L’histoire de Leychert dépend jusqu’à la Révolution de celle de Roquefixade. Ainsi, après avoir appartenu au comte de Toulouse et au seigneur de Saint Paul, Bernard Amiel de Pailhès, Leychert sera compris, depuis la moitié du 13ème siècle, dans la Province du Languedoc et non du Comté de Foix (la limite se trouvant à En Rivière, commune actuelle de Soula).
Inclus dans la châtellenie de Roquefixade qui comprenait, outre Roquefixade, Nalzen, Leychert, Saint Cirac, Soula et En rivière (Caraybat était une seigneurie indépendante comprise dans le Comté de Foix), Leychert était dans le domaine du roi de France. Par contrat avec ce dernier, le seigneur de Celles en sera le maître de la fin du XVIIème siècle jusqu’à la Révolution.
Au Pic des Monges, les trois bornes » (« Las très bosinas »), dans tous les anciens terriers, à l’intersection des juridictions de L’Herm, Leychert et Roquefort les Cascades marquent la limite historique du comté de Foix, de la terre de Mirepoix et de la châtellenie languedocienne de Roquefixade
Pour ce qui est du religieux, Leychert était une annexe de Roquefixade (avec un vicaire), mais au diocèse de Pamiers. L’église est dédiée à Sainte Anne au moins en 1633. Cependant, une église Saint Pierre de Leichert est régulièrement mentionnée dans les actes notariés du 17ème siècle…
En 1636, Henry de Sponde, évêque de Pamiers demande de tenir un registre paroissial des mariages, naissances et décès.
Leychert est, à la Révolution, rattaché au canton nouvellement instauré de Saint Paul de Jarrat, puis le 15 octobre 1801 (23 vendémiaire an X) à celui de Lavelanet.
Un fait divers concernant Leychert défraya les chroniques entre 1847 et 1851: l’affaire de Pierre Sarda dit « Tragine » qui s’évada du château de Foix (alors prison) et qui narguait la police qui le rechercha durant quelques années.
Lors de l’épidémie de choléra de 1854, sur une population de 407 habitants, 36 personnes de Leychert moururent.
Leychert, qui avait un presbytère et une école, est connu pour son retable du 17ème siècle (Retable classé. M.H. : 11/12/1995) et ses peintures du chœur de l’église (17ème) que certains attribuent à Jean Soum de Verdun, d’autres à Jean Michel, peintre né à Luzenac des Cabannes
Pour l’anecdote : Selon Etienne Carbonne, « un couvent (cathare) exista à Leychert, au lieu-dit « Les Ourtels » (petits jardins). La forme de l’édifice est apparente : 2 corps de bâtiments perpendiculaires à un chemin rural relié par une construction transversale et l’actuel hameau de Salcenac est construit sur un couvent cathare. Le dit couvent était devenu une sorte d’auberge où dans les temps anciens on donnait à manger et on recueillait même les malades. Des ossements qui ont été mis à jour à plusieurs reprises ont fait supposer à certains que dans cette auberge isolée à dessein en pleins champs, on devait dévaliser les voyageurs que l’on faisait ensuite disparaître… ». Dans une lettre à Déramond, maire de Freychenet en date du 6/2/1953, il déclare : « Les cathares de Leychert et du le Cazal avaient un cimetière : celui des Escararoles »
Hameaux : Bastia, Canalot, Peyriguel, Salsenac
Patrimoine :
Église dédiée à Sainte Anne : Église du 15ème ; sacristie du 17ème ; Sur le porche de l’église, une date : 1781 ; Lustre : fin 18éme à 3 étages; retable du 17ème (3m de haut par 185 de large) avec 2 statues l’ornant qui sont à rapprocher du retable de Rabat : saint Joachim et Sainte Anne ; La grille en fer forgé du chœur est un bon travail dans le goût du XVIIIème ; Le chœur est décoré de fresques dont certains éléments se rapprochent de ceux de Péreille.
Existait un cadran solaire sur le mur sud de l’église, coté cimetière (détérioré après ouverture d’une fenêtre et agrandissement par ajout d’une chapelle ) : en reste une moitié.
Retable de l’église de Leychert :
L’origine de ce retable n’a pas été retrouvée et reste énigmatique : pourquoi un si beau retable en ce lieu ? Les visites épiscopales antérieures à 1700 ne mentionnent pas ce retable, ni le projet de son installation, si ce n’est que François Etienne de Caulet, évêque de Pamiers, demande « qu’un tableau soit exécuté ». La tradition orale dit qu’il viendrait de l’abbaye de Boulbonne…
J.J.P. soumet une piste : Le démantèlement de cette abbaye est assez connu : il n’est pas fait allusion à cette éventualité. Cependant, reste qu’un rapport avec Boulbonne existe bien dans l’histoire de ce village. Des liens étroits entre la vicomté de Celles (dont les seigneurs étaient engagistes du domaine royal de Roquefixade dont faisait partie Leychert) et l’abbé de Boulbonne sont attestés par divers actes notariés ou actes de mariages ou de baptêmes. Mais, encore, à la fin du 17ème siècle, le curé de Roquefixade en charge de Leychert est de la famille de Villemur : Jacques de Villemur qui fait son testament le 7 juillet 1676 (réf. ADA E 306, P. 142). Ce dernier est apparenté à l’abbé de Boulbonne et au prieur de Camon. Son successeur sera Charles Clarac qui fait réaliser le retable de Roquefixade.
Autre document: la visite de l’évêque de Pamiers, Mgr de Verthamon en 1700:
Sainte Anne , autre annexe de Roquefixade:
« Nous ordonnons au curé de rendre à l’église de Leychert le soleil qui lui appartient et d’autant que la fabrique a un revenu assez considérable, nous ordonnons qu’on mettra un lambris dans le sanctuaire avec des bancs de deux cotés et qu’on accommodera proprement les deux petites crédences ; nous commettons le Sr curé et lui ordonnons de faire rendre incessamment les comptes des revenus de la fabrique, de les faire payer pour voir ensuite avec le curé et le peuple à quel usage nous les emploierons. Nous ordonnons que le cimetière soit fermé de toutes parts avant 3 mois faute de quoi, nous l’interdirons ; Nous ordonnons qu’……. poursuivra un paysan qui a bâti une grange proche l’église sur un bout du cimetière en sorte qu’on ne peut plus tourner autour de l’église, il faut lui faire abattre ce bâtiment…………..à propos qu’il dédommage l’église par quelque redevance, de manière pourtant qu’il ne puisse entrer dans l’église et qu’on peut faire la procession. Nous ordonnons que le clocher sera incessamment rétabli y ayant des réparations considérables et nécessaires à faire ».
Célébrités
Sarda Pierre dit Tragine: Né à Leychert le 22 novembre 1805; célèbre bandit (« le bandit de l’Ariège ») qui défia autant la police que la justice. Arrêté et jugé, il meurt au bagne de Toulon le 1er novembre 1858
Sicre Michel: Né à Leychert le 29 Septembre 1901; mort à Montgailhard le 5 décembre 1972. Secrétaire de la CGT; résistant; Président du comité départemental de libération de la Marne; maire de Reims du 19 mai 1945 à septembre 1947
Pour en savoir plus…
« Le bandit de l’Ariège : Pierre Sarda dit Tragine », J.J. Pétris, 1998
« Monographie de Leychert », Canal, instituteur à Gabachou, 1891
Reconnaissance de Soula, Leychert et Roquefixade (XVème-XVIème) : ADA, sous série 36 J
Préambule des rôles des communautés de Leychert, Soula et Saint-Cirac : 1 C 278
Ordonnance de visite pour l’église Sainte Anne, 1633 : G 58
Visite de l’église en 1636 : G 58
Visite de l’église, 15 avril 1649 : G 58
Visite de l’église (annexe de Roquefixade) en 1700 (G 59)
Retable : Voir Revue des VMF consacré à l’Ariège, N°145 de décembre 1992
Comptes de la paroisse de Leychert (1586-1603) : G 232 (29)
Plans divers et dossiers aux ADA : 2 O 838 à 840 (école, restauration de l’église de 1902, eau, …)