Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix, Canton de Quérigut

Altitude : 1022 / 2359 m

Longitude : 2° 05’ 55’’ E

Latitude : 42° 41’ 57’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

Approches historiques
– Patrimoine

Célébrités

Pour en savoir plus…

Surface : 3640 ha

Démographie :

1806 : 563

1851 : 686

1856 : 700

1901 : 600

1921 : 446

1946 : 341

1968 : 234

1982 : 147

1999 : 116

2006: 137

Étymologie : Du celte « Ker acutus » : crête de rocher




Approches historiques :

Importante sépulture découverte dans une caverne datée par J. Clottes et J. Guilaine « des débuts de l’Age du Bronze, vers 1800-1600 avant notre ère »

Dans son livre, « Le comté de Foix, un pays et des hommes », Cl. Pailhès, P. 351 écrit: « Les analyses palynologiques du ruisseau du Laurenti à Quérigut ont attesté la culture des céréales vers 4000 avant notre ère, dont très tôt par rapport aux autres pays ariégeois »

Narbonne, devenu siège épiscopal au IIIème siècle, englobait le Donezan (héritage d’une « villa » gallo-romaine) où la paroisse de Saint-Félix de Quérigut sera notée en 844. Selon Cl. Pailhès, ce premier acte connu du 30 juillet 844 par lequel Argila, fils du comte Bera vendit à son fils la « villa » de Donnezan avec l’église qui y a été fondée est  « C’est la plus ancienne mention (et de très loin) d’une église rurale en terre ariégeoise ».

De même, un château, à la même date y est mentionné pour la première fois (donation entre Argila et Bera II de Razès)

Le Donezan auquel appartient Quérigut dépendait de la Couronne d’Aragon. En 1208, le roi Pierre II d’Aragon céda la région au comte de Foix qui doit lui en rendre hommage, en échange de sa neutralité dans les problèmes de succession du comte d’Urgel. De cette époque jusqu’à la Révolution, ce pays a conservé son autonomie. Cette souveraineté passa ensuite aux rois de Navarre, par le mariage de Gaston IV, comte de Foix, avec Eléonore, héritière du royaume de Navarre, et elle fut réunie, enfin, à la couronne de France par le roi Henri IV, avec les autres terres des maisons de Foix et d’Albret.

Précisions de Cl. Pailhès dans « Le comté de Foix, un pays et des hommes » (P. 310): Bernard d’Usson renonce au Donnezan et reconnaît en 1311 que le château d’Usson et les terres en relevant appartenaient au comte de Foix

Jean XXII donne aux diocèses leur structure définitive jusqu’à la Révolution (22 février 1318) ; Alet, démembré de Narbonne et devenu diocèse, comprit toujours le Donezan.

Des privilèges sont accordés, confirmés par les rois de Navarre et par les rois de France depuis la réunion à la Couronne

C’est à Son (Usson) qu’est le siège de l’administration du Donezan.

Vassaux des comtes de Foix, les seigneurs d’Alion reconstruisent le château au 13ème.

Refuge de Parfaits après la chute de Montségur, Bernard de Son, en 1310, échange la seigneurie d’Usson au comte de Foix contre les châteaux, bourg et vallée de Miglos

Lors du dénombrement de 1390 du comté de Foix, Quérigut apparaît sous le nom de « Quier Agut » et comporte 60 feux (hors hameaux la composant: Saint Félix, Carcanet, Al Vielar (Biela)… Un des 59 moulins du comté y est signalé.

« Sent Felis » (Saint-Félix) dans le rôle des feux du comté de Foix est à part de Quérigut: Maluquer y signale que le cadastre de 1836, section D, n° 16, mentionne la « masure de l’église »

A cette date des privilèges sont accordés aux habitants (qui seront renouvelés en 1427 et confirmés en 1535, 1611 par Louis XIII, en 1643 par Louis XIV et en 1729 par Louis XV).

« Lo loc et castel de Quier Agut » en 1445

Lors des guerres de religion, Quérigut devient asile pour des protestants

Le château de Quérigut fut brûlé par les Catalans en 1589. En 1607, Louis XIII y établit un châtelain et une garnison y était établie.

A l’avènement d’Henri IV, le Donnezan fut réuni à la couronne de France et fit partie du gouvernement général du comté de Foix.

Noble Jean de Roquefort, seigneur de Daumazan, commandait pour le roi le château d’Usson en 1632. Son fils, qui se qualifiait co-seigneur de Carcanières, lui succéda dans les fonctions de gouverneur des châteaux d’Usson et de Quérigut

La garnison qui se trouvait au château de Quérigut est supprimée par arrêt du Conseil d’Etat en date du 25 avril 1638, selon Delescaze: le château sera détruit.

Quérigut  a été brûlé 2 fois, notamment en 1676, par les Espagnols durant la Guerre de Hollande, où l’on signala 300 cavaliers et 1000 fantassins et miquelets à Quérigut dont ils voulaient prendre le château

Depuis que la terre du Donezan est engagée à Mr le marquis de Bonnac pour le Donezan et son territoire par Louis XIV, Quérigut est devenu lieu du siège de justice seigneuriale

A la Révolution, le marquis d’Usson est député de la noblesse aux Etats Généraux, mais doit émigrer : ses biens seront vendus comme bien national.

“La proclamation de la République à Paris (24 février 1848) fut connue en Quérigut le 27 février, écrit Ch. Bourret. Immédiatement, les habitants se précipitèrent dans les forêts pour y couper du bois et s’attaquèrent aux gardes forestiers, aux usuriers locaux et aux propriétaires fonciers, successeurs de la famille d’Usson, qui exigeaient des droits de dépaissance et louaient leurs estives aux éleveurs du Capcir et de la Cerdagne espagnole. Très rapide, la répression aboutit à l’inculpation de 29 personnes » ; et d’ajouter “Quérigut était une plaque tournante de la contrebande” sous l’Empire

Sous le 1er Empire, les foires des 17 mai et 8 octobre étaient connues pour ses ventes de toiles

En 1896, Quérigut comprend 153 maisons pour  156 ménages et  620 habitants

Au début du XXème siècle, trois instituteurs et un curé y exercent pour Quérigut et ses hameaux de Le Mass et Carcanet. La gare la plus proche est, alors, Axat dans l’Aude.

Durant la seconde guerre mondiale, la Sipo de Foix contrôle le sud de la Haute Garonne, l’Ariège sauf Quérigut, Rouze, Mijanès et Usson-les-Bains qui sont rattachés au SD de Montpellier et dépendent du commissariat de Font-Romeu.

Dans le courant du mois de juin 1944, Marcel Taillandier, qui est le chef du Groupe Morhange, forme un maquis dans la région de Quérigut. De même, le secteur sera le repli du maquis de Picaussel après son attaque d’Août. De nombreux passages s’effectueront vers l’Espagne depuis Quérigut


Patrimoine :

Ruines du château d’Usson (qui accueilli les cathares fuyant Montségur en partance pour l’Espagne). Dans les anciennes écuries : musée du Donezan

(Photo: Laurent Crassous)

Ruines de l’église saint Félix

Église paroissiale dédiée à saint Joseph

Étang de Quérigut

Domaine forestier

Anciennes mines de Mates


Célébrités :

Auguste Delpech (né à Bonnac le 22 décembre 1846), radical socialiste, ancien professeur au lycée de Foix, conseiller général de Quérigut, sénateur(1895-1901 et 1902-1913) : co-fondateur de la Ligue des Droits de l’Homme. 1908 : Le sénateur Noël-Auguste Delpech est nommé président du comité exécutif du Parti Radical Socialiste français.

– Patrie de Roquelaure dont les facéties égayèrent la cour de Louis XIV

Doumenjou Hippolyte : conseiller général de Quérigut de 1863 à 1865, puis de Tarascon en 1867 ; défenseur des intérêts forestiers et des paysans, il a publié des études sur les usages et coutumes

Le 30 décembre 1911, I. Cros est nommé agent-voyer cantonal à Quérigut ; résistant sous le nom de « Calmette », chef des MUR en 1943

Jean Louis Bernié, né le 22 août 1953 à Quérigut, député européen en 1999  (CPNT); fils de Raymond Bernié (conseiller régional, maire de Quérigut de 1977 à 1989, maire adjoint de Pamiers sous Trigano)

Jules Palmade: Né à Quérigut le 24 février 1898; mort à Seix le 24 décembre 1967: poète, écrivain; « Fleurs Nouvelles », 1948; « Pétales de vies », 1964…


Pour en savoir plus…

Dans les BSA:

« La Révolution de 1848 dans un pays forestier (canton de Quérigut) », Ph. Morère, BSA 1918

Le Canton de Quérigut avant la Révolution et la question forestière en 1848 : BSA 1917

« Mémoire contenant les doléances, remontrances et réclamations du pays souverain de Donezan à l’occasion des Etats généraux de 1789 », BSA 1889

« La Révolution de 1848 dans un pays forestier. Le soulèvement de Quérigut », Ph. Morère, BSA 1920

« Extrait des registres des délibérations du pays souverain de Donezan », BSA 1890

Bibliographie:

Sur le marquis de Bonnac, ambassadeur de France en Espagne : « D’un versant à l’autre », T. 1 (FD des S.Ac. et Sav. Languedoc-Pyrénées-Gascogne), 1998

« La vesio de Bernat de So », A. Pagès, Ed. Privat, 1945

« Le château d’Usson et le Donnezan », Tillet P., 1990

« Château d’Usson: rapport de fouille, campagne 1994”, Tillet Patrice, 1995

Cau-Durban : « Quelques détails sur la Révolution en Donezan », dans « Bulletin paroissial du Haut-Quérigut, », juin 1934

« La « Vésio » de Bernat de So et le « Débat entre honor et delit » de Jacme March », Pages,  Toulouse, Privat, 1945

« Un combat devant Quérigut (1676) », Bul paroissial du haut Quérigut, mars 1933

Quelques notes sur le Quérigut sorties des archives de l’église de Quérigut. Le carillon du Bas-Quérigut, sept-nov. 1928

Archives:

Titres de la famille d’Usson, marquis de Bonnac : ADA E 148

Rapport d’expertise concernant la visite des terres défrichées dans les forêts de Donnezan (Froidour), 1669 : ADGH : 1 A 12 (f° 399)

Limites de seigneuries frontalières : limites du Donnezan en 1304

Remise du château de Quérigut par le procureur de Gaston de Foix-Béarn au procureur du roi de Majorque (le roi de Majorque était le comte de Cerdagne et seigneur suzerain de la terre de Donnezan, tenue en fief par le comte de Foix), entre 1304 et 1341 : AD des PO : 1 B 88

Privilèges des habitants du Donnezan (1428-1670); capitainerie d’Usson et exploitation des forêts du Donnezan (1624-1670): AD HG 8 B 153

Remise du château de Quérigut par le procureur de Gaston de Foix-Béarn au procureur du roi de Majorque (le roi de Majorque étant comte de Cerdagne et, en tant que quel, seigneur suzerain de la terre de Donnezan, tenue en fief par le comte de Foix: AD PO, 1 B 88

Donnezan: administration du pays, privilèges (1549-1788): ADA, E 82

Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 1268 à 1274 (école, eau, église…)

Registre de catholicité  le plus ancien : Paroisse de Saint Félix : Le Mas, Le Pla, Le Puch, Artigues, Carcanières : 1636


(Étude : J.J. Pétris)