Département de l’Ariège, Arrondissement de Saint-Girons, Canton de Saint-Lizier


Altitude : 393 / 677 m

Longitude : 1° 09’ 34’’ E

Latitude : 43° 00’ 06’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

 

Surface : 618 ha

Démographie :

1806 : 1560

1851 : 1902

1856 : 1606

1901 : 1594

1921 : 1108

1946 : 909

1968 : 801

1982 : 853

1999 : 977

2006: 1040

« Montjoy » en 1801 (Bulletin des Lois) ; Puis Monjoie jusqu’en 1936


Approches historiques :

L’étymologie de Montjoie a suscité bien des discutions : Mont Jovis : temple de Jupiter qui aurait été édifié durant l’occupation romaine ? Sommet sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle  d’où les pèlerins criaient “Montjoie” en apercevant de loin le but du pèlerinage ?

« L’étymologie de Montjoie ne doit pas être demandée à un temple de Jupiter….le nom de Montjoie, porté par plusieurs localités en France, vient de ces monticules de pierres appelés Mons Gaudii  (Montjoie), que l’on élevait dans les chemins difficiles pour guider les voyageurs » (J. de Lahondès., BSA 1884)

Complément d’information fourni par Louis Henriy Destel:

« Ces amas de pierres, analogues aux cairns édifiés sur les sommets, figurant de petites pyramides que le voyageur égaré trouvait avec bonheur, se sont transformés parfois en petits oratoires et même en chapelles dédiées à la Vierge. Ce pourrait être le cas pour l’église de Montjoie qui nous montre une statue de Sainte Marie dans une niche au-dessus du portail »

La Bastide de Montjoie (appellation initiale), en paréage (partage des droits) passé en 1256 entre Alphonse, comte de Poitiers et de Toulouse, frère de saint Louis, avec l’évêque de Couserans avait une enceinte flanquée de quatre tours. Une charte de coutumes sera accordée par Eustache de Beaumarchais en janvier 1273. Depuis, la bastide sera une partie de la Province du Languedoc.

(Collection de la mairie)

 

La bastide formait une enceinte en carré long, avec une placette au milieu, sur laquelle se dressera la façade fortifiée de l’église. Les quatre angles étaient défendus par une tour ronde et deux portes, dont l’une montre encore son ogive à l’angle nord-est

Compléments d’information fournis par Louis-Henry Destel:

En 1335:Un rectangle de fortifications s’oriente de l’est à l’ouest: quarante-cinq mètres sur cinquante. Quatre tours rondes de vingt mètres de hauteur occupent les angles des murailles garnies de meurtrières. L’épaisseur des murs: 1m25 à 1m50. Deux portes ogivales permettent de pénétrer dans l’enceinte: une à l’est, l’autre à l’ouest. D’une tour à l’autre, des créneaux avec, à l’intérieur, desservant ces créneaux, un passage en corniche. Et sous le passage, contre trois murs, des maisons en bois, toutes pareilles, petites, comme une succession de cellules.

« En 1945: Les quatre tours sont décapitées. Deux à l’est, tout à fait indiscernables. Les deux autres, à l’ouest, aux trois quarts démolies, montrent encore leur ventre avec leurs meurtrières, leurs trous de couleuvrine. Les murailles, maintenant percées à jour, éclairent des maisons encloses dans le rectangle qui regardent l’église. Au sud, le presbytère et un ancien couvent. A l’est, la grande muraille de l’église. Ses deux fenêtres, très hautes et étroites, contemplent le cimetière où veillent deux cyprès et deux ifs en forme d’urnes funéraires au-dessus de la grande dalle d’une tombe. »

De nos jours:

« La grande entrée ogivale, côté ouest, a été démolie, il y a de nombreuses années, pour libérer le passage aux charrettes. Seul reste un gond provenant de la porte disparue que vous pouvez apercevoir sur la façade de la Mairie. A l’est, la sortie demeure intacte.Il ne reste qu’une seule maison en bois du XVIème siècle, toutes les autres sont mortes ou méconnaissables. La survivante ne garde presque rien des sculptures d’autrefois, que les jours ont rongées »

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Se trouvait sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle qui suivait l’itinéraire suivant en venant de Fanjeaux pour traverser l’actuel département de l’Ariège :

Malegoude ; Mirepoix ;Senesse ; Manses ; Teilhet ; Vals ; Saint Amadou ; Ludiès ; Le Carlaret ; Pamiers ; Saint Victor Rouzaud ; Montegut-Plantaurel ; Pailhès ; Le Mas d’Azil ; Lescure ; Montjoie ; Saint Lizier ; Moulis ; Engomer ; Alas ; Arrout ; Audressein ; Castillon ; Argein ; Aucazein ; Buzan ; Orgibet ; Saint Jean du Castillonais ; Augirein ; Saint Lary ; Portet d’Aspet

Au 16ème : le seul justicier est le roi

Anecdote :

Duclos dans son « Histoire  des Ariégeois » signale un événement ayant eu lieu durant les guerres de religion, peu avant 1618. « A l’approche des protestants qui venaient d’envahir la ville de Saint Lizier, la population du village de Montjoie, le curé en tête, vint se réfugier dans le château de Seignan. Le malheureux desservant avait oublié les hosties consacrées dans le tabernacle de son église, et en fit part au châtelain du lieu, M. de Castéras Seignan ; Celui-ci n’écoutant que sa foi et ses principes religieux, demanda l’absolution et se précipita vers l’église. A peine avait-il pris les hosties que les huguenots entrèrent dans le temple et poignardèrent le noble seigneur sur les marches de l’autel… C’est de là que viennent les droits de la maison de Castéras Seignan d’être enterrés dans la partie gauche du sanctuaire »

Duclos, dans son « Histoire des Ariégeois » affirme que les archives du village de Montjoie furent brûlées en 1793.

Selon Simone Henry, le choléra de 1854 fit subir une perte de 16% de sa population à la commune de Montjoie

G. Géraud Parrachia dans son livre « Histoire du Pays de Couserans », signale 2 moulins à vent au 19ème

Au début du XXème siècle, trois instituteurs à Montjoie, un à Audinac et deux à Lara y exerçaient pour les hameaux de Baliard, Hounta, Téoulé, Perry, Bergerac, Maubrie, Clara, Seille, Volp, Baudis, Bardiès. Quant aux ecclésiastiques, Montjoie, Lara, Baudis et Baliard avaient chacun un curé. 295 maisons y étaient habitées.

La Station thermale d’Audinac, selon S. Henry, attirait surtout une clientèle de « coloniaux », souffrant de troubles hépatiques. La seconde guerre mondiale a ruiné la station.

La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises

Le centre des Enfants de troupe Bayard d’Audinac-les-Bains

(Photo AET)

Créé en octobre 1941 pour des jeunes de 17 à 18 ans des écoles militaires préparatoires en vue d’un engagement dans l’armée. Après l’occupation de la zone Sud par les Allemands, plusieurs (60) d’entre eux franchirent les Pyrénées pour rejoindre les Alliés. D’autres, en juin 1944, rejoignent le maquis de la Crouzette… 22 d’entre eux seront déportés, fusillés ou tués dans les combats des maquis ou de la Libération (dont le plus connu provenant du centre d’Audinac est Pierre Ruibet: voir, plus bas à « Célébrités »)

       

Notice sur Audinac par le Secrétariat d’État à la Guerre (But, organisation, instruction, conditions d’admission)

État des élèves d’Audinac « disparus » en novembre et début décembre 1942 à partir du Trein d’Ustou où ils étaient en classe de ski… et qui franchirent la frontière (Sources: ADA, 17 W 3):

Tous ces signalements sont signés de l’adjoint administratif, J. Cardi, à la date du 14/12/1942, et les personnes désignées sont dites parties de Ustou (Trein)

1946 : Installation d’une école militaire de sous-officier à Audinac. Cette école Audinac fait partie d’un groupe de 5 écoles créées par décision du général De Lattre de Tassigny pour expérimenter les méthodes nouvelles d’instruction et d’éducation militaire.Des stages de 300 élèves sont prévus et le 1er commence le 15 avril 1946. Durée du stage : 3 mois. L’enseignement est assuré par des officiers et du personnel civil ;

Le commandant de l’école est le chef de bataillon Picardat (ancien officier de renseignements aux affaires Indigènes) ; l’adjoint est le commandant Dedieu

Dans une note du 3 mai, il est dit que l’effectif est de 250 dont 230 Nord-africains « paysans très arriérés »… et que « Le commandant Picardat se montre partisan de la création à Saint-Girons d’une maison de tolérance pour éviter le développement de la pédérastie ainsi que pour enrayer, dans la mesure du possible, le développement des maladies vénériennes »

5 juillet 1946: inspection de l’école militaire de sous-officiers d’Audinac par le général De Lattre de Tassigny

Inspection de l’école militaire de sous-officiers d’Audinac par le général Delattre de Tassigny : 5 juillet 1946 (à partir d’un compte rendu des RG dont la « source » est « sûre »)

–         Vint en voiture de Francazal vers 14 H (mais était attendu à 12 H…), accompagné de son officier d’ordonnance, le colonel Lecoq, du général Bergeron et des officiers de sa suite.

–         On rend les honneurs. Présentation aux officiers supérieurs de l’école, au préfet de l’Ariège, au sous-préfet de Saint-Girons, au maire de Saint-Girons, au maire de Montjoie, au les conseillers généraux, au curé, etc…

–         Un compliment est récité au général par une fillette et des bouquets lui sont remis.

–         Revue des officiers, des sous-officiers, des stagiaires ; défilé…

–         Repas à 14 H 45. Discours ; entretien avec les stagiaires à qui il donne leur affectation

–         Visite de l’école. Il émet le projet de l’agrandir pour recevoir 500 stagiaires au lieu de 300

–         « Il ne paraît pas enchanté de l’inspection de cette école des cadres qui ne correspond pas du tout à sa conception » ; « Il en arrive à retirer le commandement d l’école des cadres d’Audinac au commandant Picardat… et envisage une réorganisation complète de l’école pour la fin juillet »

–         Retour à Toulouse vers 20 H 30


Patrimoine :

La commune, très étendue, comporte 4 églises: à Montjoie, Lara, Les Baudis et Baliard

Église fortifiée de Montjoie dédiée à l’Assomption de la Vierge : 12, 14, 16èmes. M.H. : 04/01/1901 (façade)

Façade de 28 m de haut et large de 14 m ; Christ en croix en bois taillé, peint, polychrome du 14ème (à l’église) ; lustre de l’église en bois du 18ème

 Église Notre-Dame de l’Assomption

Le village de Montjoie est une petite bastide du XIV° siècle formée de quelques maisons disposées en rectangle et laissant un vide au centre occupé par l’église. Celle-ci a pris le même caractère défensif, accentué au temps des guerres de Religion. Le clocher est formé par le mur-pignon de l’église main­tenu par deux tourelles octogones, il présente deux galeries. Entre les deux s’ouvrent les deux arcades des cloches. Un chemin de ronde en communication avec le clocher faisait le tour du bâtiment. La porte en arc brisé a trois cordons de voussures qui s’appuient sur quatre chapiteaux, dont deux sont ornés de bêtes fantastiques. Deux têtes en bout de l’archivolte extérieure. La façade et les murs de la nef sont en calcaire gris bleuté et six gargouilles de pierre garnissent la corniche. Le chevet est plat sans ornementation, il se liait à l’enceinte de la bastide. L’église était à trois nefs avec piliers ronds se poursuivant autour du chœur en forme de déambula­toire devant une abside polygonale.

Ensemble fortifié de la bastide. Porte de ville ogivale (propriété de l’état): 14ème (M.H. : 27/04/1965)

Maisons à colombages du 15ème

Croix sur le Mont-Calivertet Table d’orientation


Église Saint Hilaire de Lara (dédiée à sainte Eulalie): Clocher : tour cylindrique ; la cloche s’appelle « Eulalie » ; Croix sur la place


A Baliar : église sur une butte ; cadran solaire ; plafond de l’église peint ; maître-autel peint en faux marbre ; chaire en trompe l’œil

        

L’église de Les Baudis:


Ancien établissement thermal d’Audinac. L’Hôtel Thermal est transformé en « Centre d’Éducation Bayard » en 1941 (Enfants de Troupe)

Stèle des Enfants de Troupe d’Audinac (4 juillet 2006):

A signaler les anciennes écoles des hameaux (restaurations en cours) d’une facture architecturale peu commune…



Célébrités 
:

Maurice Fauroux dit « Jean-Jean » : maire de Montjoie, puis de Saint Girons après la mort de J. Ibanès en 1985 ; mars 1989, s’efface devant le ministre Roger Fauroux (1er adjoint jusqu’en 1995) ; maire, conseiller général, sénateur suppléant ; président fondateur de la communauté de communes du Bas-Couserans (son successeur Raymond Coumes)

Roger Tort : né à Montjoie le 22 septembre 1918 : évêque de Montauban

 – Pierre Ruibet: né le 7 juillet 1925 à Grenoble, il rentre au Centre Bayard d’Audinac et tente de passer en Espagne. Il est arrêté puis relâché. Pour échapper au STO, il s’engage dans les PTT qui l’envoient à Jonzac (Charente Maritime). C’est là qu’il se sacrifie en faisant sauter un important dépôt de munitions allemandes le 30 juin 1944. Il a été fait Compagnon de la Libération par décret du 29 décembre 1944. Monument à Jonzac où il est un héro.

Lacheroy Charles:  Né en 1926, colonel, chef de l’action psychologique en Algérie et mêlé de très près au puch des généraux voulant tenter de mettre fin à la politique d’autodétermination définie par le général de Gaulle (21 avril 1961), marié à Chantal de Bardiès-Montfa (secrétaire de Paul Paillole, chef des Services Spéciaux), a vécu à Seignan : auteur de « Le château de Saint-Girons » (2003); « Vadier, le modeleur de l’Ariège » (1980), « De Saint-Cyr à l’action psychologique » (2003), etc… Décédé en janvier 2005

Bardiès-Montfa (de) Chantal, épouse Charles Lacheroy: Sa famille et son père sont originaires de Soulan, mais c’est à Saumur qu’elle naquit (où son père était affecté, car militaire et futur colonel de cavalerie qui commandera le 5ème régiment de chasseurs d’Afrique durant la seconde guerre mondiale). Chantal de Bardiès-Montfa, agent des services spéciaux, sera secrétaire de Paul Paillole (1905-2002), chef des Services Spéciaux Français (et qui fut le seul français à être présent durant les préparatifs du débarquement en Normandie), puis de son remplaçant André Sérot, assassiné en 1948 à Jérusalem. Rentrée dans le civil (car militaire auparavant), elle épousera le colonel Charles Lacheroy, ancien chef de l’action psychologique en Algérie et mêlé de très près au puch des généraux voulant tenter de mettre fin à la politique d’autodétermination définie par le général de Gaulle (21 avril 1961). Dans un livre publié en mai 2008 « Au fil des ans. Mémoires. 1920-2007 » (remis aux Archives Départementales de l’Ariège), notre Couserannaise raconte sa riche vie faite d’actions et de rencontres… Elle décède le 18 octobre 2009 et inhumée à Montjoie en Couserans le 22.

(Juillet 2008, au château de Seignan)

Théophile Fouroux: Né à Montjoie le 10 avril 1926 ; prêtre le 29 juin 1949 ; professeur au petit séminaire de Pamiers de 1952 à 1986, directeur du collège Jean XXIII. Il décède le 2 avril 2005. Spécialiste de la langue gasconne et musicien


Pour en savoir plus…

Origine : BSA T. XII, P. 299 et 1917, P. 227

« Les églises du Couserans au XVIIIème siècle d’après les ordonnances de Monseigneur de Verceil », J. Boulhaut, BSA 1972

 « L’épidémie de choléra dans la commune de Montjoie en 1854 », S. Henry, BSA 1983

« Histoire du Pays de Couserans », G. Géraud Parrachia, Lacour 2001

 « Montjoie et son antique église », J. de Lahondes, Ariège Pittoresque, 4 sept. 1913

« Montjoie en Couserans et sa belle église fortifiée », La Tribune Libre, 2 juin 1962

Analyse de l’eau minérale d’Audinac et mémoire sur ses vertus médicales : extrait des registres de la société de médecine, chirurgie et pharmacie de Toulouse concernant cette station thermale de l’Ariège (1807): ADHG 1 J 996

Église : BSA 1902 P. 187

Église Saint Hilaire de Lara : Réparations pour 126 livres 14 sols, 1781 : ADA, G 1

Église de l’Assomption de la Vierge : Réparations pour 33 livres à l’église, 1781 : ADA, G 13

Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 1068 à 1073 (écoles, eau, églises…)

Cadastre, 1683

Registre paroissial le plus ancien : 1665

Registres de la Paroisse de Lara : 1725-1792 : ADA, 130 EDT, CC6


(Étude : J.J. Pétris)