La grotte fortifiée de BAYCHON (MIGLOS)
BAYCHON (que l’on orthographiait BATCHON dans l’ancien temps) est un petit hameau quelques maisons et granges, aux toits couverts d’ardoise grossière enchâssé dans un surprenant écrin de hautes falaises calcaires, qui sommeille à l’abri des ruines tutélaires du château féodal de M1CLOS.
Avant
MIGLOS n’est plus aujourd’hui qu’une modeste commune, comptant cinq villages et hameaux : ARQUIZAT, NORGEAT, NORRAT, AXIAT et BAYCHON.
Exsangue et fantomatique durant l’hiver, la commune sort de sa léthargie dès la belle saison, avec la venue des « doryphores » (appellation pittoresque s’il en est pour désigner, dans cette contrée, les « gens de la ville », des Toulousains par excellence).
Et le vieux château ? (Le « Castelhas » pour les gens du pays).
Quelques imposants pans de murailles altière ment dressés sur un promontoire calcaire, qui domine la vallée du VICDESSOS et verrouille, au nord, celle de MIGLOS témoignent encore d’un riche passé historique.
Le temps jadis où JeanFrançois de MIGLOS était qualifié de « Seigneur de Baïchon« , dans le contrat établi le 27 mai 1626, à l’occasion de son mariage.
Vestige d’un lointain passé également, la grotte fortifiée ou « spoulga » de BAYCHON.
La « Caougno
paredado » (grotte murée), comme la désignent
les gens de la région, est située à
Cette grotte est très difficile d’accès. Il faut d’abord se frayer un passage à travers de raides éboulis, des arbustes et autres buissons épineux.
On parvient alors au pied d’une
impressionnante falaise ; la cavité s’ouvre
On s’en rapproche en accédant,
non sans difficultés là encore, à une étroite corniche, sise au-dessous de l’entrée,
à la base d’un à-pic de
A moins que l’on ne préfère se
laisser descendre (au moyen d’une corde ou d’une échelle souple) depuis la
crête de la falaise, jusqu’à atteindre la « Spoulga« ,
Lorsqu’on parvient enfin au but
(un porche de forme sensiblement ogivale, d’environ
Côté sud, une porte avait été
aménagée dans cette muraille, qui est également percée en son milieu et
à environ
Par son aspect, cette fortification s’apparente assez bien à celles que l’on peut encore observer dans les « spoulgas » de la région. A l’origine, des créneaux pouvaient même exister à la « Caougno paredado« .
Passé « la porte », le
sol de la grotte la roche à nu s’élève très irrégulièrement de
quelques mètres et l’on accède à une plate-forme exiguë, limitée par la voûte
qui retombe. A peine
A l’évidence, pour que ce refuge puisse servir d’habitat, il avait été nécessaire d’y apporter quelques aménagements.
Ainsi, l’on distingue, creusées
au même niveau sur les parois calcaires, de nombreuses encoches. Cellesci
devaient supporter un plancher qui s’appuyait au mur d’entrée et donnait une
surface utile de
L’abri sous roche se prolonge, en direction nord-ouest, par un étroit boyau qui est totalement obstrué une trentaine de mètres plus loin. Un tel passage permettaitil de communiquer, à l’époque de la fortification de la « Caougno« , avec l’autre côté de la falaise, sur le versant de NIAUX ?
Aucune autre particularité n’est à signaler en ce qui concerne la grotte elle-même.
En
Ce
signe, gravé au burin (profondeur 2 à
Pour l’inventeur, il s’agissait là d’un signe cathare, destiné à guider les initiés, afin qu’ils puissent atteindre aisément la « Spoulga« , refuge sûr où ils seraient à l’abri de l’Inquisition.
Ce point de vue était partagé par A. MAL Conservateur des grottes du Sabarthez et chantre du Catharisme qui précisait : « La croix à double traverse est la croix des 7 églises d’Asie grecque ; elle est devenue la croix des Templiers et a également été adoptée par les Cathares ».
Il faudrait donc faire remonter à l’époque florissante du Catharisme dans notre région (XIIIe siècle) la fortification de la grotte de BAYCHON et non à la période trop récente au vu des vestiges qui subsistent des guerres de Religion (XVIe siècle) comme certains l’ont affirmé.
J. MANDEMENT indique que cette « Caougno » a servi de refuge aux Huguenots, mais que son origine peut se situer au temps de l’épopée, dans notre contrée, des troupes de Charlemagne, venues s’opposer aux vues expansionnistes des Sarrasins.
Nous ajouterons au mystère en faisant référence à l’acte du 27 janvier 1213 (Concile de LAVAUR) par lequel le conte de Foix remet toutes ses terres au roi d’Aragon, comme garantie de sa soumission à l’Eglise de ROME, qui se préparait déjà à anéantir sa rivale Cathare. L’acte en question reprend 17 châteaux forts (dont celui de MIGLOS) et 6 « caougnos« . à savoir : SOULOMBRIE, SUBITAN, ORNOLAC, VERDUN, ARNAVE et ALLIAT. Comme on le remarque, il n’est point question de la grotte de BAYCHON. A moins que cette dernière ne s’identifie à SUBITAN (qui n’a pu être localisée jusqu’ici). Pour ce qui est de la « Caougno » de BOUAN, il n’en est fait état qu’en 1244, lors de l’hommage rendu au Comte de Foix par Garcias Arnaud et Athon Arnaud de Châteauverdun (frères), coseigneurs dudit lieu, pour « lo castel de Castelverdu et la forsa et spelonca de Boan« .
Mais revenons au XXe siècle. Inexorablement, la muraille de la « Caougno paredado » croule peu à peu, et chaque pierre qui s’en détache emporte une parcelle de son mystérieux passé…
Gérard LAFUENTE Septembre 1980