Jacques FOURNIER, l’ « inquisiteur », devenu pape sous le nom de BENOIT XII

 

Benoît XII

 

C’est à Canté, près de Saverdun, que serait né Jacques FOURNIER vers 1280.

                Sa mère est la sœur du pape Jean XXII. Il est mis sous la protection de l’abbaye de Boulbonne toute proche (aujourd’hui entre Mazères et Cintegabelle) où il devient moine. Devenu docteur en théologie à Paris, il succède à on oncle, Arnaud Novel, nommé cardinal en 1311, comme abbé de Fontfroide.

 

Evêque  « Inquisiteur » et pape :

Nommé évêque de Pamiers en 1317 (jusqu’en 1326) par le pape Jean XXII, c’est à ce poste que Jacques Fournier est connu pour avoir fait comparaître 94 coupables devant le tribunal d’Inquisition contre l’hérésie cathare et transcrire minutieusement leurs dépositions pour le bonheur des historiens (traduction par Jean Duvernoy) et qui sont toujours la base des études entreprises sur la philosophie du catharisme.

« Cet homme connaît bien le pays et la langue, contrairement aux inquisiteurs pontificaux qui sont souvent des Français. Il cherche avant tout la conversion des pénitents et n’est pas tenté par la répression : les condamnations au « mur » sont nombreuses, les remises au bras séculier très rares et les peines sont souvent adoucies. Ses registres sont très minutieux et témoignent d’une grande conscience » (Catharisme et néocatharisme en terre d’Ariège » par Edouard de Laportalière

 C’est donc, grâce à Jacques Fournier que la vie, les opinions de cette époque et le fait cathare (qu’il soit   folklorique ou très pointu dans ses études) font de l’Ariège actuelle un symbole incontournable de cet épisode majeur, à l’origine religieux, mais aussi politique entre les pays d’Oil et d’Oc.

 

Nommé évêque de Mirepoix en 1326, il devient cardinal en 1327 et quitte donc son diocèse pour Avignon: on l’appellera le « cardinal blanc », parce qu’il ne voulut jamais quitter la robe blanche du cistercien (de l’abbaye de Boulbonne)

 

Le 20 décembre 1334, Jacques Fournier est élu 192éme pape sous le nom de Benoît XII.  Il aurait alors dit : « Vous venez d’élire un âne ! ».

 





Armoiries du pape Benoît XII

 

 

Connu pour être austère et intègre, il se montra, politiquement, à l’écart des différentes mouvances qui le sollicitaient. Benoît XII meurt en Avignon en avril 1342. L’on peut voir son tombeau (œuvre du XIVéme, qui selon les archives du Vatican, est attribuée à un imagier parisien, Jean Lavenier) dans l’église ND des DOMS à Avignon, jouxtant le « Palais vieux » qu’il fit construire par Pierre Poisson de Mirepoix 

 

 

 

Le bâtisseur d’Avignon :

 

Si Jacques Fournier reste un des symboles de la lutte contre les hérésies cathares, il convient de souligner qu’il est l’un des deux grands bâtisseurs de la cité du Palais des Papes d’Avignon, « la plus belle et la plus forte maison du monde » selon Froissart, classé par l’UNESCO « patrimoine mondial de l’humanité ».

 

A l’origine, existait le palais épiscopal qu’occupait Jean XXII (sur le rocher des Doms). Dés son accession au pontificat, Benoît XII commença les travaux en 1335 de ce qui est appelé de nos jours le « palais vieux », avec donjon (« la Tour des Anges »), appartements privés, remparts, cloître…. et une nouvelle chapelle à deux niveaux superposés. Il confia cette réalisation à un architecte de Mirepoix, Pierre Poisson. De même, il fit venir le peintre Domenge de Boulbonne pour les décorations des appartements pontificaux.  De part son caractère, l’architecture y était sobre mais puissante. Son successeur, Clément VI, poursuivit les travaux, mais dans un style plus flamboyant. Ces bâtisses, bâties en moins de vingt ans, constituent le plus important palais gothique du monde.

 

 

Le « Palais Vieux », construit par Pierre Poisson pour Benoît XII

 

Rappel historique :  L’archevêque de Bordeaux, Bertrand de Got, devenu pape sous le nom de Clément V, à la suite de son élection en 1305, ne peut se rendre à Rome où se déroulent des querelles de possessions ; il s’arrête en Avignon, alors propriété de son vassal, le comte de Provence et à la limite du royaume de France de l’époque et du Comtat Venaissin (propriété pontificale depuis 1229 : cédée au pape par le comte Raymond VI de Toulouse, excommunié pour avoir embrassé l’hérésie cathare). C’est ainsi que Château Neuf prend son nom de Château Neuf du Pape en 1893 : lieu où Jean XXII (pape avant Benoît XII) édifie sa résidence (château) ; Clément VI, qui succède à Benoît XII en 1342, achète la ville d’Avignon aux comtes de Provence en 1348 ; les remparts sont érigés sous Innocent VI, pape en 1352

 

 

Pour en savoir plus …. :

Jean Duvernoy : « Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier », 1978

Cahier de Fanjeaux N° 26 consacré à la papauté d’Avignon et le Languedoc (1316-1342) :

bulletBenoît XII et le pays de Foix. (J. Duvernoy).
bulletJacques Fournier inquisiteur. (J. Paul).
bulletFonctionnaires languedociens de la curie sous Jean XXII et Benoît XII. (A.-N. Hayez).
bulletJuristes languedociens au service de la papauté. (H. Gilles).
bulletLes créations de collégiales en Languedoc par les papes et les cardinaux avignonnais sous les pontificats de Jean XXII et Benoît XII. (J.-L. Lemaitre).
bulletJean XXII et Benoît XII et les universités du Midi. (J. Verger).
bulletLes réceptacles des âmes d’après les statuts de Mirepoix. (M. Fournie).
bulletLe pape Benoît XII (1334-1342) et les Frères Prêcheurs. (F. J.Felten).
bulletLe palais de Benoît XII et son aménagement intérieur. (R. Lentsch).
bulletLes constructions pontificales et l’architecture religieuse du Languedoc rhodanien. (A. Girard).
bulletLes rapports entre l’architecture civile et religieuse d’Avignon et celle du Languedoc occidental. (H. Pradalier)
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Emile Laffont, « Un pape du pays de Foix », 1957

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« Benoît XII, sa vie, son œuvre »: A. Nouziès, dans le journal « L’indépendant » des 21, 28, 29 septembre et 6, 12, 18 octobre 1959

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Note sur la parenté du pape Benoît XII, J.M. Vidal ; BSA 1926, P. 148

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« Benoît XII (1334-1342). Lettres communes analysées d’après les registres dits d’Avignon et du Vatican », J.M. Vidal, BSA 1902

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« Benoît XII (1334-1342) », J.M. Vidal, BSA 1906

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Les ouvrages et études sur le catharisme d’Anne Brenon, M. Roquebert, Annie Cazenave, etc…

         

A voir :

Le Palais des Papes d’Avignon

Fresques dans l’église de Saverdun retraçant la vie de Benoît XII

 

 

(Etude : J.J.Pétris)