Histoire du clairon Alfred Parens
du 59° Régiment d’Infanterie
C’était pendant la Grande Guerre, en avril 1918, dans les Flandres.
A cette date, les Allemands envisagent de percer le front anglais et, dans ce
but, lancent une forte offensive vers la mer en direction de CALAIS. Depuis le
10 avril, de violents combats ont lieu entre YPRES et ARMENTIERES, vers la ligne
des monts des Flandres que les troupes françaises ont pu renforcer.
L’offensive allemande à peine à avancer, mais, le 26 avril, elle réussit à
s’emparer du mont KEMMEL, en Belgique. C’est le jour où le 59° régiment
d’infanterie, régiment de l’Ariège, prend position devant le Mont NOIR, sur la
frontière, au nord de BAILLEUL. Mal abrité dans des abris de fortune, il subit
depuis son arrivée de nombreux bombardements d’obus de gros calibre.
Le 29 avril, les Allemands attaquent en force avec des troupes fraîches en
direction de LOCRE. Leur mouvement est précédé d’un violent bombardement de
canons de 150, de 210 et d’obus toxiques. Puis, c’est l’attaque en masse, en
rangs serrés, « à l’ancienne », pour rompre la résistance des défenseurs.
La 6° compagnie du 59 R.I. résiste sous le bombardement. Son chef, le lieutenant
SACLEY, voulant rompre l’élan des assaillants, lance plusieurs fusées pour
déclencher le tir de barrage de l’artillerie française. Mais, dans la fumée des
explosions et des gaz, leur signal n’est pas aperçu.
Près de lui, le clairon Alfred PARENS s’est rendu compte du danger. Il décide
alors seul d’alerter les observateurs d’artillerie, monte sur le parapet de la
tranchée et, tourné vers l’arrière, il sonne le « Commencez le feu »
réglementaire qui déclanche le feu de l’artillerie par temps de brouillard… Il
renouvelle plusieurs fois la sonnerie jusqu’à ce qu’il soit abattu par le tir
ennemi. Mais son appel a été entendu : le tir de barrage commence, arrêtant
l’attaque.
Le combat durera jusqu’à 23 heures et l’assaillant ne débouchera pas.
Touché par le geste héroïque du clairon PARENS, le colonel NERLINGER, commandant
le 59° R.I., le cite dans son ordre du régiment N° 296 du 13 mai 1918 :
« Le
clairon Parens, de la 5° escouade de la 6° compagnie, voyant que les fusées
demandant le barrage au moment de la grosse attaque allemande du 29 avril 1918
n’étaient pas aperçues de l’arrière à cause de la brume, sort de la tranchée et,
debout sous une grêle de balles, sonne à pleins poumons « Commencez le feu »
jusqu’à ce qu’un projectile le couche à terre, son clairon dans sa main crispée.
En
conséquence, je décide :
1) La 5°
escouade portera le nom du clairon PARENS.
2) Le nom du
clairon PARENS figurera toujours en tête de la liste d’appel de son escouade. A
l’appel principal de la journée le plus ancien soldat de l’escouade répondra au
nom du clairon PARENS « Mort au champ d’honneur le 29 avril 1918 ».
3) Un des
bâtiments de la caserne de FOIX portera le nom du clairon PARENS avec une plaque
rappelant son acte héroïque et sa citation à l’armée qui a été demandée pour
lui ».
Le sacrifice du clairon Alfred PARENS eut un grand retentissement en Ariège au
retour du 59° R.I. à FOIX et à PAMIERS.
En 1922, un tableau du peintre RAYNOLT représentant la mort de PARENS fut exposé
au Salon des Artistes Français, puis fixé dans la cathédrale de PAMIERS où il
est toujours.
La même année, Henri SOULA, élève de Gabriel FAURE, composa un hymne au clairon
PARENS sur des paroles de monsieur GRATELOT-LEMERCIER.
Le 59° R.I. avait été dissous le 16 janvier 1920, emportant avec lui les deux
premières décisions du colonel NERLINGER. La troisième n’avait pu être
accomplie.
Ce n’est que le 11 novembre 1998, à l’occasion du 80° anniversaire de
l’Armistice que, à l’initiative des associations des Croix de Guerre et de la
Légion d’Honneur de l’Ariège, la plaque commémorative fut officiellement apposée
sur la caserne de Foix, perpétuant ainsi la mémoire du clairon PARENS.
Son identité fut retrouvée en 2004 par Mr Ghislain KOPANOWSKI, chercheur en
histoire à l’Association d’histoire et d’archéologie de BAILLEUL (Nord).
Alfred PARENS était né le 21 juin 1888 à LANNES dans le Gers. L’avis de décès
fut adressé à la mairie de Magnan (Gers).
Médecin Général Gilbert NOUGUE
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