TORT Roger         

 

Il naît le 22 septembre 1918 à Montjoie, dans une famille rurale de propriétaires exploitants, très attachée au catholicisme, pour laquelle avoir un fils prêtre était un honneur. Son intelligence conduira ses parents à lui faire poursuivre des études après celles de l’école du village et vu sa piété précoce à choisir comme établissement secondaire le petit séminaire de Pamiers. Il continue ses études au grand séminaire de Pamiers où il entre en 1935, et à la sortie duquel sa vocation devient définitive.

 

La guerre est déclarée alors qu’il accomplit son service militaire. Fait prisonnier, il demeure en captivité jusqu’à la fin du conflit. Cette épreuve l’affermit dans la voie qu’il avait choisie : du stalag, il écrit : “le grand séminaire normalement poursuivi ne m’aurait probablement jamais autant apporté que ces contacts, plus exactement ces amitiés … je t’assure que la captivité nous a porté des expériences de vie uniques. Et je voudrais que le sacerdoce me trouve et me prenne tel que, ici, je rêve de devenir !”. Libéré, il entreprend des études supérieures à l’Institut catholique de Toulouse. Le 29 Juin I947, il reçoit l’ordination sacerdotale à Pamiers.

 

Tout d’abord vicaire à Saint-Girons en I951, il est nommé professeur de théologie et de morale au grand séminaire de Pamiers. Son dynamisme le met en charge de 1955 à 1965 de la direction diocésaine de la pastorale catéchistique et des oeuvres diocésaines ; en outre il joue un rôle important, dans “l’action catholique”, comme aumônier.

 

A l’étonnement de tous, il demande à quitter ces hautes fonctions pour devenir curé d’une paroisse de montagne : Sentein, où il exercera de 1965 à 1967. Il veut ainsi éprouver la condition d’un prêtre de campagne, dans un milieu de vie rude, pour en comprendre les difficultés et aussi la grandeur. Cependant, après ces deux années de ce service, il est appelé à être curé-archiprêtre de Pamiers.

 

Le 2 septembre I970, il est nommé évêque de Montauban, recevant l’ordination épiscopale le 18 octobre et étant intronisé, le 8 novembre I970. Il se révèle tout de suite un évêque efficace, préparant l’évolution du catholicisme par une participation de plus en plus grande des laïques, par le développement de l’œcuménisme, par le rapprochement avec toutes les croyances et les incroyances, soutenant les organismes caritatifs pour faire cesser le scandale de la pauvreté et les mouvements en faveur de la paix dans le monde. Au cours d’un voyage à Paris le 16 janvier 1975, il meurt dans la capitale terrassé par une crise cardiaque. Son départ prématuré met fin à une activité qui n’avait pas encore donné toute sa mesure. Il est inhumé dans la cathédrale de Montauban.

 

Sous les cheveux coupés en brosse, Roger Tort avait une figure avenante, souriante, reflet de la bonté qui l’animait et qui lui donnait un abord facile. Il ressentait la souffrance des autres, manifestant par sa présence ou un écrit, sa sympathie à l’occasion d’un malheur, aussi bien aux plus démunis qu’aux autres, visitant les prisonniers, auxquels il dit, au cours de sa venue dans la maison d’arrêt de Montauban, le 13 décembre I970 : “Je suis aussi pauvre que vous”. Ce qui fit écrire à un des prisonniers : “Non, Monseigneur, vous possédez un grand trésor et c’est l’Amour”. Aussi sa mort fut douloureusement ressentie, des témoignages de sympathie étant exprimés, en dehors de la communauté catholique, par l’Église réformée de France, les chrétiens orthodoxes du Sud-Ouest, la communauté 

 

 

israélite de Montauban, les anciens prisonniers de guerre, le mouvement “Vie libre”, le mouvement de la Paix.

 

Tout au long de sa vie il avait eu le souci du travail bien fait, il se satisfaisait difficilement de ce qu’il écrivait, ainsi qu’en témoignent les multiples corrections des brouillons de ses homélies, exposés, etc. … Son attirance pour l’Art sous toutes ses formes fit qu’il s’intéressa spécialement à la recherche des fresques ayant pu exister dans les églises. Il contribua au dégagement de celles de l’ancienne cathédrale de Saint-Lizier et fut l’inventeur de celles absolument remarquables de l’église de Sentein.

 

                                             

                                                     Simone  HENRY

 

Sources :

….. , “Roger Tort – Évêque de Montauban”, … , … , Imp. Forestié, Montauban, 9I pages.

Souvenirs personnels