées en prieurés, furent placées sous sa protection dont Saint-Cirac, Caraybat

Quant à Caraybat, le 11 décembre 1246 : « Donation faite par Roger, comte de Foix, à Guillaume de Celles et à Béranger, son fils, et ses autres enfants, de tout ce qu’il possède dans Caraibat et ses appartenances, à condition qu’il y fera une forteresse » (Tour Ronde, XIX-61).

Nous sommes aux lendemains du bûcher de Monségur et de ses conséquences (le litige entre le comte de Foix et le roi de France). La limite du Languedoc et du Comté de Foix passera à En Rivière. Ainsi Soula et Saint Cirac seront compris dans le domaine royal de Roquefixade tant disputé.

Le « château » et l’église de Caraybat, limites du Languedoc et du Comté de Foix

Limites de la seigneurie de Caraybat, vendue par Celles aux seigneurs de Lorde ou Lourde qui resteront propriétaires de Caraybat durant près de 5 siècles et s’apparenteront à la famille de Luppé.:

« Confronté de soleil levant avec la terre de Lesponne appartenant au roy de France, et s’étend jusqu’à la fontaine d’Embasle, et suit le ruisseau de la dite fontaine l’espace d’un jet d’arc. Et de là, traversant bois et ruisseau s’en monte par la montaigne jusqu’à la Justice de Lasserre, et de la dite justice de Lasserre en hors, tend vers la Mercadiére, et de là en hors droit al Picou del Besset, et confronte là avec les dits seigneurs de Celles vendeurs. Prend et coule l’eau vers Montgalhard par le dit ruisseau d’Embasle, et suit le ruisseau d’Embasle tirant droit sur le chemin public. Et de là en hors vers le ruisseau de Chourrié, et de là droit aux pierres de Layrac et de là tend droit au pech à la Peyre de Roland. Et de là droit à la quière de Pradières, et puis tire par la dite quière jusqu’al passadou et de là à Planqsabéou et là va confronter avec le roy. Ety dudit Planqsabéou suit le chemin jusqu’à la Tournasse et de là en hors à la dite fontaine d’Embasle. »

Le comte de Foix se plaint en 1292 de ce que le château de Roquefixade troublait la justice comtale de Caraybat

1372 : hommage de Ramon de Lorda, de Montgailhard, à Gaston Phoebus pour « lo loc de Crebat »

Lors du rôle des Feux du Comté de Foix, en 1390,  11 feux sont recensés. Nous y trouvons 1 vassal direct du comte et 7 de l’abbé de Foix

1401 : hommage de Ramonet de Lorde pour « lo castel.. » de Caraybat

En 1445, Caraybat appartenait à l’abbé de Foix et à Peyrat de Lorda

Appartient à la châtellenie de Foix en 1450 et son consulat

Ancien consulat de Foix :

Amplaing, Arabaux, Baulou, Bénac, Brassac, Burret, Cadarcet, Cos, Ferrières, Foix, Ganac, L’Herm, Loubens, Loubières, Montoulieu, Pradières, Prayols, Saint Jean de Verges, Saint Martin de Caralp, Saint Pierre de Rivière, Serres, Soula, Vernajoul

Pour ce qui est du religieux, Caraybat, Soula et Saint Cirac avaient un même curé et dépendaient du diocèse de Pamiers pour deux églises : celle de Caraybat et celle de Soula

En 1515, lors de la visite pour les Décimes du diocèse de Pamiers par le Cardinal Armamieu d’Albret, administrateur de l’évêché, Saint-Cyrac est imposé pour 2 livres, 11 sols, 6 deniers (B.M. de Toulouse LmB 625) ; mais nous trouvons dans ADA (Per 2 / 1892) : 10 septembre 1551 : visite « Caraybat : visite de l’église de Saint-Cirac, annexe de Caraybat »

C’est le sieur de Caraybat chargé par Laforest-Thoiras de la démolition du château de Roquefixade en 1632 qui a été ordonné par Richelieu.

Un dénombrement de 1769 donne à Soula 142 habitants

Quant à la justice, avant 1789, elle dépend de la justice de Foix qui se rend au nom du roi et de l’abbé de Saint Volusien, co-seigneur de la ville.

A la Révolution, Soula passe au canton de Saint-Paul en 1790 ; puis au canton de Lavelanet, à partir du 15 Octobre 1801 (23 vendémiaire an X)

L’ordonnance du 2 avril 1823 place définitivement Soula dans le canton de Foix

En 1854, lors de l’épidémie de choléra, l’on dénombra 43 morts sur une population de 625 habitants

En 1886, Caraybat compte 24 maisons, 24 ménages pour 90 habitants (plus 4 maisons vacantes)

Hameaux au début du XXème siècle : Saint Cyrac, Caraybat, Enrivière, Charillon, la Tuilerie, les Bordes, Emballe, Catuffet, Manaud

Écoles au début du XXème : Saint Cirac ; Caraybat ; Soula

Industriellement, mis à part les activités traditionnelles (agricoles ou artisanales), la commune a connu les activités tirées du sol : carrières à chaux calcaires ou de bauxite de Saint Cirac,  la carrière de pierre à bâtir  d’En Rivière

A signaler de nombreux gisements fossilifères


Patrimoine :

Église Sainte Madeleine

Patron : Sainte Madeleine

Quelques dates retrouvées mentionnent l’existence de l’église de Soula au XVIème siècle.

Plusieurs ordonnances du XVIIème existent. Par exemple, le 20 octobre 1636, il est dit « On n’a rien fait au clocher quoiqu’il ait été ordonné des réparations aux murailles »

L’évêque De Sponde ordonne de réparer l’église de Soula « avant qu’elle ne s’écroule ».

L’arrêt de la préfecture du 24 mars 1803 sur les édifices mis à dispositions pour l’exercice du culte catholique pour Soula et Caraybat, il est décidé « La principale église située à Soula »

Dans l’état des églises An XI-1808, l’on apprend que Soula et Caraybat font parties de la justice de Paix de Lavelanet avec l’autorisation de l’archevêque de Toulouse ; et par arrêté préfectoral du 6 octobre 1808 de la cure de Lavelanet (après celui du 10 juillet 1804 qui classe Caraybat en oratoire).

Dans l’enquête sur les « nouvelles circonscriptions des paroisses et sucursalles », « le maire et le conseil municipal pensent qu’on doit  conserver leur succursale parce que cette commune, composée de 4 villages et 3 villages a une population de 809 individus. Qu’avant la Révolution, il y a toujours eu un curé et un vicaire ; que dans le cas d’une réunion, on pourrait comprendre dans le nouvel arrondissement de la succursale de Soula, la commune de Leychert ou les hameaux de La Baurre, la Barthe, de Montcamp, commune de Celles et ceux de la Calmette et Casabou, commune de l’Herm »

15 janvier 1846 : sur les réparations des églises de l’arrondissement de Foix (population : 735 habitants) : « Elle n’est pas bien entretenue faute de fonds. Elle est petite pour la population. Les réparations urgentes sont le clocher, le plafond, une partie de la toiture, le carrelage et le crépis des murs intérieurs et extérieurs »

9 octobre 1832 : « agrandissement proposé de l’église dans le sens de la longueur de même que l’établissement de l’entrée du côté de la maison de Mr Séguier, juge, en pratiquant un passage dans le jardin de ce propriétaire ».

=> Construction du couvert sur la portion en augmentation de 36 m2 ; reconstruction du clocher sur une autre position avec les matériaux provenant de la démolition de celui existant ; carrelage de la nef ; plafond en voûte à la Philibert ; tribune à reconstruire

(Notes extraites sur « Les églises de la vallée de Lesponne » de J.J. Pétris)

Château de Caraybat reconstruit au 19ème

Le château actuel (Famille Lacointa) :

Ramonet de Lorde (qui deviendra Lourde) en 1401 rend hommage « per lou castel et l’oustau al loc de Caraibat », laissant entendre deux bâtiments distincts (château et maison). Certains pensent qu’il s’agit de l’origine de l’emplacement de l’édifice qui nous concerne…

Quelques textes mentionnent « la métairie du château » (1578), « le ci-devant château, manoir, maison bâtie à tour… » (1613)…

Une description précise de 1635 (notaire Fonta) montre clairement que la maison seigneuriale se trouvait bien à l’emplacement actuel de la propriété Lacointa et « répond aux normes les plus classiques des manoirs champêtres du XVI° siècle ». La demeure du seigneur : « bâtie à pierre et à chaux, à trois planchers, et le tout couvert en tuiles canal ; ayant 7 cannes de longueur ou environ, 4 cannes et demi de largeur, et de hauteur 6 cannes ou davantage. Une tour qui sert de degré… » « Un petit bâtiment ayant au-dessus une grande chambre mal engeancée qui répond tout contre l’église »…

Au 18ème siècle, la seigneurie passera dans la famille de Luppé. Celle-ci vivra à Foix et délaissera la demeure seigneuriale…

A la Révolution, après maints jugements, la famille de Lourde-Luppé préserva son domaine… mais dans les années qui suivent les murs du château se lézardent, d’autant plus que son propriétaire s’établit dans l’Aude et l’hypothèque. Un morcellement s’ensuit…

Reconstruction au 19ème siècle

1817 : Volusien de Luppé cède à Pierre Thomas Vidal (avocat qui a épousé la fille de Saturnin de Boyer) la métairie du château, « le bâtiment appelé château… ». Le nouveau propriétaire tentera alors de reconstituer le domaine initial par des achats successifs et remettra le château en état en doublant son volume (l’escalier actuel date de cette époque ; mais la tour qui conduisait à l’étage est démolie).

Donc, si la construction est antérieure au 17ème, une partie de l’édifice date du début du 19ème siècle.

La succession difficile (9 héritiers) verra en la personne de Saturnin Vidal retrouver une entité foncière et patrimoniale. Sa fille, Marie, épouse Félix Lacointa, docteur en droit et avocat…

Église Saint-Jean Baptiste de Caraybat

Caraybat jusqu’à la Révolution était une seigneurie indépendante et ne faisait pas partie du territoire de Soula comme de nos jours. Il n’est donc pas étonnant d’y retrouver une église. Cependant, dans une ordonnance de 1636, l’on apprend que Saint Jean de Caraybat est une annexe de Soula.

Les textes retrouvés concernant l’église de Caraybat sont rares. Outre cette ordonnance ou une mention concernant des réparations à faire à Soula, seules semblent exister des notes pour l’achat d’une aube d’une valeur de 2 Livres 10 sols (1651) ou concernant des droits sur les possessions des églises (1690-1702). Une visite de l’évêque, François Etienne de Caulet, s’y fait le 24 avril 1649.

1903 : dans l’état des chapelles, « Cette chapelle est située dans un château appartenant à Mr Vidal. Elle n’est pas ainsi dire dans l’intérieur du château, seulement contiguë, mais y donne accès intérieurement. On y célèbre la messe tous les dimanches. Aucun renseignement ne permet de connaître la date de la fondation ».

NB : En 1104, l’abbaye de Saint-Volusien de Foix fut soumise à la règle de saint Augustin ; 21 paroisses sont érigées en prieurés et placées sous sa protection. Parmi celles-ci on trouve : Saint-Cirac et Caraybat

Pour Saint-Cirac (ADA, G 69, N° 18) : dans les revenus et bénéfices des paroisses, les bénéfices sont : chapitre ou l’abbé de Foix : la moitié ; l’autre moitié au curé. 150 livres pour 2 églises et 2 vicaires

(Notes extraites sur « Les églises de la vallée de Lesponne » de J.J. Pétris)

Les Dolomies (roches de fées) dont certaines avaient des noms (« L’Homme Mort »…)

Dans les Dolomies : ruines du vieux château (tour de guet): Celui-ci était enserré dans les dolomies surplombant la vallée de Lesponne : la famille de Lorde qui en devient possesseur en 1247 en fera régulièrement hommage (« per lou castel… »). Une dénomination ancienne : « château des Aiguilles ».

Pic de l’Aspre (avec ses grottes dites de las Incantados et un lieu-dit « Clos des Morts »)

Les 12 fontaines de la commune dont certaines ont été restaurées dernièrement

Une « tintarelle » (gouffre qui ferait plus de 700 m dans lequel l’on lance une pierre qui rebondit sur ses aspérités)

Anecdote : Selon Carbonne Etienne, dans « Le catharisme et la châtellenie de Roquefixade » (ADA, Zq 213) :

Un couvent se trouvait à Saint-Cirac. Un cimetière à proximité au lieu dit « La Lisette » (appartenant, en 1954, à Mr Labrousse). 22 squelettes intacts auraient été mis à jour en labourant une vieille vigne : les crânes étaient entourés de pierres plates en guise de cercueils.

On dit que dans la pièce contiguë au cimetière, au levant, au pied d’une roche, la cloche du couvent avait été cachée. D’après la légende, on l’entendait tinter une fois l’an. La roche a été dynamitée.

Les cathares firent place aux templiers (ordre militaire et religieux). Les pierres du couvent servirent à faire une abbaye qui se trouvait à l’emplacement de l’école devenue la salle des fêtes. Ce lieu portait le nom de « l’abédio ».

Un squelette d’un homme de haute taille a été trouvé avec, à ses côtés, une belle épée à poignée damasquinée, selon Mr Clerc Paul de Saint-Paulet

La commanderie des Templiers de Saint-Cirac avait reçu en donation les terres que travaillaient les couvents cathares de la Vallée de Lesponne (sic). Cette commanderie relevait de Montsaunés et avait Roquefixade et Leychert sous sa coupe

N.B. : Le Roc de l’Aspre, 976 m, possède des grottes appelées dans le pays « Gleyzo de las encantados » (elles auraient servi aux cathares pour les célébrations de leur culte). Le terme « encantado » désigne les Parfaits qui, pour se déguiser, s’habillaient en femmes.

« 3 dalles ordinaires trouvées au cimetière de La Lisette, à Saint-Cirac, que Mr Labrousse a mis à jour en défonçant le terrain, ont été données à Mr Baudru, conservateur du Musée. Selon lui, pour l’ensevelissement des morts : 2 pierres étaient placées de champ ; l’une à droite, l’autre à gauche de la tête ; la 3éme posée à plat sur les 2 premières.

D’après Mr Audinos, ancien maire, co-propriétaire du terrain, les squelettes étaient placés en rond autour de grosses roches ; la plupart ont été minées depuis… »


Pour en savoir plus…

Reconnaissance et liève de censives (XV°-1604) : Dans Chartrier de Rodes : sous série J (chapitre seigneurie de Pradières et Arabaux)

Aux ADA, 190 EDT : Reconnaissances des consuls et de la communauté de la châtellenie de Roquefixade au Roi en 1672 (copie du 18ème) : CC1

Reconstruction du pont sur la route de Saint Paul, 1791 : O 1

Croquis visuels de délimitation de la commune (1815-1825) = 190 E Suppl D1

Confirmation des privilèges à la communauté de Roquefixade, Nalzen, Saint-Cirac et Soula par le Roy de France et de Navarre (1752)= 1 J 323

Ordonnance du sénéchal de Carcassonne aux consuls de Roquefixade, Nalzen, Saint-Cirac, Soula, Enrivière et autres lieux de la châtellenie de Roquefixade= 1 J 323

Déclaration des consuls de Roquefixade au dénombrement de 1673= 1 J 323

Église Saint Jean Baptiste de Caraybat :

Visite en 1636 et du 24 avril 1649 : ADA, G 58

Visite en 1700 : ADA, G 59

Titres relatifs aux possessions de l’église de Caraybat (14 juin 1651-19 janvier 1702) : ADA, G 235 (73-77)

Sylvie Fabre et Yves Krettly: « Caraybat » dans « Châteaux Pyrénéens au Moyen Age. Naissance, évolutions et fonctions des fortifications médiévales en Comté de Foix, Couserans et Comminges » (La Louve Éditions, 2009)

Plans divers et dossiers: ADA 2 O 1673 à 1677 (écoles, agrandissement de l’église de 1875…)


Célébrités :

– Vidal Saturnin, avocat (affaire Tragine, le bandit de l’Ariège, en 1841) ; député de l’Ariège en 1870 ; maire de Tarascon et de Bouan, habitant au château de Caraybat

– René Garmy : Auteur de l’ouvrage en 1897 de « La mine aux mineurs de Rancié : 1789-1848», et son épouse, née Villary, fille d’un cordonnier de Foix, sont co-fondateur, en 1897, du parti socialiste ariégeois. Était instituteur à Marc, puis à Soula

– « Le sieur de Caraybat » est chargé par Laforest-Thoiras, gouverneur de la ville et du château de Foix,  en 1632, de la démolition du château de Roquefixade »


Armorial (1697) :

Soula : De gueules, coupé d’or, chaussé de l’un en l’autre

  (Réalisation: Y.A. Cros)

Saint-Cirac : D’azur, à trois billettes d’argent posées en branche

Ce qui donne un blason commun : aux 1 et 4 coupé d’or, chaussé de l’un en l’autre (Soula) ; aux 2 et 3 d’azur, à trois billettes d’argent posées en bande (Saint-Cirac)

(Réalisation: Y.A. Cros)


Registre de catholicité le plus ancien : 1637


(Étude : J.J. Pétris; participation d’Y.A. Cros)