Département de l’Ariège, Arrondissement de Pamiers, Canton de Varilhes
Altitude : 307 / 630 m
Longitude : 1° 29’ 08’’ E
Latitude : 43° 04’ 29’’ N
(Carte: Conseil Général de l’Ariège)
Surface : 1895 ha
Démographie :1806 : 668
1851 : 857
1856 : 844
1901 : 542
1921 : 391
1946 : 285
1968 : 210
1982 : 179
1999 : 266
2006: 305
En ancien français : Montaigu ; en latin : « Monsacutus » ; « Montegus » en 1801 (Bulletin des Lois)
Étymologie : de « mons », montagne et « actus », aigu
Approches Historiques :
Montégut (castrum de Monte Acuto)rentre dans l’histoire en 1170 quand les seigneurs Guillaume Athon de Durban, Sicard de Laurac et Ramonat d’Auterive donnent au comte de Foix Roger-Bernard le terrain sur lequel le château est construit ainsi que les forteresses .
La « Chanson de la Croisade » mentionne le troubadour Peire de Durban (il aurait possédé le château de Montégut)
Lors de la délimitation du comté de Foix, en 1272, d’avec le comté de Toulouse, Montégut est englobé dans les possessions de Roger-Bernard III, comté de Foix.
« Mossen Bertrand dela Ilha », baron chevalier en 1338 (le conte de Foix contre le vicomte de Tartas : mention dans « Chroniques romanes »)
Occupé par les routiers (vers 1370)
L’église appartenait au diocèse de Rieux et avait le titre de prieuré. Ce prieuré fut uni à l’abbaye du Mas d’Azil par les bulles pontificales du 25 septembre 1424 pour accroître les ressources du monastère.
En 1454, le château appartenait à la famille d’Orbessan, puis passa à une branche cadette des Rochechouart (de Faudoas de Barbazan). Il fut démoli vers 1625 sur ordre de Richelieu.
En 1517, la baronnie de Montegut appartient à la famille Rochechouart-Faudoas qui habite le château jusqu’au XVIIIème siècle avant d’aller s’installer au château de La Hille
Se trouvait sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle qui suivait l’itinéraire suivant en venant de Fanjeaux pour traverser l’actuel département de l’Ariège :
Malegoude ; Mirepoix ;Senesse ; Manses ; Teilhet ; Vals ; Saint Amadou ; Ludiès ; Le Carlaret ; Pamiers ; Saint Victor Rouzaud ; Montegut-Plantaurel ; Pailhès ; Le Mas d’Azil ; Lescure ; Montjoie ; Saint Lizier ; Moulis ; Engomer ; Alas ; Arrout ; Audressein ; Castillon ; Argein ; Aucazein ; Buzan ; Orgibet ; Saint Jean du Castillonais ; Augirein ; Saint Lary ; Portet d’Aspet
« Au point de vue religieux, Montégut constitue une anomalie, puisque après avoir dépendu du diocèse de Toulouse, il fait partie de celui de Rieux à partir de 1318. C’est en effet un prieuré du Mas d’Azil, cité dans la bulle de confirmation des biens de l’abbaye donnée par Clément IV en 1368. Mais les ressources ayant diminué, le prieuré est uni par bulle du 25 septembre 1424 à la mense abbatiale administrée par le prieur claustral. Le Mas d’Azil y conserve le droit de patronage jusqu’à sa suppression en 1774, où ce droit passe à l’évêque de Rieux. Il fait actuellement partie du diocèse de Pamiers, depuis son rétablissement en 1826 ». (J. Baylé, « Archéologie du canton de Varilhes », BSA 1970-1971). Le prieuré était installé à La Hille.
Reconstruction de l’église en 1877 (qui avait souffert des guerres de religion)
Au début du XXème siècle, deux instituteurs et un curé y exercent pour Montégut et ses hameaux de La Hillette, Bordeblanque, Charmoule, Jeanjanou, la Rivière
Montégut de Varilhes devient Montégut-Plantaurel (canton de Varilhes) : décret du 25 octobre 1921 (nom choisi par le conseil municipal pour éviter la confusion avec Montégut en Couserans, proposé par le CM du 6 mars 1921)
Durant la seconde guerre mondiale, le Secours Suisse installa une « colonie » d’enfants juifs au château de La Hille qui fut grandement aidée par la population locale
Intervention de Walter Reed au Colloque de Lacaune (septembre 2005) sur les Enfants du Château de La Hille (commune de Montégut-Plantaurel, en Ariège)
NB : Walter Reed fut l’un des enfants réfugiés durant la seconde guerre mondiale, mis sous la protection de la Croix Rouge Suisse, dans notre département. Actuellement en Californie, il vient régulièrement en France et sert de « lien » entre tous ces « anciens du château de La Hille».
C’est au cours de son séjour en France, où il faisait des recherches approfondies en archives pour retracer l’itinéraire de tous ses enfants, qu’avait lieu ce Colloque de Lacaune sur la Shoah où il fut invité à prendre la parole…
*
« Les Enfants du Château de La Hille
Walter Reed
« Nous avons disposé de 60 années pour faire des recherches et rendre compte de ce qui s’est passé pendant la Deuxième Guerre mondiale et nous savons maintenant beaucoup plus de choses sur ce qui s’est produit et pourquoi ça a eu lieu. Nous savons beaucoup de choses sur les « méchants» et apprenons de plus en plus de choses – bien que tardivement – sur les « bons ». Et je pense ici à la fois aux femmes qui ont été « bonnes » et aux hommes qui ont été « bons ». Beaucoup d’entre vous ont contribué matériellement à cette connaissance et c’est ce que vous êtes encore en train de faire en participant à cette rencontre.
Nous avons été informés et avons beaucoup entendu parler des victimes, des atrocités, de l’horrible tragédie de ces massacres soigneusement planifiés. Je pense cependant que nous n’avons pas assez entendu parler et ne savons pas assez de choses sur les enfants en tant que victimes, sur les Héros de l’Holocauste – aussi bien des adultes que des enfants –, sur l’incroyable courage humain de familles, quelle que soit leur croyance, sur les nombreuses personnes qui les ont aidés et sauvés – Français, Suisses, Belges, Hollandais et beaucoup d’autres nationalités.
L’histoire des « Enfants de La Hille » a à voir avec beaucoup de ces aspects de la Shoah qui ne sont pas encore assez soulignés. Peut-être pourrai-je ce matin apporter une petite contribution à cette question en vous racontant l’histoire de ce que l’on a appelé « Les enfants de La Hille ». Nous savons beaucoup de choses au sujet du Chambon, d’Isieu et d’autres sites liés à l’OSE. Pourtant, même en France, on sait très peu de choses à ce jour sur La Hille. Je considère donc que c’est un privilège pour moi de vous parler des Enfants de La Hille.
L’histoire de notre colonie en vérité est un malheureux exemple des « enfants en tant que victimes de la guerre ». C’est l’histoire de familles déracinées et détruites. C’est l’histoire de de sauvetages et de prises en charge par des Juifs et des non-Juifs généreux et honorés. C’est l’histoire de gens simples en Belgique, en France, en Suisse et aux Etats-Unis qui se sont préoccupés d’autres êtres humains et ont agi en conséquence. Mes amis, c’est aussi l’histoire d’enfants et d’adolescents qui sont devenus eux-mêmes des héros et qui ont souvent agi comme des adultes responsables, même s’ils n’étaient encore que des enfants.
Je viens de prendre positions de façon très téméraire et je pense donc qu’il faut que je vous dise maintenant comment je sais tout cela. Et tout d’abord, qui suis-je ?
Je suis né et j’ai grandi dans un petit village de Bavière d’environ 1000 habitants, près de Wurzbourg. Dans les années 1930, la population comportait environ 25 familles juives. La Nuit de cristal (j’avais 14 ans), mon père et moi avons été arrêtés ainsi que d’autres hommes et d’autres garçons de notre village.
J’ai été libéré de la prison locale au bout de trois jours mais mon père et tous les hommes de notre région ont été envoyés à Dachau et y sont restés pendant plus d’un mois. Croyez-le ou pas, c’est sans doute à Dachau que je dois d’avoir la vie sauve.
Après le retour de mon père, mes parents apprirent l’existence en Belgique d’un comité de sauvetage des enfants et s’arrangèrent pour m’y envoyer en 1939, alors que j’avais 15 ans. Mes parents et mes deux jeunes frères restèrent sur place et furent parmi les premières victimes de la machine de meurtres de masse des Nazis. Ils furent déportés et tués en Pologne en mars 1942.
La vie à Bruxelles, dans une maison pour garçons juifs réfugiés, était plaisante mais elle fut de courte durée. En mai 1940, les 50 garçons et 40 filles provenant de deux foyers différents que nous étions, partîmes par un train de marchandise vers le sud de la France, près de Toulouse et un an plus tard fûmes déplacés au Château de La Hille, près de Foix. Des membres de la famille et un comité de sauvetage à New York réussirent à arranger mon émigration vers les États-Unis l’été 1941 alors que j’avais 17 ans.
Jusqu’à ce jour, j’éprouve un amour particulier pour la France, pour son peuple et pour ses paysages. Vous allez bientôt comprendre pourquoi.
En 1943, alors que j’étais âgé de 19 ans, je fus appelé par l’armée américaine, débarqué en Normandie une semaine après le début des opérations, et passai le reste de la guerre en tant qu’examinateur des prisonniers allemands près des lignes de front – dans la région de la Sarre, dans les Ardennes et la région du Rhin.
A partir de 1998 – il y a sept ans – je suis devenu le coordonnateur volontaire des quelque 50 survivants de La Hille qui vivent maintenant un peu partout dans le monde. Je connais de l’intérieur les expériences qu’ils ont vécues pendant la guerre et leur vie ultérieure. J’ai décidé l’an dernier d’écrire un nouveau livre sur l’histoire de La Hille. En faisant des recherches dans les archives en Suisse, en Allemagne, en Belgique, en France et aux Etats-Unis, j’ai eu la chance de trouver des documents remarquables qui apportent des informations sur le thème du livre prévu – « Les enfants, victimes de la guerre ».
Permettez-moi maintenant de partager avec vous, en quelques mots, l’histoire « complète » des Enfants de La Hille. C’est une histoire authentique de persécution, d’angoisse et de sacrifice des parents, de prise en charge de sauveteurs, de courage incroyable, de chance invraisemblable – et aussi de tragédie.
Résultat direct de la Nuit de cristal, un procureur et sauveteur belge très en vue qui s’appelait Max Gottschalk poussa un petit groupe de femmes juives belges à mettre sur pied le Comité d’assistance aux enfants juifs réfugiés (CAEJR).
Ce Comité persuada le gouvernement belge de fournir une subvention pour accueillir en 1938-39 plus de 500 enfants juifs venant d’Allemagne et d’Autriche, sans leur famille et pour une durée limitée (jusqu’à la fin de l’année). J’étais un de ces enfants.
Beaucoup d’enfants furent placés dans des familles belges tandis que 150 d’entre eux environ furent hébergés dans différents foyers de garçons ou de filles. Le Comité féminin agit littéralement comme l’auraient fait des parents et fournit une partie des fonds nécessaires pour constituer une équipe d’encadrement et pour répondre à nos besoins quotidiens. Certains parents et certains sponsors belges apportèrent une contribution mensuelle.
Ces efforts accomplis par les Belges pour sauver les enfants juifs ainsi que les membres du Comité demeurent pratiquement inconnus, même à ce jour. Mme Marguerite Goldschmitt-Brodski était la présidente, et Mmes Felddegen, de Becker, Wolf, Lévy et d’autres étaient des membres actifs. Ces femmes, ainsi que Max Gottschalk, font partie des sauveteurs héroïques auxquels j’ai fait allusion plus haut.
Quand la Wehrmacht envahit la Belgique (ainsi que la Hollande et la France) en 1940, nombre des 500 protégés du Comité avaient déjà réussi à émigrer aux Etats-Unis, en Angleterre et en Hollande. Le 13 mai, les directeurs respectifs de la maison des garçons et de celle des filles (la Maison Preyer et la Maison Général Bernheim) réussirent à faire partir 92 enfants des deux maisons et de familles particulières par un des nombreux trains de marchandises qui allaient en France. Mme Elka Frank, directrice de la maison des filles, et Mr et Mme Gaspard DeWaay, directeurs de notre maison des garçons, accompagnèrent les enfants (les DeWaay n’étaient pas juifs et Mme DeWaay était enceinte de 6 mois).
Après avoir erré de ci delà en France pendant une semaine avec ce train de marchandises, les enfants furent débarqués à Villefranche-de-Lauragais et conduits dans une exploitation agricole qui appartenait à la famille De Capele, à Seyre par Nailloux. Les 92 enfants (âgés de 5 à 18 ans) vécurent là jusqu’au printemps 1941, dans des conditions très précaires, dans une grande grange et d’anciens bâtiments de ferme adjacents. La générosité et le soutien de la famille De Capele et des familles des fermiers du voisinage est un autre exemple (encore non reconnu à ce jour) de citoyens français altruistes qui soutinrent généreusement des enfants juifs réfugiés et menacés, dans un environnement très hostile. Nous connaissions l’existence du camp de Gurs et parmi les plus âgés des adolescents de Seyre plusieurs y avaient été.
Le mari d’Elka Frank, démobilisé dans la France de Vichy par l’armée belge, rejoint la colonie et en prit la direction en août 1940 quand les DeWaay furent rapatriés en Belgique.
En août 1940 également, notre protecteur belge, Mme Goldschmidt, fuyant elle-même les Nazis et réfugiée à Cahors, se servit des contacts qu’avait son mari avec la Croix Rouge pour négocier un accord avec le Secours suisse aux enfants et prendre la responsabilité de notre camp. C’est un autre exemple d’intervention altruiste à porter au crédit des Belges et des Suisses et de la protection dont nous avions gravement besoin à ce moment-là.
Je ne prendrai pas le temps de décrire les rigueurs de l’hiver 1940 pour ces 100 enfants et les adultes qui s’occupaient d’eux. Vous savez bien quelle était la situation. Les choses étaient si difficiles que Mr et Mme Maurice Dubois, responsables du Secours suisse à Toulouse, décidèrent de trouver un autre lieu pour ces quelque cent enfants.
C’est pourquoi, au début du printemps 1941, 25 garçons et filles plus âgés déménagèrent au Château de La Hille à Montégut-Plantaurel, dans l’Ariège, que le Secours suisse avait loué, pour y faire des réparations afin de le mettre en état pour que toute la colonie puisse s’y installer. C’est ce qui se produisit début mai. Comme je l’ai dit plus haut, en août 1941, je pus émigrer en toute légalité aux États-Unis.
Une des femmes de notre Comité belge, Mme Lili Felddegen, avait réussi à partir de Bruxelles pour se réfugier à New York en 1939. Dès qu’elle apprit notre fuite à Seyre, elle fit le maximum pour sauver les 100 enfants et de les faire partir de Seyre pour les États-Unis. Malheureusement, la politique restrictive du gouvernement américain l’empêcha de mener à bien son projet. Elle s’arrangea cependant pour que 16 enfants parmi les plus jeunes de La Hille fassent partie d’un convoi de sauvetage de 100 enfants de l’OSE organisé par les Quakers américains. Ces enfants arrivèrent aussi à New York l’été 1941 et quatre autres, grâce à ses efforts, purent arriver en 1942. On peut ajouter Lili Felddegen (qui n’était pas juive) à la liste de nos principaux héros. J’ai découvert il y a peu ses archives personnelles et pu voir que dans ses lettres elle se réfère toujours à nous en disant « nos enfants » ou « nos pauvres enfants ».
Vous vous demandez sans doute : « Mais qu’est-il advenu des autres enfants de La Hille après 1941 ? »
Nous avons la preuve que le Préfet de l’Ariège a procuré des châlits métalliques et a attribué un enseignant supplémentaire à l’école locale quand nous avons déménagé à La Hille. Et aussi qu’un nouveau directeur du camp, Mlle Roesli Naef, arriva de Suisse ainsi que plusieurs autres éducateurs et enseignants. Toutes ces personnes suisses, jeunes pour la plupart, étaient des volontaires et savaient que les conditions de la France de Vichy étaient bien pires que chez elles. Elles vinrent cependant et travaillèrent dur dans des conditions difficiles, avec des enfants réfugiés juifs en danger croissant. La nourriture était rare, comme tous les objets de consommation courante, vêtements, savon, etc.
Laissez-moi souligner que presque tous les quelque 100 enfants avaient un parrain et une marraine suisses, grâce au Secours suisse. Croyez-moi, nous connaissions tous en ce moment beaucoup de personnes suisses qui étaient « bonnes ».
Je dois souligner que jusqu’à 1942 beaucoup d’entre nous eurent encore l’occasion de communiquer avec leur famille restée en Allemagne et en Autriche, quoique nous ne sachions pas grand chose de leurs difficultés et rien sur leur destin éventuel. Toutes les lettres étaient censurées par les Nazis, celles que nous recevions et celles que nous envoyions. Pour les plus jeunes, qui étaient nombreux, avoir été arraché à sa famille était psychologiquement très difficile et nous, les plus vieux, compatissions évidemment.
En contrepartie, très spontanément, nous fonctionnions comme une grande famille et beaucoup des garçons et filles plus âgés prenaient sous leur coupe et protégeaient un ou plusieurs enfants plus jeunes. À Seyre, nous avons même mis en place pour eux des classes d’école informelles, et quoique je me demande aujourd’hui ce que j’ai bien pu enseigner à 16 ans, c’est bien ce que nous avons fait.
À Montaigut, comme à Seyre, les agriculteurs de la région cherchaient des aides pour leurs travaux et beaucoup d’adolescents travaillèrent chez des agriculteurs des environs, obtenant souvent ainsi une nourriture plus abondante et de meilleure qualité qu’à La Hille. Je dois dire que, à quelques exceptions près, les agriculteurs de la région, à Seyre et Montégut, n’étaient pas riches, eux aussi donc sont des héros pour avoir soutenu et protégé mes compagnons.
Quand les rafles commencèrent en août 1942, La Hille ne fut pas épargnée. Tôt le matin du 26 août 1942, 40 garçons et filles à partir de 16 ans furent arrêtés à La Hille et conduits au Vernet. La directrice, Mlle Roesli Naef, se rendit en vélo au Vernet et plaida auprès du commandant du camp, la libération de « ses » enfants. Faute d’avoir un ordre officiel, il s’y refusa. C’est alors que Maurice Dubois alla de Toulouse à Vichy et qu’il fit en sorte d’obtenir l’ordre de libérer tous les 40 enfants de La Hille. Avant de pouvoir revenir à La Hille, ils avaient pu observer avec horreur comment tous les autres Juifs, hommes, femmes et enfants, étaient embarqués dans des trains de marchandise en direction de Drancy.
Quand je parle de « bons » Suisses, je pense à ces Suisses qui ont sauvé des vies humaines. Maurice Dubois et Roesli Naef ont reçu la médaille des Justes de Yad Vashem pour leurs actions héroïques. Mais l’histoire du sauvetage ne fait que commencer. La suite est beaucoup plus dramatique.
Lorsque les 40 garçons et filles libérés furent revenus à La Hille, Roesli Naef les avertit qu’ils seraient sans doute à nouveau arrêtés et qu’elle ne serait peut-être pas alors en mesure de les sauver une deuxième fois. Elle leur conseilla de s’enfuir – illégalement – par petits groupes, et de traverser les Pyrénées et la frontière suisse.
Elle leur procura des cartes, des provisions, un peu d’argent et des adresses d’amis frontaliers. D’autres encore parmi mes amis s’enfuirent et furent cachés par des agriculteurs de la région. Les membres suisses de la direction de La Hille aidèrent ceux qui partirent pour la Suisse, en particulier Annemarie Imhof-Pinguet, dont le père était forestier près de la frontière française dans le canton de Genève. Elle aussi fut honorée par Yad Vashem comme « Juste parmi les nations ».
Ainsi, au cours de l’hiver 1942, 16 de mes compagnons au total et la cuisinière de La Hille, une Juive réfugiée d’Autriche, réussirent à franchir la frontière suisse, en prenant souvent de grands risques. Six des enfants les plus jeunes, ainsi que Mr et Mme Frank, les premiers directeurs, parvinrent avec succès et non sans risques à traverser en hiver autrement qu’à pied la frontière des Pyrénées pour aller en Espagne. Malheureusement, quatre garçons et filles furent attrapés à la frontière suisse, déportés et assassinés. Quatre autres garçons plus âgés furent livrés à la Gestapo par un passeur qu’ils avaient engagé pour leur faire traverser les Pyrénées. L’un d’eux, Werner Epstein, survécut à Auschwitz et à d’autres terribles difficultés et vit en Californie.
Au total, 10 garçons et filles de La Hille (et le mari de notre cuisinière née en Autriche) furent déportés en Pologne et tués.
Les paroles prononcées par Melle Naef qui avaient permis les actions de sauvetage parvinrent aux oreilles des chefs de la Croix rouge suisse à Berne et ils désapprouvèrent vigoureusement sa supposée violation de la neutralité suisse. Elle fut sommée de se rendre auprès de l’ambassadeur de Suisse à Vichy et rappelée à l’ordre pour sa « transgression ». Tous les Suisses n’ont pas été des héros. On enquêta aussi au sujet de la participation de Maurice Dubois, mais il ne reçut pas de sanction.
Vers 1942-43, le Secours suisse avait pris d’autres jeunes réfugiés, Français et Espagnols, à La Hille. Certains étaient juifs, d’autres non. Parmi les plus âgés qui restaient, 4 adolescents quittèrent La Hille pour rejoindre les FFI. L’un d’eux, Egon Berlin, fut tué à l’âge de 16 ans à la bataille de Roquefixade en juillet 1944, ainsi que 16 autres jeunes résistants français. Deux autres, Chaïm Storosum et Ruth Schuetz (Usrad aujourd’hui), rejoignirent également la Résistance et eurent une conduite héroïque. Ruth a rédigé un récit bouleversant de ses expériences. Plusieurs autres parvinrent à se cacher dans des familles dans le sud de la France et ont aussi des récits dramatiques à raconter. Le temps ne me permet pas de vous en parler aujourd’hui. Mais je sais que je leur ferai place dans mon livre.
Comme je l’ai dit au début, nous avons maintenant beaucoup d’histoires à raconter sur la Shoah. Elles se ressemblent toutes mais chacune est différente à sa façon. Si vous ne la connaissiez pas, peut-être ajouterez-vous maintenant celle des « Enfants de La Hille » à votre répertoire. »
NB d’Histariège :
Signalons à ce propos un documentaire relatant ces faits : « Un îlot dans la tempête » (présenté en avant première le 25 novembre 2005). Ce film documentaire ANTEA – TLT de Neus Viala de 52 mn sera distribué (possibilité en DVD) par :
« Les films de la castagne », 19, rue Déodora, 31400 Toulouse
A l’initiative de J. L. Vigneau, un CAT voit le jour sur la commune, ainsi que la coopérative des Vignerons de l’Ariège (concrétisation de la renaissance de la culture et de la production de la vigne en Ariège)
La commune se trouve dans le périmètre du Parc Naturel Régional des Pyrénées Ariégeoises
NB : La commune de Montégut Plantaurel faisait partie de l’arrondissement de Pamiers en 1801 ; puis passe à celui de Foix en 1926 ; enfin dans celui de Pamiers en 1942
Anecdote : Tradition du séjour de saint Anastase à Montégut vers l’an 1080 (avant d’aller à Pamiers et à Saint Martin d’Oydes où il mourut d’épuisement en 1085. (H. Ménard)
Patrimoine :
Église :
L’église dédiée à saint Sernin, puis à l’Assomption a été reconstruite de 1877 à 1880 (l’ancien chœur est devenu l’entrée).
NB : Selon F. Baby : L’église paroissiale était située à La Hille avec pour annexe Sainte-Marie de Montégut et sainte-Marie d’Aigues-Juntes
La flèche de charpente renversée par le vent en 1915 a été reconstruite en 1929-1931.
Pierre tombale de J.J. de Rochechouart, mort en 1716 :
Inscription tumulaire de J.J. de Rochechouart :
« Ci-gist J.J. de Rochechouart, comte de Faudoas de Barbazan, décédé le 20 octobre 1716, à l’âge de 69 ans. Il fut grand par ses illustres ancêtres, plus grand par son mérite personnel. Quelle fut sa valeur dans l’expédition de Méssine ! Vit-on jamais une âme mieux placée que la sienne ! Que de piété animoit toutes ses actions ! Mort commeles saints, ou seroit-il qu’avec eux ! ainsi qoit-il »
NB : L’ancienne église du lieu est mentionnée dans le cartulaire du Mas d’Azil, dans les terriers et la carte de Cassini (a fait l’objet d’une visite épiscopale)
Près de l’église : Grotte aménagée en Grotte de Lourdes
Château de Montégut :
Ruines du château : « Il semble que l’on puisse distinguer deux ensembles de constructions : l’une de la seconde moitié du XIIéme siècle se compose d’un donjon au sud-ouest du promontoire et d’ouvrages de défense vers l’ouest et le sud ; l’autre du XIV éme siècle réunit un nouveau donjon au nord et une basse-cour à l’est » (J. Baylé, « Archéologie du canton de Varilhes », BSA 1970-1971)
Château de La Hille : Habitation des Rochechouart-Faudoas à partir du XVIème ; le mur d’enceinte n’est que du XIXème. Restauré à la fin du XXème . Le château comportait une chapelle : le maître-autel en marbre blanc, décoré de rinceaux dorés, se trouve dans l’église de Loubens.
Le château de La Hille devint durant la seconde guerre mondiale (de février 1941 à 1945) refuge de la Croix Rouge, essentiellement pour des enfants juifs. Un mémorial y fut inauguré le 17 septembre 2000.
Texte de la plaque, écrit par Jacques Roth (réfugié au château de la Hille):
« Le château de la Hille, vieux de cinq siècles, offrit aux heures les plus noires du XXème, un havre de paix à une centaine d’enfants juifs, réfugiés provenant d’Allemagne et fuyant la terreur et la haine raciale qui, par vagues successives, recouvrirent la Hollande, la Belgique et une large partie de la France. Arrivés au château en 1941, ils y vécurent entourés de la bienveillance des habitants du pays et sous les bons soins d’un groupe de jeunes suisses de la Croix-Rouge Suisse, Secours aux enfants : Maurice et Eléonore Dubois, Rösli Näf, Eugen Lyrer et Emma Ott.
Leur trop bref répit prit fin avec les rafles d’août 1942, quand la quarantaine des plus de seize ans furent arrêtés par des gendarmes et conduits au Camp du Vernet d’Ariège, première étape sur le chemin des Camps de la mort auxquels ils étaient destinés.
Alerté, Monsieur Dubois, directeur de l’œuvre, se rendit sur le champ à Vichy où il parvint à forcer la porte du plus haut responsable de la police de l’Etat et réussit à arracher «ses enfants», ainsi que les adultes qui les accompagnaient, à la déportation. Les «Hillois» purent regagner leur château.
Mais le sentiment de sécurité, lui, ne revint pas. Dès novembre 1942, avec l’arrivée des troupes allemandes sur tout le territoire, sentant de nouveau la menace, les grands commencèrent à se disperser. Vingt-cinq d’entre eux tentèrent de gagner la Suisse. Vingt réussirent, cinq furent arrêtés. Une dizaine cherchèrent le salut au delà des Pyrénées plus proches ; cinq ne passèrent pas. D’autres furent recueillis par les fermiers du pays. Quelques unes des jeunes filles trouvèrent un abri dans un couvent. D’aucuns rejoignirent le maquis ; l’un d’eux tomba sous les balles ennemies.
Des dix «Hillois» déportés à Auschwitz, un seul survécut.
Au cours de son histoire, le château n’a été le lieu d’aucun fait d’armes, mais dans ce dernier épisode il fut témoin d’une victoire de l’humain sur la barbarie. Les anciens de la Hille lui disent merci, ainsi qu’aux habitants de Montégut Plantaurel et de ses environs. »
NB : La chapelle de La Hille a fait l’objet d’une visite épiscopale (diocèse de Rieux)
Pas du Roc : défilé creusé dans les rochers par les eaux de la Léze qui prend sa source sur le plateau d’Aygues Juntes.
« L’Archétype-Agora » : sculpture de Christian Louis, réalisée pour Amnesty International, composée d’un carré de béton blanc de 10 m sur 10, avec une sphère brisée en son centre rappelant le souvenir des prisonniers d’opinion.
Musée des Enfants du Château de La Hille: Inauguré le 23 juin 2007.
Célébrité :
Marc Saturnin de Boyer, seigneur de Montegut, Aigues Juntes, né le 6 octobre 1753, député sous le 1er Empire
Pour en savoir plus…
J. Baylé, « Archéologie du canton de Varilhes », BSA 1970-1971
A.M. Im Hof-Piguet : « La filière en France occupée 1942-1944 »
S. Steiger : « Les enfants du château de La Hille »
J.J. Pétris : « Egon Berlin, L’enfant juif de Roquefixade »
Philippe Binder de La Croix Rouge Suisse: « Les enfants du Château de La Hille (1941-1945): une tragédie humanitaire pendant la seconde guerre mondiale », Berne, 2007
« Mariage d’Arnaud de Cardeilhac avec Marie-Thérèse de Rochechouart-Faudoas » : BSA 1891-1894
« L’Ariège et ses châteaux féodaux », A. Moulis
Plans divers et dossiers: ADA 2 O 1028 à 1031 (école, restauration du clocher, eau…)
Registres paroissiaux: 1ére date : 1673(Intéresse aussi Aigues Juntes)