Département de l’Ariège, Arrondissement de Pamiers, Canton de Saverdun


Altitude : 216 / 352 m

Longitude : 1° 31’ 54’’ E

Latitude : 43° 15’ 17’’ N

  

(Carte: Conseil Général de l’Ariège)

– Démographie

– Approches historiques

Patrimoine

Célébrités

Pour en savoir plus…


Surface :
980 ha

Démographie :

1765 : 226 habitants

1806 : 320

1851 : 423

1856 : 398

1901 : 331

1921 : 257

1946 : 220

1968 : 150

1982 : 142

1999 : 179

Nom des habitants : Cantéens et Cantéennes



Approches historiques :

Dans l’Histoire Générale du Languedoc (sorte de répertoire de textes relevés par les moines qui l’ont écrit), nous trouvons mention de Petrus de Canté et Araldus de Canté, frères, dans un acte de « consécration de l’église de Rutilans, dans le pays de Foix », en 1118, par Raymon Barbastre

Le premier texte mentionnant Canté se trouve dans le dénombrement du Comté de Foix de 1263 qui y signale les castrum de Canté et de Roudeille : c’est donc la preuve autant de l’ancienneté que de la position stratégique de la localité.

A la même période, le fameux Loup de Foix en est le seigneur et sera à l’origine de la ligne des Foix-Rabat qui possédera seule Canté jusqu’au 17ème siècle

Relevant de la châtellenie de Saverdun, la paroisse de Canté (« Cantesium ») dépendait à l’origine du temporel de Foix et sera mis sous le patronage de l’évêque de Rieux par lettres apostoliques délimitant le diocèse de Rieux du 22 février 1318

C’est à cette période que naît à Canté Jacques Fournier, inquisiteur, qui deviendra pape le 20 décembre 1334 sous le nom de Benoît XII.

Comme bien des localités voisines, Canté vivra des épisodes douloureux : L’on sait qu’en 1415, les routiers armés par Bernard VII, comte d’Armagnac, s’emparent de Canté  Au cours des guerres de religion, en 1568, les protestants dévastent le village au cours de leur périple. L’église est endommagée ; mais en 1750, l’évêque dit que l’église est en bon état. Une autre église dite ND de Castet est détruite.

Du 17ème siècle à la Révolution, la propriété de Canté passera dans plusieurs mains (en propriété ou en copropriété). Nous y trouvons Claude de Méric (qui était aussi seigneur de Saint-Martin, de Boulou et de Labat sur l’actuelle commune de Saint-Paul de Jarrat) ; à partir de 1762 au baron Pierre Raymond de Cazals-Durfort (puis dans la famille de Mauvezin).

Mais, la copropriété appartenant encore à la famille Foix-Rabat sera vendue en 1744 par Mme Angélique Césarine de Foix, comtesse de Rabat et Mme la marquise de Rochechouart, à l’Hôpital St Joseph de la Grave de Toulouse, sous réserve de pouvoir disposer librement du droit d’entrée et assistance aux états de Foix (ADA B 12). C’est pourquoi, à la veille de la Révolution, la justice seigneuriale dépendait de l’hôpital général St Joseph de la Grave de Toulouse. Le conseil politique est composé de 10 membres, un secrétaire et un baile, nommés par la communauté.

Au début du XXème siècle, un instituteur y est présent pour Canté et ses hameaux : Piot, Sinafé

Durand la seconde guerre mondiale, le secteur de Canté a été le refuge de maquisards

NB : La commune de Canté qui faisait partie de l’arrondissement de Pamiers en 1801, passe à celui de Foix en 1926, puis revient à celui de Pamiers en 1942

Anecdote:

Le seigneur de Canté, quatrième fils de Georges de Foix, baron de Rabat, fut tué lors d’une duel, en 1615, par le comte de Launay.


Patrimoine 
:

Église Saint Eutrope : Partie du XVIème siècle et parties du début du XIXème ; Clocher octogonal, en partie ruiné ; crypte dédiée à Saint Eutrope qui servit de chapelle funéraire à la famille des comtes de Foix-Rabat. Deux chapiteaux du support de l’autel proviendraient de l’église des Jacobins de Toulouse. A voir, aussi, le bénitier avec une partie de statue gallo-romaine en marbre blanc (la partie supérieure était brisée : l’on y a creusé un bénitier ; les pieds sont chaussés de la sandale romaine et les vêtements sont drapés)

 

Église Saint Eutrope:

« Bâtie en briques sur le flanc du petit mamelon où se dressait le fort de Canté, elle est à une seule nef avec deux chapelles laté­rales. Son portail en briques est en arc brisé. 

Le clocher octogonal de type toulousain s’est effondré pour moitié sous l’effet d’un glissement de terrain. Sous le sanctuaire, la crypte voûtée fut la chapelle funéraire de la famille de Foix-Rabat. 

Un bénitier creusé dans la partie inférieure d’une statue antique en marbre blanc accueille les fidèles ; il s’agit d’un homme vêtu de la toge, chapé avec élégance et chaussé de sandales ».                                                

(Cl. Aliquot, Conservateur des Antiquités et Objets d’Art de l’Ariège, docteur en histoire)

NB : Une église dédiée à Saint Pierre est mentionnée dans un terrier ; ainsi que l’église ND de Castet (qui a fait l’objet d’une visite épiscopale en 1630)

Château de Roudeille

Description du château de Canté en 1631 :

 PV de l’estimation des biens laissés par Georges de Foix-Rabat (ADA, E 681)

« Ce château est entourné et environné de fossés. A l’entrée, un pont levis. Le bas se compose d’une cuisine avec une cheminée mantel de bois, longue de 4 ½ cannes cannes et large de 3. Auprès et du côté du Nord, un chai séparé par un petit mur ; puis une chambre servant de someliere, longue de 20 pans et large de 2 cannes, le tout séparé de courondage et torchis ; Au-dessus du chai, trois chambres servant de grenier.

On monte au second estage par un degré à vis qui est dans une tour ronde, bâtie partie en tuiles, partie en cailloux avec mortier, chaux et sable. On trouve une grande salle, avec une cheminée mantel de bois, les piliers de brique de demy tuiles en consoles, longue de 6 cannes et large de 3, carrelée de tuiles planes dont le plus grand nombre est brisé, éclairée par 4 croisées de chene avec placardz et 8 vitres, le tout en mauvais état. Auprès, il y a un corridor long de 8 1/2 cannes et large de 6 pans. Au bout de celui-ci, une petite galerie servant de gabion, au dessus de laquelle est un pigeonnier basti de courondage et masacanal, et le couvert de tuile canal au-dessus avec sa petite lanterne. A l’entrée et au Midi, trois chambres : dans celle du milieu, une cheminée mantel de bois. De l’autre côté du courroir, trois autres chambres : dans deux, une cheminée semblable.

La tour conduit au galetas, au bout duquel est une lampe de brique quy monte par-dessus la tour, au bout de laquelle est une chambre avec cheminée mantel de bois et au costé d’icelle y a une petite chambre, le tout servant de défense. Les planches et courondage du château sont de chêne, le couvert, de tuiles canal ; le tout basti de tapis jusques au premier plancher et par-dessus jusques au toit, partie de masacanal et partie de courondage et torchis, le tout ruiné et en mauvais état, garny de portes.

A 10 pas du château, un tinal (endroit pour faire le vin et le conserver) ruiné et prest à choir, avec une cave sive tine contenant 6 pipes et garnie de 2 cercles, 2 tonneaux contenant en tout 2 pipes ou environ,  et un cuval pour la vendange. Plus loin, une étable et deux fours, une grange et un couvert sive cappellade (hangar bas dont le toit est supporté par des piliers et qui est couvert de plusieurs côtés), le tout ruiné et presque à découvert, une loge servant de volière et auprès les vieilles masures de brique d’une chapelle à découvert, puis le jardin entouré de haies, et la maison où habite le maître valet. Dans le haut du village, près de l’église, un pigeonnier qui dépend aussi du château.

Le tout, d’après les experts, vaut 1500 livres. Les Foix-Rabat possèdent d’ailleurs autre chose à Canté ».


Célébrités :

Jacques FOURNIER : « L’inquisiteur », né à Canté, devenu pape sous le nom de Benoît XII.

C’est à Canté, près de Saverdun, que serait né Jacques FOURNIER vers 1280.

                Sa mère est la sœur du pape Jean XXII. Il est mis sous la protection de l’abbaye de Boulbonne toute proche (aujourd’hui entre Mazères et Cintegabelle) où il devient moine. Devenu docteur en théologie à Paris, il succède à on oncle, Arnaud Novel, nommé cardinal en 1311, comme abbé de Fontfroide.

Evêque  « Inquisiteur » et pape :

Nommé évêque de Pamiers en 1317 (jusqu’en 1326) par le pape Jean XXII, c’est à ce poste que Jacques Fournier est connu pour avoir fait comparaître 94 coupables devant le tribunal d’Inquisition contre l’hérésie cathare et transcrire minutieusement leurs dépositions pour le bonheur des historiens (traduction par Jean Duvernoy) et qui sont toujours la base des études entreprises sur la philosophie du catharisme.

« Cet homme connaît bien le pays et la langue, contrairement aux inquisiteurs pontificaux qui sont souvent des Français. Il cherche avant tout la conversion des pénitents et n’est pas tenté par la répression : les condamnations au « mur » sont nombreuses, les remises au bras séculier très rares et les peines sont souvent adoucies. Ses registres sont très minutieux et témoignent d’une grande conscience » (Catharisme et néocatharisme en terre d’Ariège » par Edouard de Laportalière

 C’est donc, grâce à Jacques Fournier que la vie, les opinions de cette époque et le fait cathare (qu’il soit   folklorique ou très pointu dans ses études) font de l’Ariège actuelle un symbole incontournable de cet épisode majeur, à l’origine religieux, mais aussi politique entre les pays d’Oil et d’Oc.

Nommé évêque de Mirepoix en 1326, il devient cardinal en 1327 et quitte donc son diocèse pour Avignon: on l’appellera le « cardinal blanc », parce qu’il ne voulut jamais quitter la robe blanche du cistercien (de l’abbaye de Boulbonne)

Le 20 décembre 1334, Jacques Fournier est élu 192éme pape sous le nom de Benoît XII.  Il aurait alors dit : « Vous venez d’élire un âne ! ».


Jacques Thomas SARRUT
 :

Né le 16 à Saverdun, baptisé le 18, d’une famille de meunier qui habitait à Canté ; engagé à 17 ans comme soldat au Régiment de Picardie ; en 1803, il est général de brigade au camp de Brest où il construit des forts dont un portera son nom. ; participe à Iéna en 1806, puis affecté à l’Armée d’Espagne. Un des faits de ce militaire, déjà Commandeur de la Légion d’Honneur, restera qu’avec 960 hommes et 150 cavaliers contre 5000, il fait 2000 prisonniers à San Vincente de la Barquera. Le 13 juin 1813, il est blessé et fait prisonnier au pont d’Arriage à Vittoria dans la bataille contre Wellington: il meurt à l’hôpital anglais des suites de ses blessures, le 26 juin 1813 à 48 ans. Auparavant, l’empereur lui avait conféré le titre de Baron de l’Empire le 14 avril 1810. Son nom est inscrit sur l’Arc de Triomphe


Pour en savoir plus…

Dans les BSA:

Note sur la parenté du pape Benoît XII, J.M. Vidal ; BSA 1926, P. 148

« Benoît XII (1334-1342). Lettres communes analysées d’après les registres dits d’Avignon et du Vatican », J.M. Vidal, BSA 1902

« Constitution du fief de Brie par le comte de Foix, Roger Bernard III, en faveur de Raymond de Canté et de Jordain de Pereilhe (1298) », Barrière-Flavy, BSA 1904

« Benoît XII (1334-1342) », J.M. Vidal, BSA 1906

« De la farine à l’hermine par le sabre et la plume », Ch. Remaury, BSA 1988

C. Barrière-flavy : « Histoire de la ville et de la châtellenie de Saverdun », 1890

Émile Laffont, « Un pape du pays de Foix », 1957

« Benoît XII, sa vie, son œuvre »: A. Nouziès, dans le journal « L’indépendant » des 21, 28, 29 septembre et 6, 12, 18 octobre 1959

« La bataille de Vittoria », Jean Sarramon, Paris, 1985

Barrière-Flavy : « Note sur des poteries trouvées à Canté et à Brassacou », Bul. Soc. Arch. Midi de France, 1892

Victor Allégre : « Les vieilles églises du diocèse de Rieux-Volvestre »,  Mém. Soc.Arc. du Midi de la France, 1971, 1972, 1976 

Jean Duvernoy : « Le registre d’Inquisition de Jacques Fournier », 1978

Archives:

Réparation au presbytère et à l’église : ADA, 151 EDT, M1

« Translation des reliques de saint-Eutrope », BHDP 1912 (aux ADA : Per 10)

Exercice de la religion réformée, 1600 ; reconstruction de l’église, 1633 : ADA, G 275

Registre paroissiaux provenant du fonds de l’évêché de Rieux : ADHG, sous série 4 E pour 1693

Plans divers et dossiers: ADA 2 O 415 et 416 (école, église, eau…)

Terrier de 1656

Registre paroissial le plus ancien : 1693



(Étude : J.J. Pétris et Cl. Aliquot)