Département de l’Ariège, Arrondissement de Foix, Canton d’Ax les Thermes


Altitude : 929 / 2840 m

Longitude : 1° 50’ 10’’ E

Latitude : 42° 39’ 29’’ N

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

Démographie

Approches historiques

Patrimoine

Célébrités

Pour en savoir plus…

Superficie : 8012 ha

Démographie :

1806 : 896

1851 : 740

1856 : 703

1901 : 535

1921 : 581

1946 : 337

1968 : 195

1982 : 143

1999 : 180

2006: 185

Étymologie : dérivé du celtique « Mer-ens » qui signifie « puissance de Mars »

                Dans les textes anciens : « Mérenx »

                « Les Vals » : croisement des vallées de l’Ariège, du Mougoulhou et du Nabre

Nom des habitants : Merengois et Merengoises


Approches historiques 
:

Selon J.J. Delescazes dans son « Mémorial historique », Crassus y fait construire, à l’an 53 avant J. C., des forteresses pour servir de frontières…

« Cette châtellenie, après avoir dépendu d’abord du noble manoir de Lordat, passa, en 911, sous le règne de Hugues Capet, aux seigneurs d’Ax, etc… » (Duclos dans l’Histoire des Ariégeois)

Selon l’Histoire Générale du Languedoc, vers 960, Hugues, évêque de Toulouse, donne par testament à Voltaric  l’alleu de Mérens (« Merentio »). Cependant, en 994, le comte de Carcassonne, Arnaud, donne la moitié de Mérens avec la moitié de son église Saint Pierre à l’abbaye de Lagrasse s’il n’avait pas d’enfant.

En 1047, un litige sur une partie du territoire de Mérens apparaît avec la Cerdagne qui mettra la frontière du comte de Toulouse (avant le comte de Foix qui y établit une châtellenie, et donc, un château) au col du Puymorens.

1159 = Raimond, évêque de Toulouse, y fonda un monastère de filles de l’ordre de Cîteaux, sous la dépendance de l’abbaye de Boulbonne, à laquelle ce monastère fut uni au 15éme siècle (HGL)

En 1224, la bulle du pape Honorius II confirme Mérens comme appartenant à l’abbaye de Saint Volusien.

En 1272, Merens est compris dans le comté de Foix, à la frontière avec « Capcirio et Ceritania ». La situation géographique de Mérens en fit un enjeu important durant des siècles. C’est pourquoi, les habitants de Mérens avaient le privilège d’avoir des armes…

En 1302, Pierre Bernard d’Arnave rend hommage pour ce qu’il possède à Mérens, Arnave et Ascou.

1390 : le dénombrement du Comté de Foix donne pour « Merenx » : 64 feux dont 2 feux pour l’hôpital de « Senta Susana » (qui appartenait à la commanderie de Capoulet, de l’ordre de St Jean de Jérusalem) ; y est signalé un des 59 moulins du Pays de Foix. L’hôpital Sainte Suzanne devait former, plus tard, la commune de l’Hospitalet.

« Lo castel et loc de Mérenx » en 1445

Dans la « Descriptio del comtat de Foix » d’A. Esquerrier, en 1456, Mérens est siège d’une châtellenie comprenant « Mérenx et l’hospital de Santa Suzanna » (Mérens et l’Hospitalet).

De nombreux gouverneurs ou capitaines garderont la frontière par le biais du château de Mérens (Samson de Montaut de Labat, Jehan Petit Serda, Jacques Béringuier, Laurens…) avant l’arrêté royal de Louis XIII, du 25 avril 1638, qui ordonne « la démolition et le rasement des châteaux de Mérens et de Montgailhard, comme inutiles, par corvées des habitants des lieux circonvoisins » : ce qui fut fait en juin 1638.

Extrait des registres du Conseil d’Etat :

« … ordonne que lesdits chasteaux de Montgaillard et Mérens seront rasés par le sieur de Fonvive… Fait au Conseil d’Estat du roy, sa Majesté y estant, tenu à Sainct-Germain en Laye le vint-cinquième jour d’avril 1638 »

« … Ayant esté pleinement informé de l’estat de nostre dit Comté de Foix et du peu de besoing qu’il y a d’entretenir les garnisons des chasteaux de Montgaillard, Mérens, Son et Quérigut… et mesme nous avons ordonné la démolition et rasement des susdits chasteaux de Montgaillard et Mérens, comme inutiles… Vous ferez travailler tout incontinent au rasement et démolition des susdits chasteaux de Montgaillard et Mérens par corvées des habitans des lieux circonvoisins, sous l’emploi dudit sieur de Fonvive… Signé : Louys »

*

Démolition du château de Mérens :

« Le major de la milice de Foix chargé de faire procéder à la démolition du château de Mérens, se présenta devant ce dernier le 10 juin 1638 ; les portes en étaient fermées ; un soldat, habillé de gris, paraît sur la courtine ; on le somme de livrer le château pour être détruit conformément à l’arrêt royal ; il refuse, alléguant des ordres contraires du capitaine de Beaufort qui lui a défendu de rendre la place avant son retour de la Cour, où il est allé voir le roi à ce sujet. Le major réitère ses injonctions.

Le 13 juin, le soldat consentit enfin à la démolition du château ; commencée le 16, elle dura jusqu’au 23 ; on trouva dans le château deux fauconneaux qui furent transportés à Foix et une cloche qui fut déposée au couvent des Salenques» (Morère et Pélissier dans « L’Ariège historique »)

Cependant le consulat de Mérens durera jusqu’en 1766 et conservera des privilèges (pacages et commerce).

Mérens, à la frontière andorrane, connaîtra toujours des litiges de limites entre le Pays de Foix et l’Andorre ; de même, des incursions ou des invasions d’espagnols sont signalées en 1705, 1793, 1811 (Mérens et son église furent brûlés le 29 octobre par les troupes du général Villamil), 1812.

NB: Procès terminé en 1865 portant sur l’utilisation de la Soulane d’Andorre (qui datait depuis 1643): il est perdu au profit des Andorrans…

Au 17ème (1669), la commune de Mérens avait quatre grandes forges et trois moulins à scie : ce qui suppose une importante exploitation de bois.

En 1765 : privilège : la communauté de Mérens a l’entrée aux États par un député, généralement le premier consul.

Reconstruit à deux reprises après deux incendies : en 1802 et 1811

20 juillet 1815 : Louis Antoine de France, duc d’Angoulême, époux de la fille de Louis XVI, quitte Puigcerda où il s’était réfugié durant les Cent Jours, et passe à Merens pour rentrer en France. Les habitants lui demandent, alors, une route praticable qui ne se fera que sous Napoléon III.

En 1865, la RN 20 s’y arrêtait (Cl. Pailhès dans « La vie en Ariège au XIXème siècle » écrit: « On met 13 ans à construire les km menant d’Ax à Mérens »). Ce n’est qu’à la fin du XIXème siècle que les diligences ont franchi le col du Puymorens. La route d’Andorre par le Pas de la Case à partir de la route du col de Puymorens date de 1933

1896 : Mérens comporte 138 maisons pour 141 ménages et 569 habitants

Au début du XXème siècle, trois instituteurs et un curé y exercent ; à cette époque, une scierie appartenait à la commune…

28 décembre 1912: dernier coup de pioche au tunnel hélicoïdal de Saillens (« le seul qui fasse une révolution sur lui-même »)

Inondation de novembre 1982

Reste que Mérens est connu du monde entier par son cheval : Le cheval de Mérens. Un journaliste en faisait mention en 1909 : « Existent deux chevaux étalons de pure race ariégeoise, chez Mr Astrié Rousseillet ». Le cheval : « de travail dans les mines ou les forêts, son origine est à rechercher dans le croisement d’une race locale avec un cheval espagnol. Menacé de disparition au 19éme… Ce sont certainement les ancêtres du Mérens que nous connaissons qui ont été peints par les Magdaléniens dans les grottes ariégeoises, à Niaux notamment ». 1945 : reconnaissance du standard de la race

NB : Jadis pays des Mouychard, des Laurens…

NB : Il convient de faire attention sur l’appellation de « Merens » confondue avec celle de « Marens » (près du Carla Bayle) dans certains écrits historiques

NB: En 1516, l’Ariège porte le nom de rivière de Mérens jusqu’à Ax les Thermes: « riparia de Merenxis dicta Larieya » (F. Baby, BSA 1975)


Patrimoine :

– Cinq sources sulfureuses d’eau chaude (Mérens d’en Haut)

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– Dolmen des Sarrêtes : M.H. du 31 mars 1887

– Centrale hydroélectrique : mise en service en 1965. Elle a une puissance de 45 MW pour une hauteur de chute de 328 m

– Église romane: 11ème (vestiges de l’ancienne église de Mérens d’En Haut) : M.H. : 26/09/1969. Reconstruite au début du XIXème siècle sous le vocable de Saint Pierre. Voûte refaite vers 1976…

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MÉRENS LES VALS – (Église Saint Pierre)

« Bien que ruinée, cette église mérite l’attention. En 994, elle était donnée par les seigneurs du lieu à l’abbaye de Lagrasse, en 1118, le pape GÉLASE II (1118/1119) confirma la donation à cette abbaye ; en 1224 elle dépendait de l’abbaye de Foix. 

Elle fut incendiée en octobre 1811 par les miquelets espagnols venus piller Ax les Thermes.

La nef, très allongée n’était pas voûtée mais seulement charpentée. L’abside ouvre directement sur la nef à deux absidioles qui s’inscrivent dans un même tracé ovale continu qui donne un plan tréflé très aplati. Elle est voûtée en cul-de-four par des pierres de schiste placées verticalement et recouvertes d’une forte épaisseur de dalles de schiste. Cette abside est du X° siècle

Le clocher à tour carrée du type catalan paraît être du XII° siècle ; il a été refait en granit par les moines de Lagrasse. Il est placé au sud, près du sanctuaire et comprend trois étages de baies, simples au premier étage, géminées ensuite, avec arcs en plein cintre reposant sur une pierre équarrie qui sert de chapiteau à une colonnette posée directement sur le seuil. Il est terminé par un petit toit d’ardoises à quatre pans comme les clochers-guettes andorrans »

(Cl. Aliquot, Conservateur des Antiquités et Œuvres d’Art de l’Ariège)

(Photo: Laurent Crassous)


– Tunnel hélicoïdal de Saillens, long de 1752 m

« La voie s’enfonce dans le tunnel hélicoïdal de Saillens ; il élève le niveau du rail de 88 m. Ce tunnel remarquable pénètre dans la montagne à 1267 m d’altitude ; la sortie se fait à 1355 m et un peu en retrait dans la vallée par rapport à l’entrée. Les travaux de percement de ce souterrain hardi se firent sous la conduite de deux habiles techniciens, le père et le fils ; chacun d’eux entama séparément le roc, l’un à l’entrée, l’autre à la sortie, et ils se rejoignirent au sein de la montagne avec un écart de quelques centimètres à peine». (« L’Ariège d’avant guerre » d’Adelin Moulis)

– Tunnel de Lareng: 445 m de long

– Pierre gravée au dessus de la mairie : « brûlée l’an 1811 ; rebâtie en 1914, l’an de la paix ; JN Sicre »

– Vallée de Mourgouilhou (étang du Comte, étang Vidal…)

– Refuge des Bésines (à 2104 m d’altitude)

 

Célébrités :

– Abraham Sicre (1728-1765): médecin, écrivain ; fait connaître les eaux thermales d’Ax

– François Mouychard : prêtre, curé de Celles en particuliers (où il est enterré) : reconstructeur de la chapelle ND de Celles (lieu unique en Ariège d’une apparition qui aurait eu lieu le 28 mai 1686) et bâtisseur de l’église de Celles-village.

– De nombreux prêtres sont issus de Mérens les Vals… Parmi ceux-ci, citons:

Abbé Auguste Mouchard : Né le 19 juin 1913 à Mérens les Vals ; prêtre en 1937 ; nommé à Saint-Girons, à Malléon le 1er janvier 1942 (où il vécut les évènements de la seconde guerre mondiale avec José Alonso, chef des Guérilleros dit le Commandant Robert, qui devint son ami) ; puis à la Reynaude (Mas d’Azil). Décès le 4 février 2004

 

Pour en savoir plus…

« Églises romanes du Pays de Foix et du Couserans », R. Roger, BSA1908

« Notice su les eaux sulfureuses de Mérens », C. Alibert, 1852

« Étude chimique et médicale sur les eaux sulfureuses d’Ax », F. Garrigou, 1862 (notes sur les eaux sulfureuses de Mérens : P. 241 à 243)

« Recherches sur les eaux minérales des Pyrénées », E. Filhol, 1853

ADA, 3 J 35 : Destruction d’une forge et d’un moulin par une crue de l’Ariège à Mérens, 1736

Litige entre les communes de Mérens et l’Hospitalet d’une part et les communautés de Canillo et d’Encamp (Andorre), d’autre part, à propos du territoire de la Soulane (1729-1882) : 18 EDT, G1

ADA : 2 B 31 : visite des forêts du consulat (1669) et jugement relatif à leurs usages (1670) : « le lieu de Mérens et hameau de l’Hospitalet », « le consulat de Mérens et l’Hospitalet »

Ordonnance de visite de l’église Saint Pierre du 18 mai 1696 : ADA, G 59

« Le mérens, Prince Noir d’Ariège », Michel Vidal Saint-André, Ed. Loubatières

Plan de la Soulane d’Ariège, 1881 : AN J 10 C 107

Photo : ruines de l’église incendiée par les Espagnols en 1811 : 10 Fi 728

Délimitation des communes de Mérens et L’Hospitalet avec les Pyrénées-Orientales, 1807-1822 : ADA, 9 M 2 (3)

Leudaire d’Ax et de Mérens. 1741 : ADA, 19 J 108

Mémoire sur la situation et l’état de la paroisse de Mérens (s.d.) : ADA, G 233 (13)

Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 965 à 972 (écoles, reconstruction du moulin à farine et de la scierie en 1881, barrage, restauration de l’église, eau…)

Registre de catholicité le plus ancien : 1608


(Étude : J.J. Pétris et Cl. Aliquot)