Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix, Canton de Lavelanet


Altitude : 630 / 2365 m

Longitude : 1° 49’ 60’’ E

Latitude : 42° 52’ 17’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

Approches historiques
Patrimoine

Pour en savoir plus…

Superficie : 3716 ha

Démographie :

1806 : 671

1851 : 877

1856 : 800

1901 : 549

1921 : 463

1946 : 231

1968 : 167

1982 : 128

1999 : 117

Étymologie : « Montagne sûre »

Nom des habitants : Montséguriens et Montséguriennes


Approches historiques :

Pour une fois, « Histariège » ne tentera pas le canevas historique traditionnel.

Montségur étant un symbole unique en Ariège, avant toutes indications d’ordre historique, nous souhaitons commencer, pour une synthèse, du fait mondialement renommé de Montségur, par l’avis d’un éminent historien reconnu de tous ses confrères: François Taillefer.

Extrait de « L’Ariège et l’Andorre », chez Privat (F. Taillefer) :

« Après la Croisade contre les Albigeois et l’annexion du Languedoc à la couronne de France, le sommet assez vaste du « pog » fut le dernier refuge des Cathares. Ceux-ci vivaient dans un village de pierre et de bois, sous la protection d’un château construit en 1204 par Raymond de Péreille. Du haut de ce nid d’aigle, ils défiaient l’autorité royale et les tribunaux de l’Inquisition, lançant des raids jusque dans le bas pays. En 1242, le sénéchal de Carcassonne et l’archevêque de Narbonne furent chargés de mettre fin à cette situation. Le siège de Monségur dura tout l’été et l’hiver suivant, de mai 1243 au 1er mars 1244.A l’issue d’une trêve de 15 jours, la garnison se rendit et les 200 Cathares réfugiés dans le château, ayant préféré la mort à l’abjuration, furent brûlés. A l’emplacement supposé du bûcher, une stèle a été élevée à ces « martyrs du pur amour chrétien ». Montségur est ainsi devenu, pour les occitanistes, le symbole des libertés occitanes. Une légende s’est créée…

Combien d’entre eux (les touristes) savent que le grand vaisseau pentagonal de pierre, aux murs lisses et aveugles, prenant appui sur un donjon construit au-dessus d’une vaste citerne, n’est pas le château de Raymond de Péreille pris en 1244 ? »

Ceci étant, Montségur ne se résume pas à cet épisode, historiquement important dans notre culture, qui symbolise autant la fin d’une « hérésie » pour les uns, et la soumission annoncée, pour tous, du Sud au Nord (et donc, la fin de la langue d’Oc vis à vis de la langue d’Oil). C’est en cela, croyons-nous, que Monségur est le symbole historique d’une rupture d’un « passé » et d’un « avenir » qui se veut nouveau.

Revenons, donc, à Montségur et quelques éléments « hors catharisme »…

Montségur est un site préhistorique connu des scientifiques de l’âge de l’Homme de Neandertal (80 000 ans) : grotte du Tuteil et de Caougno

Plus près de nous, la présence des romains est attestée par la découverte de pièces de monnaies ou outils.

Comme toute la contrée, la zone est tout d’abord sous le domaine des comtes de Toulouse, puis de Carcassonne jusqu’au partage de celui-ci qui établira le Comté de Foix (1002).

Aucun texte précis ne nous dit ce qu’est Montségur jusqu’au « fameux » épisode concernant le catharisme. Cependant Cl. Pailhès dans son livre « Montségur, village ariégeois » pense que le village a été créé de toutes pièces qu’après l’épisode cathare…

Ce que nous pouvons savoir :

Le château était en ruines en 1204 et fut « reconstruit » sous les ordres d’Esclarmonde, sœur du comte de Foix, et sous la direction de Raymond de Péreilhe.

Donc, un premier château existait ; puis celui de Raymond de Péreille, vassal du comte de Foix, au début du 13ème, appelé « Montségur II » pour les archéologues et qui sera le théâtre du symbole de la chute du Catharisme. Une chose  est sûre : ce n’est pas celui que l’on voit de nos jours !

Il se situait, alors, à peu près au même endroit que celui que l’on connaît. Les seules traces de ce château sont trois murs de défense qui étaient construits en contrebas (côté route) en utilisant la configuration du terrain; Une tour de guet se trouvait sur la falaise à l’opposite (Roc de la Tour). A l’intérieur des fortifications, se trouvait le village cathare (environ 800 cabanes pour une population estimée de mille personnes).

  Photos: Laurent Crassous 

Après la chute de Montségur, le roi de France donne le domaine à Guy de Lévis (et passe, donc, en Languedoc). C’est ce dernier qui reconstruit, dans la seconde moitié du 13ème siècle, la forteresse que nous connaissons aujourd’hui : l’architecture de construction n’est pas celle qui est traditionnelle de la contrée, mais bien celle du Royaume de France d’alors (d’où est issu Guy de Lévis). Une garnison royale d’une trentaine de soldats y sera présente jusqu’au traité des Pyrénées au 17ème. Le château était encore dit « défensable » en 1510 .

Pour ce qui concerne l’épisode du catharisme : Montségur subit quatre sièges dont un seul avec succès, celui de mars 1244 : le premier par Guy de Montfort, frère de Simon en 1212 ; le second par Simon de Montfort en 1213 ; (Dès 1232 la hiérarchie des églises cathares s’y réfugie).puis en juillet 1241. Entre temps, en 1242, la garnison de Montségur se rend à Avignonet et massacre les inquisiteurs du Languedoc

En mai 1243 : Hugues des Arcis commence le siège qui dure 10 mois et s’achève sur la reddition de mars 1244. L’attaque décisive commence par la prise de la tour de guet qui rendait directement le château accessible (sûrement par un commando d’« alpinistes ») vers Noël 1243 : ce qui permit, ensuite, de faire monter les machines de guerre (machines de jets) ; d’où le nombre de boulets retrouvés lors des recherches. L’on connaît la suite : la trêve, la reddition, le bûcher, l’emprisonnement à Carcassonne de Raymond de Péreille…

Après la chute du château, Montségur relèvera, alors, de la seigneurie de Mirepoix (confié à Guy de Lévis qui rend hommage à Louis IX pour Montségur en 1245). Un village se construit en contrebas (avec les pierres des murs de défense).

Montségur devient une source d’inspiration pour de nombreux romanciers, comme Maurice Magre, Otto Rahn, le duc Lévis-Mirepoix, Pierre Benoît et suscite une série de films à succès ou de bandes dessinées… ou même inspire Wagner ; mais un auteur est intimement lié à la notoriété de Montségur et de ses nombreuses recherches qui en résultent (archéologues ou historiens), ainsi que le dit Michel Roquebert (dans  Ariège Magazine N° 2 du 20 février au 15 avril 2003) : « Napoléon Peyrat a ressuscité Montségur » ou Annie Cazenave.

  Le solstice d’été (21 juin)

(Photos: Laurent Crassous, qui rappelle que cela n’a rien de cathare, car le château tel que nous le connaissons n’existait pas…)

A la Révolution, Montségur est mis dans le canton de Montferrier ; puis passe le 15 octobre 1801 (23 vendémiaire an X)  à celui de Lavelanet

Au début du XXème siècle, trois instituteurs sont présents sur la commune.


Patrimoine :

Le château : M.H. : 1862 et 03/03/1989. Château construit après l’épisode cathare…

 




Prat del Crémats : stèle érigée par la Société du Souvenir et des Etudes Cathares. Sur cette marque commémorative, des symboles et ces mots : « Als cathars, als martirs del pur amor crestian. 16 mars 1244 ». Il semble certain qu’il ne s’agit pas du lieu du bûcher : celui-ci serait situé sur la colline, (au dessus du parking) à droite du col en se rendant sur Montferrier.

Sur le sentier qui mène au château de Montségur : stèle érigée en hommage à Maurice Magre, poète, romancier… !

Le chemin des Bons Hommes : de Montségur (point de départ) à Berga en Espagne (ultime étape) = 229 Km; passe par Comus, Montaillou, refuge de Chioula, Orgeix, Orlu, le refuge de Roc de la Pera, Merens les Vals, refuge des Bésines, L’Hospitalet, Porta pour la partie française = tracé à partir des archives inquisitoriales s’intéressant à l’exil des « Bons Hommes » et des fidèles cathares allant du Languedoc à la Catalogne où le comte de Foix avait des terres.

Musée de Montségur, créé en 1965 : exposition à partir des fouilles réalisé sur le site historique du château (boulets, caleth, ciseaux, armes, objets divers du XIIIème…). A noter, les deux squelettes retrouvés en 1964 dans l’ aven du Trébuchet (seul aven fouillé à ce jour), sous le Roc de la Dentilhero : un homme mesurant 1m 72 et une femme de 1 m 68, ayant tous deux l’impact d’un fer de flèche

Église ND

Grottes de la Caougne, de Tuteil, de las Morts

La grotte de la Caougne qui comporte deux salles (photo de Laurent Crassous)

Étangs du Saint Barthélemy ; cascade du Teych.

Dolmen de la Reboule


Célébrité

Raimonde Reznikov: écrivain « Montségur secret » (1987); « Cathares et templiers » (1991); « Les Celtes et le Druidisme » (1994)


Pour en savoir plus…

Montségur a certainement le « privilège » d’avoir le nombre d’ouvrages lui étant consacré le plus important de l’Ariège (tant au niveau national qu’international). Nous ne citerons donc que quelques références.

*

Dans les BSA:

« Montségur : Travaux de recherches archéologiques, 1980- 1983, premiers résultats », Czeski André, BSA 1985

« Montségur : quelques données fournies par les recherches archéologiques et nouvelles informations depuis 1984 », Czeski André, BSA 1991

« Nouveaux regards sur le castrum : états des recherches effectuées dans la forêt du versant oriental du pech de Montségur », J.P. Balssa, A. Czeski, M. Sabatier, BSA 1998

« Les archères du château de Montségur : description, essai de datation ; éléments sur le dispositif défensifs du château », A. Czeski, M. Sabatier (GRAME), BSA 1998

« Quelques aspects de la vie quotidienne à Montségur aux XIIIème et XIVème révélés par les témoignages archéologiques exhumés », Czeski André, BSA 1982

Quelques incontournables:

« L’épopée cathare » (4 tomes), M. Roquebert, 1970-1989

« Montségur, village ariégeois », Michel Barrère, Pierre-Toussaint Cornède, Anne Brenon, Claudine Pailhès (Conseil général de l’Ariège et Archives départementales de l’Ariège, 2007)

« Monségur : la mémoire et la rumeur », collectif sous Cl. Pailhès (description des écrits et recherches sur Monségur et inventaire du travail archéologique)

« Montségur », A. Brenon, 1994

« Montségur : son rôle pendant la croisade des Albigeois. Description de ses ruines », Dr Paul Courrent de la Sté d’études scientifiques de l’Aude, Carcassonne 1932

« Les œuvres hautes du château furent démolies après le terrible siège de 1244 » (1909 d’après de Lahondès)

 

« Le château de Montségur, guide des ruines et des collections archéologiques », J.P. Sarret, Centre d’Archéologie Médiévale du Languedoc, 1985

« Monségur (Ariège). Résultat des recherches d’août 2000, effectuées sur le versant orient du Pech », A. Czeski et M. Sabatier, « Heresis » n° 34, 2001

« Montségur », Lévis-Mirepoix, 1924

« Le bûcher de Montségur », Zoé Oldenbourg, 1959

Récit du siège par Bergès : Annuaire de 1909

« Tourisme en Pays de Lavelanet », Bruno Labrousse, Denis Martinez, 2001

BSA 1970 P. 94 (J. Baylé)

Chemin des Bonshommes : de Montségur à Berga (GR 107) :

Topo guide : « Sur les traces des Cathares, le chemin des Bonshommes : Foix/Montsegur/Bagè/Berga », FFRP

Annexes :

ADA : Dans 281 EDT :

Reconnaissances du lieu de Montségur consenties en faveur de Louis de Lévis, marquis de Mirepoix, Léran et autres en 1761-1762 : CC1

Privilèges accordés aux habitants de la seigneurie de Mirepoix en 1577 : N1

Notice sur Montségur, Bélesta, Montférrier (1819) au préfet : ADA, 1 J 6

Église ND : Visite de l’église ; Autre visite du 17 avril 1659 ;  visite en 1700 : ADA, G 58

Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 1080 à 1087 (écoles, restauration de l’église de 1903, lavoir, eau, château-fort en 1936, moulin, …)

Registre de catholicité le plus ancien : 1680


(Étude : J.J. Pétris)