Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix, Canton de Montgailhard
Altitude : 428 / 1488m Longitude : 1° 37’ 42’’ E Latitude : 42° 54’ 29’’ N (Carte: Conseil Général de l’Ariège)
Surface : 1412 ha 1806 : 606 1851 : 874 1856 : 832 1901 : 721 1921 : 523 1946 : 297 1968 : 398 1975 : 202 1982 : 220 1999 : 305 2006: 357 « Montaulieu » en 1801 (Bulletin des Lois) « Genevat »: forme romane de Ginabat (Esquerrier) « Montoliu »: forme romane de Montoulieu (Esquerrier)
Sur la butte du « Rocher du Castel », à Montoulieu (en Ariège): tour qui sert d’horloge et qui aurait servi anciennement de tour de guet. Quoiqu’il en soit, un château y était déjà construit en 1161 : Bernard de Belmont, propriétaire du château de Belmont (limites actuelles de Saint Paul, Celles et de Freychenet) jure fidélité au comte de Foix pour le château de Montoulieu
Jean Duvernoy a retrouvé dans les registres d’inquisition une Adélaide de Falgous, cathare à Montoulieu en 1227 1301 : « Hommage rendu au comte de Foix par Pons de Villemur de ce qu’il tient à Montoulieu, Senhaux (Seignaux), Genabat (Ginabat), Saillens (Saleix) et Vicdessos » 18 janvier 1380 : dans le château de Mazères, hommage rendu à Gaston Fébus par « lo noble Arnaut de Marquefave, senher de Montfaucon, donzel, per los locx de Boguer (Siguer), de Gestes (Gestiès), de Montoliu (Montoulieu), de Senhaas (seignaux), en Savartes» Lors du « Rôle des feux du Comté de Foix », en 1390, il est fait mention de 22 feux et de l’un des 59 moulins du Pays de Foix pour Montoulieu (« Montoliu »); tandis que Seignaux (« Senhaus ») comporte 6 feux Montoulieu qui comprend de nos jours Seignaux et Ginabat relevait du consulat de Foix et appartenait à la châtellenie de Foix en 1450 Ancien consulat de Foix : Amplaing, Arabaux, Baulou, Bénac, Brassac, Burret, Cadarcet, Cos, Ferrières, Foix, Ganac, L’Herm, Loubens, Loubières, Montoulieu, Pradières, Prayols, Saint Jean de Verges, Saint Martin de Caralp, Saint Pierre de Rivière, Serres, Soula, Vernajoul En 1401 : Esquieu de Mirepoix, chanoine de Foix, est le seigneur de Montoulieu (en partie) et de Seignaux (en sa partie) Eglise, alors sous l’invocation de saint Martin, est visitée en 1551 par J. de Regert (aujourd’hui saint Léger) 1886 : 193 maisons, 193 ménages, 765 habitants à Montoulieu ; 66 maisons, 66 ménages, 249 habitants à Seignaux Concédée au début du 20ème siècle à la Société des matières céramiques de l’Ariège, une production de terre à poterie et kaolin était transportée par un câble aérien sur 1500 m jusqu’à Garrabet pour l’opération de lavage dans des bassins La Société des kaolins avait une concession à Seignaux accordée le 13 octobre 1902; prolongée d’une durée de 30 ans à partir du 13 octobre 1922 qui devait expirer en 1952. Résiliation du bail pour non paiement de la redevance le 18 avril 1933… (Le siège de la société était: 79 rue Saint Genès à Bordeaux) Moulin à farine Au début du XXème siècle, il y avait 2 instituteurs à Montoulieu, 2 à Seignaux, 1 à Ginabat. Un curé se trouvait à Montoulieu Septembre 1964: au hameau de Ginabat, 25 familles de harkis sont hébergés sur un ensemble de bâtiments bâtis à leur intention. Ginabat a été choisi sur une liste de 75 hameaux de forestage; le chantier terminé, ces familles se sont déployées dans d’autres lieux de vie (le Pays d’Olmes, en particuliers, où le textile avait besoin, alors, de main d’oeuvre). Une stèle a été inaugurée sur les lieux le 25 septembre 2003
La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises Devise : « a Montouliou, que pla si porte pla si viü »
– Pont du Diable ou pont Saint Antoine : M.H.= 17/04/1950. Généralement attribué au XIIIème siècle…, mais à tort… Hameau de Seignaux : point de vue sur la chaîne des Pyrénées « Tour de guet du château » selon Moulis et d’autres auteurs… Sur l’emplacement du « château » (appellation cadastrale du Roc de Montoulieu), la municipalité dans sa session extraordinaire du 2 juin 1861 « permet la pose d’une cloche pour servir à tous les offices religieux sur le Roc de Montoulieu qui domine la chapelle et le presbytère ». « Le conseil municipal donne avis favorable au devis présenté (évalué à 743 francs et 20 centimes) à condition qu’on achètera une cloche pouvant servir non seulement pour les offices religieux, mais encore pour une horloge et que le projet de déplacer celle de la chapelle sera abandonné ». Le 15 février 1863: « délibération relative à la construction d’un clocher sur le château de Montoulieu. Que la tour à construire sera le clocher paroissial de la commune » Église du 19ème (au dessus du bourg de Montoulieu) Chapelle au chœur du bourg Forêt de l’ancien consulat
« Le pont du Diable: mythe et réalité », J.J. Pétris dans « Archives ariégeoises » de 2011 (Amis des Archives de l’Ariège) « Le pont du Diable », BD de Gérard Lecoq, 1987 Sommaire d’ordonnance pour l’église du 15 mai 1697 : ADA, G59 Plans divers et dossiers: ADA 2 O 1074 à 1080 (écoles, restaurations de l’église, eau…)
Armorial (1696): Fascé de gueules et d’argent de 6 pièces Cadastres de Seignaux (1765) ; de Montoulieu (1774) : ADA, 290 EDT Registre de catholicité le plus ancien : 1628 (comprend aussi Prayols, Ginabat, Seignaux)
(Étude : J.J. Pétris; participation d’Y.A. Cros) Pont du Diable Approches et Légendes Approches… Fl. Guillot dans « Monographies villageoises en Sabarthes » écrit: « Plusieurs phases de construction de cet ouvrage en pierre ont eu lieu ; les plus anciennes parties semblent dater du XIIIéme siècle. Fortifié (muni d’une porte en rive gauche) pendant la guerre de Cent Ans par le comte de Foix, Gaston IV, on y ajouta un moulin. Son second nom permet de supposer qu’il était doté d’une chapelle ou d’un oratoire dédié à saint Antoine. Seul pont du Moyen Age dont il subsiste des vestiges en amont de Foix, le soin apporté à sa construction démontre qu’il était un lieu de passage privilégié pour atteindre la Haute Ariège » Charles Remaury dans son ouvrage « De l’aube au Crépuscule », tente un compromis : « Il aurait été construit au XIIIème siècle à la demande du Comte de Foix, Roger Bernard, par un certain Peyronnet, ami de Pierre de Garrabet, qui en avait été chargé. L’ouvrage fut fortifié au XVème siècle par Gaston de Foix et devint un pont à péage. La fortification visible de nos jours semble avoir consisté en un castelet auquel furent sans doute adjoints un moulin et une petite chapelle dédiée à Saint Antoine ». Le fait qu’il exista une chapelle dédiée à Saint Antoine sur le lieu dit « Saint-Antoine » (commune de Saint-Paul) est incontestable (saccagée durant les guerres de religion, elle fut fermée à la fin du 17ème siècle et les services religieux transmis à l’église de Saint-Paulet (de Saint-Paul de Jarrat) qui avait, alors, son église dédiée à Saint Martial) Sur les datations de cet ouvrage, personne ne semble d’accord. Cependant, Histariège peut affirmer que ce pont a été construit au XIXème siècle…
Légendes Au Pont du Diable, sont attribuées de nombreuses Légendes. Citons-en quelques unes : – « Gaston Phoebus, à la chasse dans les bois de Montoulieu, s’aperçut qu’il n’était pas loin du château de Saint-Paulet où se trouvait la jolie Jeannette, sa fiancée. Il y a le pont du Diable, car c’est bien lui qui l’a construit, car il est gardé de jour comme de nuit par une « breiche » aux crins rudes, aux yeux chassieux, toute voûtée et brèche- dent et qui fait payer 2 ardits aux passagers. 2 « ardits », ce n’est pas grand chose, mais s’il se présente un beau jouvencel, la sorcière le veut pour amant ou le jette à l’eau s’il refuse. … La « breiche » gardait le pont. – Je n’ai pas les 2 liard, la vieille ! dit Gaston Phoebus ; vous me ferez crédit, j’espère. – Non, si tu veux passer, marie toi avec moi et gare à toi si tu passes quand même. Gaston, pour toute réponse, prend son élan pour franchir le pont en 2 enjambées ; mais la breiche frappe le sol de son talon et le pont s’écroule à grand fracas au milieu du torrent. Mais le comte a une fée comme marraine et il a eu le temps d’arriver à l’autre bord avant la catastrophe. Le voyant se sauver, la breiche sauta à l’eau de dépit, non avoir fait dans la direction de l’adolescent un signe de doigt fanatl. Gaston va au château de Saint-Paulet. Il ne raconte pas son aventure. La soirée se passe dans les jeux et les rires. Au retour, le pont était rebâti et sans gardienne. La fée protectrice avait bien travaillé. Gaston se maria avec sa jolie cousine. Mais le doigt de la sorcière avait tracé dans les airs des cercles maléfiques qui se refermant s’étaient rejoints en un point : le cœur de la belle Jeanne qu’ils rendirent orgueilleux et durs aux pauvres gens. Personne ne l’aimait au château de Foix. Au retour de Gaston, ses vassaux lui firent de faux rapports sur sa femme qui, cependant, avait été fidèle et le comte en conçut une jalousie et une colère féroce. Il fit enfermer la comtesse dans un cachot de la tour qui gardait l’entrée du château et surplombait les moulins de l’Arget. La légende ajoute même qu’il la laissa mourir de faim. » *
– « Au cours du siège de Foix par Simon de Montfort, la ville basse était incendiée par 2 fois et le pont sur l’Ariège détruit. Roger Bernard II ne peut aller sur la rive droite . Il invite Bertrand de Mercus et Pierre de Garrabet à construire des ponts sur leurs domaines. Pierre de Garrabet était pauvre ; mais il avait un ami, ménestrel : Peyronnet. Celui-ci cherche un endroit propice. Il fait un croquis, quand une voix lui dit : « Ton plan est bien ; mais il faudrait le Diable en personne » Il se retourne et voit un ermite avec sa bure et une barbe : – Combien de temps faut-il au diable pour construire ce pont ? – Une nuit, dit l’ermite. Il se contenterait pour paiement d’une âme : par ex. celle de la 1ére personne qui passe le pont : la vôtre si vous voulez ! Il accepte le marché. Le lendemain, le ménestrel va voir. Le Diable l’attendait : « J’attends mon salaire » Mais une voix dit : « Le voici ! » Le diable se retourne avec Peyronnet et voit une femme nue avec une chevelure dorée. La blonde fixe le diable et dit : « Je suis le péché comme tu es le mal ! Tu as conduit les brigands qui ont tué mon père et ma mère, brûlé notre ferme, m’ont fait complice de leurs orgies. J’ai réussi à fuir un soir de ripailles. Depuis, je mange des fruits et des racines. « Cette nuit, Saint-Antoine m’est apparue et m’a dit : « va livrer ton âme comme tu livras ton corps » Me voici donc. Je te donne mon corps et aussi ce sequin que m’a donné un soudard »
Elle jette le sequin dans la main du diable qui crie. Une flamme jaillit de la main et englobe Satan. Une odeur de roussi et de souffre se propage et le diable en feu se jette du haut du pont dans les flots tourbillonnants où se creuse un gouffre. Des rochers se détachent des montagnes… Mais les cloches de Mercus et Tarascon se firent entendre et calmèrent ce déchaînement. Le pont reste donc, et Peyronnet accomplit sa mission. La blonde était la fille d’un meunier dont le moulin était au Pont du Diable. » * – « Le seigneur d’Arignac était amoureux de la fille du seigneur de Saint Paul. Le diable en profita pour lui faire une suggestion : construire un pont pour aller le plus rapidement possible rejoindre sa belle ; et en paiement, il exige l’âme de la 1ére personne qui l’emprunterait. La construction se fit en une seule nuit. Les bonnes gens de Saint Paul et de Montoulieu se précipitent pour voir l’ouvrage ne sachant rien du marchandage. Le protecteur des lieux, Antoine de Saint Paul, envoya un troupeau de moutons venant de Montoulieu avant que ne passent les curieux. Les bêtes s’engouffrèrent sur le pont au devant de l’ermite. Déséquilibré, le saint homme tombe dans la rivière. C’est depuis que l’on parle du gouffre du Pont du Diable ou de Saint Antoine. » – Légende transmise par « Le Petit Lesponnien 1998 » : Ce matin là, le comte de Foix, Raymond Roger, se leva de fort méchante humeur ; sans doute, le sanglier mangé la veille au soir passait difficilement… Bref, il fit seller son cheval favori et partit au trot dans la campagne. Il eut tôt fait de traverser la ville et de s’engager sur la route qui borde l’Ariège, rive gauche, en remontant vers sa source. Il traversa Ferrières, puis Prayols. Peu après, lui vint la fantaisie de passer sur la rive droite. Il poussa son cheval au bord de l’eau. Mais à cet endroit, l’Ariège est encaissée, l’eau est profonde, et le cheval refuse d’avancer. Furieux, le comte fait demi-tour et rentre au château. Ce ne fut pas long ! Immédiatement, il envoie convoquer le baron de Saint-Paul, lui demande de faire faire un pont sur l’Ariège à tel endroit, au-dessous de Montoulieu d’un côté et territoire de Saint-Antoine de l’autre. Que ce soit fait dans un mois… sinon le baron sera pendu haut et court, au sommet de la cour carrée, aucune excuse n’est admise, tout est dit ! Et le comte se retire laissant le pauvre baron de Saint-Paul tout désemparé. C’est que celui-ci était un poète, un rêveur, insouciant du lendemain et dépensant dès qu’il avait quelques écus. Aussi, n’avait-il rien pour engager des ouvriers et payer les matériaux ; et lui qui chantait toujours devint tout triste. Le mois avançait et aucune solution en vue. Etant allé sur les bords de l’Ariège, à bout de courage, il s’écria : « Oh ! je traiterai même avec le diable pour sortir de là ! – Tape-là, dit une voix derrière lui, et le diable lui tendit la main. Ton pont sera fait, le jour fixé, que me donneras-tu ? – Mais, Mais… bredouilla le baron – Tu n’as pas d’argent, je le sais. D’ailleurs regarde ! » Et ramassant une pierre, le diable la lança et il en sortit des pièces d’or. – « Ce que je veux, c’est le premier qui passera sur le pont ! – Eh bien, entendu, dit le baron. Chacun s’en fut de son côté. Mais à partir de ce moment, le baron fut encore plus triste. Il avait traité avec le diable et donné vilainement le « premier » qui passerait sur le pont ! Bourrelé de remords, il alla où vont ceux qui ont besoin de réconfort et partit à l’église Saint Volusien. Honteux de son péché, il se cacha derrière le premier pilier de droite et se prosterna en pleurant. Le père sacristain aperçut cette masse noire et partit trouver le Révérendissime Abbé : « Mon Père, dit-il, il y a un voleur à l’église ». « Un voleur, Comment ? allons voir ! ». Il y va et s’arrête un peu avant le pilier ; écoute, entend un sanglot. « Ce n’est pas un voleur, dit-il, c’est un homme qui souffre ». Et s’avançant, il frappe sur l’épaule du baron : « Venez, mon ami ». Et il l’emmène à la sacristie, où il reconnaît le baron de Saint-Paul. Celui-ci raconte son affaire, sa peine et confesse son péché. Le père Abbé était très sévère, paraît-il. Ce qu’il fit ? « Passons, passons comme dit l’autre, ce n’est pas notre affaire ! » Mais il dût lui passer un « savon » de première classe et une pénitence assortie. Une fois la confession achevée, le Révérend Père dit quelques mots à l’oreille du baron. Et cet incorrigible étourdi en eut le sourire. Il rentra chez lui sifflant comme un merle. Le lendemain était le jour de l’échéance. Toute la nuit la vallée retentit d’un bruit infernal. Pierres roulées, coups de marteau ! ! Un chantier terrible ! Les gens de Montoulieu n’en dormirent pas. Et le matin venu, le pont bâti, le diable s’installa sur le parapet attendant le premier client. Aux premières lueurs de l’aube arrive le baron de Saint-Paul drapé dans une cape noire. Le diable ricane : « Ainsi, c’est toi qui va être le premier ? « Non, non ! dit le baron, le premier ! celui-ci est pour toi car il passe le premier sur le pont : le voilà ! » Et ouvrant le panier caché sous son manteau, il délivre un énorme chat noir à la queue duquel est attachée un vieille casserole. « Voilà pour toi ! » dit-il. Le chat détale à toutes pattes et traverse le pont. Furieux, le diable veut se précipiter sur le baron, quand… D’un repli du terrain émerge la procession des moines de l’Abbaye de Saint-Volusien, chantant litanies des saints avec la croix en tête et le père Abbé tenant le goupillon et aspergeant le pont d’eau bénite. Le diable avait détalé. Il n’est plus revenu, dit-on. Si vous allez vous promener et que par hasard vous le rencontriez… Alors… C’est vous qui l’avez amené. » *
– Charles Remaury : « La construction du pont avait donné des soucis à Peyronnet, qui passa un marché avec le diable pour que le pont soit construit le lendemain matin à l’aube en échange de la première âme qui franchirait le pont. Le pont étant terminé comme convenu, le diable attendait son paiement. Ils se retournèrent et virent une femme belle et toute nue au milieu du pont. Qui es-tu ? a demandé le diable. -Une fille que les brigands guidés par toi ont condamné à la prostitution, réfugiée dans les grottes de la région, j’ai imploré le secours des reliques de Saint Antoine ramenées de Palestine parle comte de Foix. Saint Antoine m’apparut et me dit que l’heure de ma délivrance était venue. Me voici, prends mon âme et aussi ce sequin, don d’un soûlard. Elle le plaça dans la main du diable, dont le corps s’enflamma et tombant dans l’Ariège créa un gouffre » |