Exemple du vécu d’une patrouille FTP entre le 22 Juin et le 25 juin 44 (1er détachement)

                        Nous sommes à une dizaine de jours après les combats de Vira (9 juin) et de son prolongement le 11 juin. Après ce coup dur – alors que de nombreux jeunes venaient à peine de le rejoindre – le maquis se regroupe vers Pradettes (prés de Larroque d’Olmes) avant de rejoindre le Pla du Pastouret (prés du hameau de Seigneurix).

                        Le 2éme détachement avait attaqué la coopérative des usines Ricalens où des vivres et du matériel d’habillement, destiné à l’occupant, ont été récupérés le 20 juin.

                        Le 21 juin, le 3éme détachement attaquait l’école d’enfants de troupe d’Audinac avec un détachement de la MOI. Du matériel et des chaussures sont récupérés ainsi qu’une camionnette Citroën de 1500 Kg (gazogène). Le même jour, un allemand est abattu à Lavelanet, alors que le 2éme détachement attaquait le Secours National; et 2 « traîtres » de Mirepoix sont exécutés…

                        Le 22: Le 1er détachement, avec « André FAURE » (Daniel PUJIELA), commandant adjoint de la Cie, et le commandant du détachement « ARMOR » (gendarme CAURET), part de Pastouret à 12 H faire des patrouilles sur des itinéraires prévus.

                        A 15 H, il prend position au Pas del Teil (route de Foix- l’Herm- Rappy- Lavelanet). Le chemin se fait à pied par le Col de Py. Il y reste jusqu’à 22 H sans rien voir.

                        Le 23: Le détachement part à 4 H rejoindre la 117 entre Saint-Paul et Nalzen, en passant par Charillon. Il y arrive (entre Celles et Labaure) à 9 H. A 10 H, la voiture du service postal est interceptée. Ce genre d’opération a été pratiqué à plusieurs reprises. C’est ainsi, par ex., que du côté de Rieucros, l’on récupéra une lettre du maire de Mirepoix demandant à PETAIN d’agir avec fermeté contre les « terroristes » du secteur. Les patrouilles prirent fin vers 22H.

                        Au passage de Celles, alors qu’ils se rendaient au Roc de Carol (Saint-Paul), le détachement encercle la maison d’un jeune monté au maquis et qui avait déserté, après les combats de Vira, avec les armes (qu’ils récupérent). Arrivée au Roc de Carol à 1 H du matin, où ils passent la nuit.

                        Le 24: Un groupe, sous la direction du commandant adjoint de la Cie (Daniel PUJIELA), se rend à la ferme de Rouy (entre Mercus et Saint-Paul) et exécute le fermier qui avait dénoncé un groupe de réfractaires et d’autres personnes du secteur (exécution à 10 H).

                        A 13 H, ils quittent le Roc de Carol et rejoignent la N2O, par le Titou, à la hauteur du tunnel de Saint-Paul- « La Charmille », vers 14 H 30. L’on surveille la route quand une voiture allemande passe dans le sens Mercus-Foix, puis revient un moment après. Le 1er et le 3éme groupes ouvrent le feu. La voiture s’immobilise: un officier allemand est tué, un autre est blessé. Une femme, montée à bord, est blessée à la cuisse. Le 2éme groupe arrête la circulation. L’on récupère l’arme et le pistolet de l’allemand tué (plus ses bottes!), ainsi que 2 serviettes contenant de nombreux documents (dont certains prévoient un plan de repli): il s’agissait d’une voiture de l’opération Todt. Une grenade est envoyée dans le véhicule.

                        Les maquisards se replient sur les flancs de la colline Saint-Antoine. Une demie heure après, plusieurs camions d’allemands et de miliciens arrivent sur les lieux. Le décrochage se fait jusqu’à la ferme de Charillon, où le détachement a passé la nuit.

                        Le 25, le détachement, parti à 13 H, arrive au camp (le Pasrouret) à 18 H. Un conseil de guerre les attend pour juger le jeune de Celles (de retour à la Cie), car, au motif de désertion, s’étaient ajoutés plusieurs vols armés dans les fermes voisines de Saint-Paul soit disant au nom des FTP (lesquels s’expliquent au moyen de tracts dans les communes concernées afin de se disculper):il sera exécuté à 21 H.

                        Cet exemple montre que les patrouilles se faisaient relativement loin du cantonnement et cela à travers bois et champs. Que des lieux devaient être prévus pour héberger environ 25 personnes (un détachement), qu’une logistique de ravitaillement devait suivre pour nourrir les 3 groupes; qu’un réseau d’informateurs devait exister. Enfin, que 4 actions de guerre sont ici menées: patrouilles en reconnaissance et surveillance, élimination de ce qui pouvait nuire à l’image que voulaient se donner les FTP, représailles définitives pour les dénonciateurs (d’autant plus qu’ici, il s’agit du secteur emblématique de Croquié, où certains ont des attaches); enfin une action militaire contre une voiture allemande.

(Extrait du livre : « Le Maquis de Roquefixade », J.J. Pétris)