Du latin « macerias » : murs de pierres sèches, ruines
La commune de Mazères faisait partie de l’arrondissement de Pamiers en 1801 ; puis passe à celui de Foix en 1926 ; enfin dans celui de Pamiers en 1942
Nom des habitants : Mazériens et Mazériennes
Approches historiques :
D’un point archéologique, la région de Mazères (en Ariège) est l’une des plus intéressantes par la nécropole mérovingienne de Bénazet qui comprend au moins 350 sépultures sur environ 2000 m2. Elle se trouve à la jonction des communes de Molandier et de Mazères. Partiellement détruite par l’exploitation d’une gravière dans les années 1960, elle fut fouillée en 1971 et 1972 par le professeur Surre et le docteur Muratet ; puis reprises depuis 2001 sous la houlette de Nicolas Portet.
Été 2006: Nouveau! Les fouilles menées par J.Paul Cazes ont révélé l’existence d’une nécropole wisigothique sous les tombes mérovingiennes…
Selon l’Histoire Générale du Languedoc, il est fait mention d’Hugues, évêque de Toulouse, qui, dans son testament, donne au comte Raymond 1er le lieu de Mazères en 960 : ce serait le texte le plus ancien connu pour cette localité.
L’essor de Mazères relève de l’existence de l’abbaye de Boubonne (ordre de Cîteaux), qui se trouvait à environ 3 km au sud-est de la ville actuelle (rive gauche de l’Hers) et fondée en 1129.
La ville fut créée par l’abbé et les moines qui possédaient au « lieu dit Mazères » des terres en « alleu franc sur le territoire de la paroisse de leur église de Saint Pierre de Mazères, dont la dîme et les prémices appartenaient de plein droit à leur monastère ». … « ils décidèrent d’y faire une communauté d’habitants, « un peuplement » afin que ces terres « soient cultivées plus efficacement »… mais pour ce faire était nécessaire l’autorisation de Roger comte de Foix, patron de leur monastère…
Un paréage fut donc conclu, le 29 janvier 1253, entre Bérenger, abbé de Boulbonne, et le comte de Foix, Roger IV : Ils en partagèrent ensemble la justice ainsi que la seigneurie. Pour administrer la ville, l’abbé et le comte instituent un « bayle commun ».
Sur l’emplacement d’un petit village, se crée alors une bastide au plan quadrillé.
1309 : le pape Clément V séjourne à l’abbaye de Boulbonne…
Devenue une des quatre villes maîtresses du comté de Foix, une résidence comtale y est installée : Gaston Fébus y fait construire un château à partir de 1380, entouré de fossés de trois côtés, munis de six tours et d’un pont-levis. La ville était donc fortifiée et les boulevards actuels occupent l’emplacement des anciens remparts. Gaston Fébus y écrit son livre sur la vénerie. Le même, après avoir été voir le roi Charles VI à Toulouse avec une suite magnifique (600 chevaux dont 200 chevaliers ou écuyers) l’invite à Mazères le 7 janvier 1390.
Au XIV° siècle, « la ville était fortifiée par des murs dans lesquels existaient plusieurs portes, protégées par fossés et talus ; un pont avait été bâti sur l’Hers. Une église appelée « la chapelle commune de la ville » y avait été édifiée par l’abbé de Boulbonne, dotée de « plusieurs maisons exemptes » pour les besoins du chapelain, comme il avait été prévu en 1253 dans la charte du paréage ; elle est mentionnée en 1318 ; de même que la demeure officielle qu’avait à Mazères le comte de Foix, dénommée « la salle comtale ». (E. Martin-Chabot « La vie au XIV° siècle dans le nord du comté de Foix », dans BSA 1969)
Le dénombrement de 1390 donne déjà à « Maseras » 497 feux. Y sont mentionnés trois des cinquante neuf moulins du comté de Foix dont deux pasteliers.
1425 : Traité entre le comte de Foix et le roi Charles VII (fait à Mazères, le 16 février)
1484 : Lors de la succession de la maison de Foix, Jean de Narbonne adversaire de Catherine de Béarn ou de Navarre, attaque Mazères en espérant s’y faire reconnaître comme comte avant d’aller assiéger Montaut et son château. Dans cette lutte de succession entre Jean de Foix, vicomte de Narbonne et Catherine de Foix, le roi, après avoir mis sous sa main les villes et les châteaux de Saverdun, Mazères, Montaut, Son, Montbrun, Caumont et Traquesne, dans le comté de Foix, en confia la garde au vicomte de Narbonne, jusqu’au jugement définitif de son différend avec la princesse de Viane, qu’il s’était réservé. Il assigna, en même temps, le château de Mazères à Marie d’Orléans, femme du vicomte, pour sa demeure et celle de mademoiselle de Narbonne, sa fille. Marie d’Orléans établit sa résidence dans ce château.
Gaston de Foix (duc de Nemours, neveu de Louis XII et vainqueur de Ravenne) y naît le 12 décembre 1489.
Selon Catel, auteur en 1633 des « Mémoires de l’Histoire du Languedoc », le château fut brûlé par accident en 1493
Une autre période historique a concerné Mazères : ce sont les guerres de religion.
Le 9 septembre 1568, les Huguenots occupent la ville, puis capitulent devant les catholiques. (Voir « Mémorial Historique » de J.J. Delescaze sur ces événements). D’Audou, chef des protestants endommage l’abbaye de Boulbonne…. (1567) De ce temps-là, Mazères restera un haut lieu du protestantisme en Ariège.
Le 21 mars 1579, Catherine de Médicis vient à Mazères (accueillie par le roi de Navarre, Henri, et Margueritte de Valois dite la Reine Margot), suivie de sa cour, avant d’aller loger à Saverdun dont les catholiques venaient de se rendre maîtres
Le roi de Navarre convoqua, le 9 décembre 1579, une assemblée des principaux chefs des deux religions à Mazères (et non pas seulement de la religion protestante), juste avant d’aller à Nérac….
Les catholiques se rendent maîtres de Mazères en juin 1581…
Le roi ordonne le 10 octobre 1631 que les consuls de Mazères, du Mas d’Azil, Les Bordes, Sabarat soient répartis moitié catholiques, moitié religionnaires
Enfin, une période somptueuse pour Mazères s’arrête avec la démolition du château et des remparts sur ordre de Richelieu en 1634.
NB: La population de Mazères, en 1683, est composée de 1280 protestants et de 140 catholiques
Mazères avait entrée aux Etats du pays et le privilège avec Foix de nommer l’un des 2 syndics généraux du comté de Foix
En 1769 : « Mazères a une place qui est belle et grande, des avenues que la moindre pluie gâte et rend difficiles ; les charges, les intérêts provenus des sommes empruntées pour la construction de l’église entraînent des dépenses qui gênent considérablement la communauté. Le passage des troupes en attire aussi…… Ses habitants avaient anciennement le droit de poursuivre la bête rousse jusqu’aux portes de Narbonne » (rapport sur la justice municipale)
Avec la révolution, Mazères devient chef lieu de canton qui sera supprimé le 15 octobre 1801
En 1859, on abat une partie des couverts
L’inondation du 23 juin 1875 (qui a fait une centaine de morts en Ariège) emporte le vieux pont
Sous le1er Empire, foires du Jeudi Gras, 25 avril, 1er août, 12 septembre, le jeudi avant la Toussaint, le 13 décembre
En 1896, Mazères comporte 802 maisons pour 865 ménages et 3217 habitants
Industries actuelles : Ruggieri et la Cie Internationale Trigano
La venue de l’autoroute proche de Mazères donne l’opportunité d’un nouvel essor économique avec l’implantation de nombreuses activités (comme celles de Denjean-logistique qui a déserté Saint-Paul de Jarrat…): cela lié à un patrimoine et une histoire qui lui sont propres, Mazères est promise à un avenir des plus « fructueux »…
A propos de l’abbaye de Boulbonne:
Liste des abbés : Duclos, IIIème partie, Chap. IV, P. 202
Parmi ceux-ci:
1er abbé : Dominique (1160-1180)
Pierre 1er (1229) : assiste à Saint-Jean de Verges à la réconciliation du comte de Foix Roger-Bernard avec le roi de France
1272 : sous l’abbé Olric : le roi de France et le roi d’Aragon traitent de la paix
Guillaume III de Court (1338) : devient cardinal
François de Joyeuse (1597) : archevêque de Toulouse
Charles-Claude Andrault de Laugeron (1721) : chevalier de Malte
Barthelèmy de Salignac-Fénelon (1729) : archidiacre de Cambrai ; évêque de Pamiers
Georges-Lazare Berger de Charency (1740-1748) : évêque de Saint-Papoul
1305 : 116 moines
Comtes enterrés à Boulbonne :
En 1803, restaient quelques tombes (selon De Labouïsse-Rochefort : « Voyage à Rennes les Bains », p. 99) :
Raymond-Roger, mort en 1223
Roger-Bernard II ;
son fils, Roger IV, mort en 1265
Gaston 1er, mort en 1315 à l’abbaye de Maubuisson, puis transféré à Boulbonne
Gaston II, rapporté de Séville en 1343
Jean de Grailli, décédé au château de Mazères en 1436
Patrimoine :
Plan de la ville-bastide en damier
Église : dédiée aux saints Abdon et Sennen, reconstruction entamée le 10 novembre 1687 après destruction par les Réformés ; agrandie en 1720 et à la moitié du 19ème ; clocher construit en 1830 et la flèche en 1885.
Un bas relief en pierre portant les armoiries de l’abbé Jacques de Villemur de Pailhès (1597-1638) se trouvait sur la porte principale et a été enlevé en 1720. Stalle de l’abbé de la seconde abbaye de Boulbonne.
Temple protestant reconstruit en 1884 (l’ancien avait été rasé en 1687)
La halle : construite de 1846 à 1850 sur l’emplacement d’une autre qui datait du XVIème siècle et qui avait un étage servant d’hôtel de ville (Mesures)
La Tour Martimor construite vers 1630
Place des Tourelles : vestiges de l’ancien couvent des dominicains (construit en 1878), devenu séminaire (de 1907 à 1943), puis transformé en salle des fêtes ; ancien cloître
L’Hôtel de Ville : S’appelait « La Castellane » : construite en 1575 (par Claude Lévis d’Audou). Abrita Margueritte de Navarre (la reine Margot) et le futur Henri IV, puis devint château des abbés de Boulbonne (1629) ; Cet hôtel a été démoli et reconstruit en 1798. On y retrouve le blason de l’abbé de Boulbonne, Jacques Philibert de Villemur qui y mourut en 1718.
Sur l’Hers : vestige du vieux pont (mention en 1259) détruit par les inondations de 1875.
Le « nouveau pont » date de 1882.
Le moulin de Gaillard : l’ancien moulin de l’abbaye de Boulbonne construit en 1657 est devenu usine hydroélectrique (restes du blason)
Hôtel d’Ardouin (Musée du Vieux Mazères, consacré à Gaston Fébus, Boulbonne, le Pastel et le site de Bénazet) : construit en 1580 par Pierre de Garrigues, riche marchand pastelier dans le style des hôtels toulousains. Tour hexagonale avec escalier à vis, fenêtres Renaissance.
Maison des comtes de Foix 15,16ème (à la commune) M.H. : 23/03/1950
Monument aux Morts (place): Statue en pierre sculptée «un soldat, debout, casqué et vêtu d’une capote, au repos, l’arme aux pieds». Auteur: Gustave Viollet, 1927. (Monument Historique depuis le 6 Août 2007)
Château de la Nogaréde (XVIIème) : demeure de l’écrivain de La Beaumelle (qui y est né en 1772), puis du philosophe végétarien Gleize.
Pour en savoir plus…
Dans les BSA:
« L’instruction publique à Mazères aux XVII et XVIIIème, d’après les registres des délibérations municipales », J.Decap, BSA 1906
« Commande d’un canon par la municipalité de Mazères (1592) », Ab. Robert, BSA 1913
« Les moulins pasteliers, le Pastel… », Urbain Gondal : BSA 1974, P. 77…
Pasquier (F) : « Déclaration faite en 1627 par les villes de Pamiers, Mazères, Saverdun et le Carla de rester fidèles au roi », BSA 1905-1906
Duffaut (P) : « L’affrontement politique des catholiques et des protestants de Mazères après la Révolution de 1789 », BSA 1898
« La maison Claret et Cie : un bazar à Mazères dans les premières années de la Révolution », G. Arnaud, BSA 1896
Autres…
« L’histoire de Mazères », Pierre Duffaut
« Boulbonne », R. Armengaud, 1993
« Une famille des comtes de Foix, les Martimor », Jeanne Guybert-Martimor
5 E 2943 (Darnaud, not.) : 1689 : Acte d’accord entre l’abbaye de Morimond (ordre de Citeaux), diocèse de Langres et l’abbaye de Boubonne au sujet de dettes impayées
« Baux à besogne pour la construction du monastère de Boulbonne à Tramesaygues (1664-1672) et la restauration de celui de Calers (1614) »: Barrière-Flavy, 1911
Archives:
Paréage de Mazères, 1253 (entre Roger IV et l’abbé de Boulbonne): Doat 84, f° 255
Plans divers et dossiers: ADA 2 O 930 à 947 (écoles, halle, restaurations de l’église, du clocher, du temple, …)
Célébrités :
La Beaumelle (Victor Angiviel de), né au château de la Nogarède le 21 septembre 1772, mort à Rio de Janeiro le 29 mai 1831. Fils de l’adversaire de Voltaire, Laurent Angliviel de La Beaumelle, il fut militaire (officier supérieur) avant de se consacrer à diverses études (en particuliers sur l’Espagne et le Brésil)qui le firent connaître. C’est ainsi qu’il se rendit au Brésil pour se mettre au service de son empereur où il mourut.
Jean Bienaise, né à Mazères en 1601. Célèbre chirurgien (cité dans les Mémoires de Saint-Simon). Louis XIV le consulta et l’emmena dans ses campagnes de Flandres. Il mourut le 21 décembre 1681, ayant laissé une partie de sa grosse fortune aux pauvres ou à Saint-Côme (siège du Collège de chirurgie où il fut Maître)
André Bonnafous, peintre, poète, romancier et conteur
Fabien Pelous : équipe de foot de Mazères ; UA Saverdun, Graulhet, Dax et le Stade Toulousain ; capitaine du XV de France
André Trigano : maire de Mazères, puis de Pamiers ; député de l’Ariège de 1993 à 1997. Son frère Gilbert a été au Comité de Libération du Département de l’Ariège (1944)
Armoiries (1697) : 1° De sinople, à trois tours d’or, deux et une. 2° D’azur, au dextrochère de carnation mouvant du flanc senestre d’une nuée d’argent et tenant une lance d’or. Devise : « La main armée pour te servir »
CHARTE de COUTUMES de MAZERES
Charte signée le 29 janvier 1253 par l’abbé de Boulbonne et le comte de Foix.
« Tout homme venant s’établir ici pourra y rester en sûreté, libre de toute queste et de toute servitude ; ses biens mobiliers ou immobiliers y seront protégés par la justice sur tous les domaines des coseigneurs et sur ceux de leurs amis. Toutefois, les gens du Sabarthès et du château Molandier ne seront pas autorisés à demeurer ici. Si quelqu’un veut quitter cette ville après y avoir séjourné, les coseigneurs et leur bayle lui garantiront la sécurité de sa personne et de ses biens jusqu’à la distance d’une journée hors des limites de la ville, quelle que soit sa destination.
Les consuls seront élus chaque année, dans la semaine après la fête des Rameaux, par les consuls sortants ; au lendemain de Pâques, les nouveaux élus prêteront le serment devant le grand cellerier et le bayle, si les coseigneurs sont absents, et useront ensuite du droit du consulat avec les conseils de leurs prédécesseurs. Leur mandat sera entériné par les coseigneurs.
Tous les conflits qui surgiront en cette ville entre civils, fonctionnaires ou étrangers, seront du ressort des consuls, qui ne demanderont aucun paiement pour le greffier et les chandelles. Les frais de justice ordinaire coûteront 2 sous toulousains pour le moindre délit et monteront jusqu’à 60 sous pour une blessure corporelle.
Un accusé ne sera pas emprisonné, sauf en cas de prime constaté par les consuls et autres notables, mais il devra déposer une caution appropriée ; toutefois, si cet accusé est dangereux ou peut provoquer le désordre, les consuls pourront le faire arrêter et le bayle pourvoiera aux dépenses et à la garde du captif. Un inculpé ne sera pas exproprié, tant qu’il se tiendra à la disposition des consuls. Ceux-ci le conseilleront si, par sa pauvreté ou par la situation de la partie adverse, l’inculpé est incapable de se défendre. Aucun avocat ne sera toléré, à moins que l’accusé ne soit lui-même un juriste confirmé ; dans ce cas, le plaignant pourra se nantir d’un avocat. Dans toutes les affaires qui passeront en justice, le bayle rassemblera les témoins désignés par les deux parties, pour concourir à la vérité. Les habitants de cette bastide ne se verront pas imposer le jugement du duel, du feu, de l’eau froide ou de l’eau chaude.
Lorsque les biens d’un coupable seront saisis, ils serviront d’abord à rembourser les créanciers et à indemniser les préjudices ; le reste sera attribué aux coseigneurs, selon le bon vouloir des consuls. Si quelqu’un s’empare injustement des biens d’un habitant de la ville, celui-ci sera pris en charge par la communauté ; les consuls feront rembourser au coupable les dépenses correspondantes. Si l’auteur de malveillances, telles que les incendies ou les meurtres d’animaux, n’est pas trouvé après enquête, la communauté paiera aux victimes les dommages subis. La diffamation est un délit qui sera poursuivi ; un homme qui prononce des paroles outrageantes pour son prochain paiera 10 sous à la justice et sera puni selon la qualité de la victime ; mais une femme coupable de calomnie ne paiera que 2 sous et 6 deniers. Pour un préjudice causé à un familier des coseigneurs, les consuls infligeront une réparation et une punition proportionnelle au rang de ce familier.
La justice veillera au remboursement des dettes. Lorsqu’un débiteur fera l’objet d’une plainte, le bayle lui demandera de rembourser dans les quinze jours suivants ; après ce délai, le débiteur passera devant la justice des consuls, paiera 12 deniers et sera contraint de rembourser aussitôt sa dette. Le gage d’un prêt pourra être vendu par le prêteur après un mois écoulé ; le remboursement du prêt sera diminué du prix du gage, et si ce prix est supérieur au prêt, le prêteur remboursera la différence au débiteur. On ne pourra pas donner en gage le vêtement de son corps ou le drap de son lit. La dot d’une épouse ne pourra pas être engagée ni vendue sans sa permission. Si quelqu’un s’absente de la ville, aucun créancier ne pourra se saisir de ses biens ; mais si cette absence dépasse deux mois ou si le débiteur a déjà refusé de se présenter en justice, les consuls pourront ordonner la saisie de ses biens.
Tout individu qui pénétrera dans une maison contre la volonté de son propriétaire sera arrêté et châtié par les consuls ; si par hasard il est tué en s’opposant à sa capture, celui qui l’a tué ne sera pas exproprié. Si quelqu’un, dans un mouvement de colère, blesse un porc, des canards ou autres animaux domestiques, il pourra s’en faire absoudre à l’amiable ; mais si le propriétaire porte plainte ou si les consuls veulent imposer une amende pour éviter le renouvellement de tels faits, l’homme passera en justice.
Les gardes établis par les consuls infligeront des amendes dont ils prendront la moitié pour leur rétribution. Pendant la nuit, le vol, le meurtre d’un animal ou les destructions malveillantes seront taxés de 60 sous pour la justice ; et celui qui volera du raisin, des choux, des poireaux ou des gerbes paiera 15 sous.
De jour, le voleur de biens non comestibles paiera 10 sous ; il sera condamné à courir sur la place et à s’exiler pendant un an hors de la ville.
Celui qui violera une vierge devra la prendre pour épouse ou lui donner un mari convenable que la victime soit noble ou roturière, le coupable subira un même châtiment corporel décidé par les consuls. Celui qui a contraint une épouse ou une femme chaste paiera 60 sous et fera réparation du déshonneur à l’appréciation des consuls. Un homme et une femme surpris en adultère seront condamnés à courir tout nus sur la grande place, où ils seront fouettés par les gardes de la justice.
Celui qui menacera son prochain avec un couteau ou avec un glaive, mais sans provoquer de blessure, paiera 15 sous à la justice.
Les habitants de la ville pourront vendre librement leurs biens, sauf aux chevaliers, clercs ou religieux étrangers à ce territoire. Si quelqu’un meurt sans testament et n’a pas de parents connus, tous ses biens seront inventoriés par un greffier et mis à la garde des consuls pendant un an et un jour ; si personne ne s’est présenté dans ce délai, la moitié de ces biens sera utilisée pour le repos de l’âme du défunt, l’autre moitié tombera en commise ; mais tous ces biens seront restitués aux ayant-droits s’ils se présentent avant l’expiration de ce délai.
Les coseigneurs accordent à tous les habitants de cette ville la liberté de pacage, de chasse et de pêche sur toute l’étendue du territoire, sauf dans les viviers et les bois du monastère. L’accès des prés restera libre depuis la fête de St Michel en septembre jusqu’à celle de la Vierge Marie en mars.
Le mardi de chaque semaine se tiendra un marché ; chacun y sera protégé par les coseigneurs avec toutes ses marchandises, sauf s’il est criminel, débiteur ou marchand clandestin. Une foire aura lieu chaque année à la Nativité de la Ste Vierge et durera trois semaines depuis le 8e.jour avant jusqu’au 15e jour après la fête. Les habitants de cette seigneurie ne paieront ni leude ni péage. Les consuls vérifieront les poids utilisés pour les marchandises, et les mesures pour le blé ou le vin ; le contrevenant paiera 2 sous. Les consuls fixeront aussi le poids du pain, et procéderont chaque semaine à des vérifications. Le boulanger en défaut paiera 12 deniers et la moitié de son pain sera confisqué, si deux pains seulement sont trouvés plus petits, il ne sera pas poursuivi, mais il donnera 6 deniers à celui qui les aura découverts. Un acheteur trompé sur la qualité d’une marchandise pourra révoquer la vente dans les quinze jours suivants ; le vendeur reprendra sa marchandise et en remboursera le prix. Le marchand de vin doit afficher son tarif ; s’il le vend plus cher, il paiera une amende de 12 deniers. Si quelqu’un pêche des poissons pour la vente, il devra les porter sur la place publique ; s’il les porte chez lui pour les vendre en cachette, il encourra une amende de 12 deniers et l’obligation de manger ses poissons.
Les maîtres-meuniers percevront dans les moulins la seizième partie du blé. Le fournier prendra un denier par setier de pain et, sans autre redevance, il fera porter la pâte au four et livrer le pain dans les maisons.
Les coseigneurs établiront dans cette ville une tuilerie qui percevra, pour chaque fournée 6 deniers ou 100 briques.
Les agriculteurs donneront chaque année, pour une bergerie, trois cartières de céréales, moitié en blé, moitié en avoine. Le forgeron leur prendra 2 deniers pour un soc de charrue, et aiguisera les serpes, les haches et les bigots.
Celui qui acceptera, dans un jeu, la mise d’un enfant ou d’un adolescent sera tenu de rendre cet enjeu au père de famille ».
Armorial:
D’azur, au dextrochère de carnation mouvant du flanc senestre d’une nuée d’argent et tenant une lance d’or
(Réalisation: Y.A. Cros)
De sinople, à 3 tours posées 2 et 1:
(Réalisation: Y.A. Cros)
Registre paroissial le plus ancien : 1631
A noter: Yves-André Cros a numérisé l’état civil de 1809 à 1919 (plus de 30 000 photos archivées): consultable à la bibliothèque municipale
