Département de l’Ariège, Arrondissement de Saint-Girons, Canton de Saint-Girons

Altitude : 386 / 1059 m

Longitude : 1° 15’ 58’’ E

Latitude : 42° 59’ 44’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

Approches historiques
Patrimoine

Célébrité

Pour en savoir plus…

Surface : 2840 ha

Démographie :

1806 : 1936

1851 : 2348

1856 : 1853

1901 : 1548

1921 : 923

1946 : 641

1968 : 554

1982 : 504

1999 : 501

2006: 512

Étymologie : Mont riant; mais selon F. Baby venant de « Ri(u) + Mont »: « Rivo Monte » (ruisseau de la montagne pour désigner le ruisseau de Portet, en 1448 et 1455)

Le 15 octobre 1801 (23 vendémiaire an X) : Les communes de Castelnau-Durban, Cert, Clermont, Esplas, Lescure, Rimont qui faisaient partie du canton de Rimont passent au canton de St Girons : le canton est supprimé.

Nom des habitants : Rimontais et Rimontaises



Approches historiques :

Des amphores gallo-romaines trouvées à la Calotte démontrent l’ancienneté du site.

Lors des travaux pour la construction de la gare en novembre 1902, près de l’abbaye des pièces de l’époque de Charlemagne y sont découvertes…

L’abbaye de l’ordre des Prémontrés (Combelongue), fondée en 1138 par le comte Arnaud de Pallars, créera une bastide en 1273 qui deviendra Rimont et qui faisait partie des terres du Languedoc (paréage entre l’abbé de Combelongue et Eustache de Beaumarchais, sénéchal, après la guerre entre Philippe III et le comte de Foix). Selon Castillon d’Aspet : l’abbaye est fondée en 1165 par un laïc, Arnaud d’Autriche Palias, seigneur de 60 châteaux

L’abbaye y aurait accueilli le roi Louis VII en 1154 sur la route de Saint Jacques de Compostelle.

1207 : l’abbé de Combelongue, Navarre d’Acqs (qui était aussi évêque de Couserans) est légat du pape Innocent III et participe aux querelles religieuses du catharisme à Montréal (Aude).

Quant à l’origine de Rimont, Cl. Pailhès dans « Archives ariégeoises », n°1 « Les cadres institutionnels du Couserans médiéval » (2009) écrit: « En 1267, l’abbé de Combelongue supplia Alphonse de Poitiers de construire une bastide au lieu dit Castillon, en Avantès. Le comte en 1269 ordonna une enquête qui aboutit à un sursis pour une plus ample information car l’opération lésait le comte de Comminges. En 1272 enfin, l’abbé donna en paréage à Eustache de Beaumarchais, sénéchal de Toulouse, toutes ses possessions en Avantès à condition qu’une bastide y fut fondée : ce fut Rimont, et ce malgré les protestations du comte de Comminges. ». Il est dit: « Toute personne qui viendrait habiter le lieu serait libre ».

Une Charte de coutumes est accordée aux habitants en 1273 qui sera renouvelée en 1354 (paréage entre l’abbé de Combelongue, Bernard, et le roi de France, Philippe le Hardi qui devient co-seigneur de Rimont)

Les abbés de Combelongue avaient droit d’assistance aux États de Foix avec ceux de Boulbonne, du Mas d’Azil, de Lézat et de Foix

Quand surviennent les guerres de religion, les Protestants dévastent l’abbaye de Combelongue en 1568.

Au 16ème, le roi partage toujours la justice avec l’abbé de Combelongue.

Arnaud de Jonquet, dernier abbé de l’abbaye de Combelongue (de 1741 à 1789) émigre en Espagne où il meut vers 1797

A la Révolution, l’abbaye est pillée et incendiée.

Avec le nouveau code forestier, Rimont connaîtra ses « Demoiselles ».

Sous le 1er Empire, les foires de Rimont du 10 février, 11 avril, 14 octobre, 22 décembre sont des plus importantes.

Activité potière jusqu’à la fin du 19ème (Spécialiste des « dournes » ou cruches); Mines de cuivre et plomb argentifère à la Calotte et l’Estangue

Au début du XXème siècle, sept instituteurs et un curé y exercent pour Rimont et ses hameaux : Combelongue, Bartolle, Grious, Pladellac, Calibére, Micassou, Terrac, Bastard, Maneyre, Fajaou, Brouil, Pujol

La voie ferrée Foix à Saint-Girons, longue de 47 km, desservait les stations de Foix, Baulou, Cadarcet, La Bastide de Sérou, Ségalas, Castelnau-Durban, Rimont, Lescure et Saint Girons

Le conflit de la seconde guerre mondiale fera de Rimont « village martyr ». Le 21 août 44, lors de la retraite allemande : 11 fusillés ; 236 immeubles sont détruits dont 152 maisons incendiées ; 231 personnes sans abri. Claudius Petit, ministre de la reconstruction, inaugure le « village ressuscité » de Rimont le 19 juin 1950

Rapports :

Combat et destruction de Rimont par les troupes allemandes le 21 août 1944:

« Dès le 20 août Rimont avait constitué une garde civique.

Le 21 août à 9 heures 10, un des hommes donne l’alerte et signale que les Allemands montent vers Rimont.

Tous les hommes armés rejoignent leur poste de combat en avant du village. Les hommes de Rimont appuyés par 8 Espagnols du maquis de Rilles ouvrent le feu sur le premier détachement allemand. Ils se rendent compte dès le début du combat qu’ils ont à faire à une troupe considérable et fortement armée.

Malgré l’inégalité des forces en présence, (du côté des nôtres, il n’y avait que 23 hommes plus 8 Espagnols, et qu’il a été reconnu que la colonne allemande comptant plus de 2000 soldats, et l’armement insignifiant des hommes). Le combat se poursuivra jusqu’à l’épuisement des munitions, soit 2 heures après le premier contact. A 11 H 15, nos hommes sont obligés d’abandonner les abords du village qu’ils avaient protégé jusqu’à cette heure. Les troupes allemandes l’occupent immédiatement, et s’emparent des civils qui étaient restés au village, hommes, femmes, vieillards.

Au fur et à mesure qu’ils avancent dans le village, ils pillent toutes les maisons, et mettent le feu partout, maison par maison à la grenade incendiaire, avec de l’essence et même avec du papier et des bûchers faits avec des chaises ; systématiquement, ils détruisent tout. 142 maisons ont flambé.

Celles qui restent debout (17) n’ont pas échappé à leur sauvagerie, mais pour certaines le feu n’a pas voulu prendre et d’autres ont pu être éteintes par des habitants du village. D’autre part, d’après les témoignages recueillis, 6 (sic) habitants de Rimont ont été fusillés par les Allemands.

1)      Monsieur Alio Jean Baptiste, 28 ans, instituteur en congé à Rimont, a été emmené par les Allemands et au bas de la côte de Rimont au lieu-dit « La Fontaine de Marie» a été fusillé.

2)      Tolomei Jean, 62 ans, réfugié de Collioure, Pyrénées Orientales, a été pris devant sa femme et a été fusillé presque sur place.

3)      Rousse Jean, 53 ans, cultivateur au hameau de « Pas de la Plagne », près chez lui a été fusillé ; sa ferme a été incendiée après.

4)      Soula Louis, 43 ans, cultivateur au hameau de « Terrada », fusillé le long de la voie ferrée en même temps que Monsieur Rousse Jean. Sa ferme a été incendiée.

5)      Servat Joseph, 55 ans, maître valet de ferme, fusillé dans le village. Son corps a été retrouvé trois semaines plus tard dans les décombres d’un mur.

6)      Soula Félicien Adolphe, 78 ans du « Hameau de Lasserre » a été fusillé devant sa porte.

7)      Forgues Etienne Joseph, 66 ans, au hameau de Bennet. (Cette personne ne figure pas dans certains rapports)

D’autres hommes ont été mitraillés pendant qu’ils cherchaient à s’enfuir.

C’est le cas de :

Monsieur Soum Antoine dit Jean, 70 ans

Monsieur Rousse Jean François, 72 ans

Madame Laffont Marie, 75 ans a été tuée par une balle perdue.

Monsieur Sentenac Adrien, 71 ans, est disparu ; on le suppose carbonisé sous les décombres de sa maison.

Par ailleurs, 25 personnes avaient été prises comme otages dès la rentrée des troupes allemandes ».

 *

Résumé des Témoignages des habitants de Rimont qui étaient restés dans le village pendant le combat et avaient été prises par les Allemands.

Le 21 août, vers 11H 15 quand les Allemands ont pénétré dans le village, ils tiraient dans les fenêtres des maisons et mettaient le feu à tous les bâtiments qu’ils rencontraient.

Les habitants qui étaient encore dans les maisons ont donc dû quitter celles-ci ou les caves où ils s’étaient réfugiés.

Ils furent ramassés en plusieurs groupes :

1)      Un groupe fut réuni en haut du village et conduit à l’abbaye de Combelongue (colonie de vacances) où ils furent gardés à l’intérieur des bâtiments. Les Allemands ont pillé cette colonie prenant l’argent, les denrées et le linge qu’ils trouvaient.

2)      Au milieu du village, un groupe d’hommes (environ 20 personnes) et de jeunes fut rassemblé et aligné le long du mur de la maison de Mr Cabau, marchand de vins. Toutes ces personnes ont l’impression qu’elle auraient été fusillées, si l’un des leurs, Monsieur Sentenac François, risquant sa chance, ne s’était échappé en traversant la maison et en sautant par une fenêtre dans un parc situé en contrebas de 6 mètres en dessous de cette maison. L’officier et les soldats allemands qui encadrent les soldats mongols sont partis à sa recherche et ne sont pas revenus. Les soldats ont donc conduit les personnes en bas du village et les ont fait se joindre au 3ème groupe.

3)      Un groupe d’hommes d’un certain âge, de femmes et d’enfants avait été formé, face à la propriété sise au bas du village dite La Vignasse.

L’officier, après un 1er interrogatoire rapide, a permis à de vieilles femmes et à des enfants de partir par la route du Mas d’Azil.

L’interrogatoire a repris ensuite plus serré ; un par un, l’officier menaçait chaque personne. Il voulait faire avouer où qu’ils étaient du maquis ou d’une famille de maquisard. A plusieurs reprises, ils ont aligné des personnes le long du mur en leur disant qu’ils allaient être fusillées pour venger les soldats allemands morts.

Enfin, tous les habitants ayant résisté à l’interrogatoire et n’ayant rien avoué, l’officier les a remis en garde à quelques soldats ainsi que les personnes du groupe 2 qui les avaient rejoint. Ils furent conduit dans un pré, en contrebas de la route nationale et restèrent allongés tout le jour pour s’abriter des balles perdues qui passaient au-dessus de leurs têtes.

Le soir, les gardiens sentant le combat perdu leur offrirent de partir. Ce qu’ils firent vers 22 H 30 à la nuit. Ils purent tous s’échapper malgré des rafales que leur envoyaient divers groupes allemands qui les aperçurent.

*  

NB: Selon un rapport, 17 Allemands ont été tués et enterrés à Rimont…

 

Quant à l’abbaye de Combelongue, en 1990, elle est achetée par J. Luc Mirguet qui restaure les bâtiments et en fait un lieu de manifestations culturelles

La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises


Patrimoine :

Abbaye Saint Laurent de Combelongue M.H. : 02/06/1992: chevet roman en briques ; art mudéjare

Prémontrés : ordre réformé des chanoines réguliers de saint Augustin (fondé par saint Norbert). L’abbaye aurait compté une centaine de religieux au XIVème siècle. Endommagée durant les guerres de religion, l’abbaye périclite et sera pillée et incendiée à la Révolution.

Église  de l’Assomption du 17ème : Clocher (12 et 13éme) : 5 tableaux des frères Pédoya de Montséron.

Moulin (écomusée : 2 paires de meules)

Château de Montségu (route de La Crouzette): Charles de Séré, né le 1er août 1863 s’y fixe

Château de la Vignasse (près de l’église): 17ème, privé (a appartenu au sénateur Paul Laffont)

Monument aux Morts:  ensemble statuaire en pierre «de part et d’autre d’un pilier, une femme en costume traditionnel et un berger en houppelande». Auteur: P. Manaut/ Architecte: Y. Giscard cau, 1955. (monument Historique depuis le 6 août 2007)


Célébrités :

Paul Bordes : né et DCD à Rimont (1761-1847) ; élu député au conseil des Cinq Cents en octobre 1795. Il y siège jusqu’au coup d’état de Bonaparte des 18 et 19 Brumaire de l’an VIII (9 et 10 novembre 1799), puis au Corps Législatif jusqu’en 1803

Bordeaux Henri: Académicien (Famille originaire de Maneyre à Rimont)

Paul Laffont: Né le 25 avril 1885 au Mas d’Azil, avocat et homme politique ; sous secrétaire d’État au ministère des Postes dans les cabinets Briand et Poincaré ; Député de 1914 à 1930; sénateur (Gauche démocratique) du 20 octobre1929 à sa mort; vote les pleins pouvoirs au maréchal Pétain ; propose l’Andorre pour l’implantation de Radio-Andorre (pour faire face au monopole d’État); assassiné le 13 juillet 1944


Pour en savoir plus…

Fonds de Combelongue : ADA, 36 J

« Bataille de Rimont et de Castelnau-Durban », Cl. Delpla, 1994

Th. De Hansy : « Notes concernant la communauté de Rimont de 1754 à 1789 », 1910

BSA 1917, P. 227

« Fondation d’un obit en l’église ND de Rimont, au diocèse de Couserans, par Pierre Roueix…, 4 décembre 1641 », Ab. L. Blazy, BHDP, 1913

Abbaye de Combelongue : ADA H 74-83 et dans Chartrier de Rodes : ADA 36 J + BN Collection Doat : 93-102

Plans et dossiers divers aux ADA : 2 O 1302 à 1309 (écoles, halle, eau, église, …)

NB : Penser que les archives de la mairie ont été incendiées le 21 août 1944…

Armorial (1697) : (celui du couvent des prémontrés de Combelongue) :

D’or, à un pin de sinople, chargé de cinq pommes d’or et soutenu d’un terrain de sinople

   (Réalisation: Y.A. Cros)

 

Registre paroissial le plus ancien : 1779


(Étude: J.J. Pétris; participation d’Y.A. Cros)